L'équipe pilotée par la professeure Caroline Diorio arrive à ces conclusions après avoir étudié une composante intrigante de la cellule: les télomères. «Il s'agit de séquences répétitives de nucléotides qu'on retrouve aux extrémités de chaque chromosome, explique la chercheuse rattachée au CHU de Québec – Université Laval. Leur rôle n'est pas lié à la synthèse des protéines, mais plutôt à la protection de l'intégrité du génome.» En effet, les télomères mettraient les gènes adjacents à l'abri des dommages qui pourraient conduire à une perte d'information génétique ou encore entraîner des réparations menant à des recombinaisons désastreuses entre chromosomes.
Dans la plupart des cellules, les télomères raccourcissent à chaque division cellulaire ou en réponse à certains stress cellulaires, ce qui conduit éventuellement à leur mort. Par contre, dans certaines cellules comme les globules blancs, il existe une enzyme, la télomérase qui, lorsqu'elle est exprimée, maintient la longueur des télomères, ce qui leur permet d'assurer leur rôle de défense dans l'organisme, notamment contre les cellules cancéreuses. «La longueur des télomères est en quelque sorte un indicateur de l'état de santé de la cellule, explique Caroline Diorio. Un globule blanc qui a des télomères courts est en voie de sénescence, ce qui l'empêche probablement d'assurer pleinement son rôle protecteur.»
Les chercheurs ont utilisé des échantillons sanguins provenant de 162 femmes qui ont eu un cancer du sein pour évaluer l'effet de différentes habitudes de vie sur la longueur des télomères de leurs globules blancs. Les analyses indiquent que la longueur des télomères des participantes était liée au temps consacré aux activités physiques de toute nature. Cette relation était surtout présente lorsque la variable considérée était le temps consacré à l'activité physique au travail ou le temps alloué aux déplacements actifs. Par contre, pris isolément, le temps consacré à l'activité physique récréative n'était pas corrélé à la longueur des télomères.
La recommandation actuelle faite aux femmes qui ont eu un cancer du sein est de pratiquer une activité physique d'intensité modérée à vigoureuse pendant au moins 150 minutes par semaine. «Nos résultats suggèrent que la pratique quotidienne d'activité physique de faible intensité, comme marcher pour se rendre au travail, produirait un effet protecteur plus intéressant sur les globules blancs que, par exemple, trois séances hebdomadaires d'entraînement intensif», avance la professeure Diorio.
Selon l'Organisation mondiale de la santé, le cancer du sein est en hausse partout dans le monde. «Il est important de trouver des marqueurs pronostiques qui nous permettent de mieux comprendre ce qui influence le risque de récidive du cancer, explique Caroline Diorio. La longueur des télomères est une méthode objective qui pourrait être utilisée avec les marqueurs habituels pour évaluer les répercussions de certaines habitudes de vie sur le risque de récidive du cancer du sein.»
L'étude de Plos One est signée par Kaoutar Ennour-Idrissi, Bernard Têtu, Elizabeth Maunsell, Brigitte Poirier, Alicia Montoni, Patrick J. Rochette et Caroline Diorio.
Les télomères sont des séquences répétitives de nucléotides qu'on retrouve aux extrémités de chaque chromosome et dont le rôle est de protéger l'intégrité du génome. Leur longueur serait un indicateur de l'état de santé de la cellule.
Photo: National Institutes of Health