Samedi dernier, les rythmes accrocheurs de la pièce Dance Monkey résonnaient dans les couloirs du pavillon Louis-Jacques-Casault. Armés d’une guitare, d’une basse, d’un clavier, d’une batterie ou d’un micro, des musiciens tentaient de reproduire le plus fidèlement possible cette chanson de Tones and I. En tout, 47 personnes – 33 enseignants au primaire et 14 étudiants au baccalauréat en enseignement de la musique – ont participé à un atelier de formation intitulé «Le Rock Band aux 2e et 3e cycles du primaire».
Cette activité était organisée par la Faculté de musique, avec la collaboration de la Commission scolaire de la Capitale. «De plus en plus, la Faculté de musique offre des formations continues pour s’assurer du développement professionnel des enseignants en musique. L’idée d’un atelier sur le Rock Band est arrivée dans ce contexte. On s’est rendu compte qu’il y avait un besoin pour les enseignants de faire de la musique autrement et surtout de faire en sorte que la musique soit adaptée à la réalité des jeunes dans les écoles», explique Jonathan Bolduc, le professeur qui a piloté ce projet.
Signe de l’intérêt grandissant pour la musique populaire, l’atelier de formation a réuni des enseignants des quatre coins du Québec et de l’Ontario. Sous l’encadrement de trois spécialistes, Sylvain Desfossés, Jean-François Dolan et François Turcotte, ils ont été formés aux rouages de la création d'un groupe rock. Il a aussi été question des connaissances nécessaires pour l’enseignement de la musique populaire au primaire.
Pour Jonathan Bolduc, la musique populaire est un précieux allié pour susciter la motivation en classe. «Les enfants n’écoutent pas forcément de la flûte à bec à la radio. Ce qu’ils écoutent, c’est de la musique qui les rejoint. Alors que l’on veut contribuer à la persévérance scolaire en suscitant des intérêts, la création d'un groupe rock permet d’accrocher des jeunes pour qui la musique n’est pas nécessairement significative.»
Le choix des chansons à interpréter offre lui aussi une portée pédagogique, selon le chercheur. «D’une pièce à l’autre, les paroles véhiculent différents messages autour desquels le professeur peut amener une réflexion chez l’enfant. Par exemple, peut-on choisir une chanson qui parle de sexisme? La musique populaire permet d’aborder avec les élèves plusieurs problématiques sur la représentation sociale.»
Pour Karine Levasseur, étudiante au baccalauréat en enseignement de la musique, l’idéal est d’attendre au deuxième et au troisième cycles du primaire pour intégrer la création d'un groupe rock dans le parcours d’apprentissage d’un enfant. «L'élève de ce niveau a une maturité différente, a expérimenté davantage le travail d'équipe et de coopération et possède des connaissances musicales de base. Cela facilite le travail de groupe. De plus, son sens critique, ses goûts musicaux et son besoin d'appartenance sont plus présents. Il trouve donc une motivation supplémentaire en travaillant avec ses pairs dans un projet à moyen et même à long terme durant l'année scolaire.»
Karine Levasseur est enseignante suppléante à la Commission scolaire des Navigateurs. Si elle s’est inscrite à l’atelier, c’est pour avoir tous les outils en main pour former un groupe hommage avec ses élèves. «En ce qui me concerne, ce sont principalement les notions à la batterie qui posent un défi, puisque c'est un instrument que je ne maîtrise pas. Tout ce qui a trait à la pédagogie, la gestion de classe et les étapes d'apprentissage en groupe, je me sens maintenant à l'aise», dit-elle.