Les deux chercheurs ont mis à l’épreuve une nouvelle version d’un outil — le Modèle d’introduction du bilan du carbone —, développé par leurs collègues Olof Andrén et Thomas Kätterer de l’Université suédoise des sciences agricoles. Ce modèle permet d’estimer, à partir des données météorologiques, des propriétés du sol et des caractéristiques des cultures, l’une des composantes du bilan de carbone étroitement liée à la capacité de séquestration du carbone dans les sols: l’activité biologique du sol. En effet, la quantité de carbone organique dans le sol dépend, en grande partie, de la différence entre la quantité de CO2 captée de l’air lors de la photosynthèse qui reste dans le sol après les récoltes et la quantité de CO2 retournée dans l’atmosphère par l’activité des microorganismes du sol.
Les chercheurs ont donc utilisé le modèle suédois pour prédire l’évolution des stocks de carbone organique dans les sols de 20 écorégions agricoles du Canada. Ils ont ensuite comparé ces prédictions aux données réelles provenant de sites expérimentaux où les sols font l’objet d’un suivi à long terme à travers le pays. Les prédictions du nouveau modèle collent davantage à la réalité du terrain que celles produites à l’aide du précédent modèle. «Les prévisions sont meilleures pour 24 des 33 sites, résume Martin Bolinder. Nous résultats décrivent donc de façon plus fiable ce qui se passe à l’échelle des écorégions. Il reste encore du travail à faire avant qu’on puisse utiliser ce modèle pour faire le bilan des stocks de carbone des sols d’une exploitation agricole, mais la chose n’est pas impensable.»
Même s’il n’est pas encore question de soumettre les fermes à un système de crédits d’émission de carbone, pareil modèle pourrait s’avérer très utile aux producteurs agricoles si la situation venait à changer ou s’ils souhaitaient simplement suivre l’évolution de la qualité de leurs sols. «Les sols agricoles offrent un potentiel de séquestration du carbone qui n’est pas encore exploité», conclut Martin Bolinder.