
Marcel Babin et son équipe adapteront à l'observation en milieu arctique plusieurs technologies de pointe utilisées dans les autres océans.
— David Luquet
Au cours des six prochains mois, l'équipe de la Chaire prendra forme et installera son laboratoire au pavillon Alexandre-Vachon. Le professeur Babin prévoit l'embauche d'une cinquantaine d'étudiants aux cycles supérieurs, de stagiaires postdoctoraux et de professionnels de recherche. Il entend aussi organiser un premier colloque d'ici la fin de 2010 afin d'amorcer les projets de recherche et de rassembler les nombreux collaborateurs d'Amérique et d'Europe. Par la suite, il mettra en place une unité mixte internationale avec le concours du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de France. Au moins cinq chercheurs du CNRS se joindront aux experts de la recherche nordique à Laval pour constituer une des plus importantes équipes du genre au monde. Le directeur adjoint de l'Institut national des sciences de l'Univers, constituant du CNRS, Bruno Goffé, a tenu à souligner la valeur ajoutée du partenariat et de la mise en commun de l'expertise scientifique: «Il faut multiplier les initiatives comme celles de l'Université Laval afin de créer les réseaux et les alliances desquels l'innovation émerge. Même si la France n'a pas de frontière avec l'Arctique, les chercheurs du CNRS savent que c'est l'endroit tout désigné pour mieux comprendre et prédire les impacts du réchauffement climatique».
De nouveaux équipements
L'an prochain, les chercheurs prendront possession d'un sous-marin téléguidé, en partenariat avec l'équipementier scandinave Kongsberg. Cet équipement de pointe pourra naviguer de façon autonome afin de mesurer de nombreuses caractéristiques de l'environnement marin dans lequel se développent certains types d'algues microscopiques, comme le phytoplancton. À la base de la chaîne alimentaire dans l'océan, ces organismes sont les premiers touchés par les perturbations dans l'écosystème. Les informations ainsi recueillies seront comparées à des données fournies par l'observation de la couleur de l'océan à partir des images transmises par satellites. Ceux-ci permettent d'observer de grandes surfaces et d'évaluer la quantité d'algues à partir de la couleur de l'eau. «Le principal défi de cette démarche consiste à traiter l'immense quantité de données fournies par les satellites et à leur donner un sens, souligne Marcel Babin. C'est en combinant les résultats des différentes méthodes d'analyse de l'information que nous espérons faire avancer la connaissance sur les écosystèmes arctiques.»
Les océanographes adapteront des flotteurs-profileurs, conçus pour les océans tempérés, aux conditions particulières de la recherche en Arctique. Complémentaires aux mouillages utilisés depuis quelques années par les chercheurs du réseau ArcticNet à bord du brise-glace de recherche NGCC Amundsen, ces appareils flottent sous la banquise et la surface de l'eau, guidés par les courants et les marées. Ils seront mis à profit lors des grandes expéditions de recherche prévues pour 2012 et 2013, dont une expédition multinationale avec deux ou trois navires qui permettront de maximiser les opérations en mer et la collaboration internationale entre les chercheurs de l'Arctique.
La Chaire d'excellence en recherche sur la télédétection de la nouvelle frontière arctique du Canada bénéficie d'un budget total de 33,3 M$ pour les sept prochaines années. De cette somme, 10 M$ proviennent du Programme des chaires d’excellence en recherche du Canada, l’Université Laval contribue pour 1,4 M$ en soutien direct au chercheur et à son équipe, aux étudiants et en contribution pour du personnel et de l'équipement. Divers partenaires fédéraux, provinciaux et privés donneront 5,2 M$ alors que 16,7 M$ représentent la valeur des biens et services consentis par ces mêmes partenaires.