23 septembre 2025
Concours de l'American Institute of Architects: les honneurs pour un projet étudiant de l'Université Laval
Pour la neuvième fois, un projet de l'Université figure parmi les meilleures propositions à ce concours international qui, cette année, a attiré quelque 1300 participantes et participants

Cette image représente l'église du Très-Saint-Sacrement telle qu'imaginée par le projet Deus ex machina – la main divine. Les étudiants ont bonifié le bâtiment d'une double enveloppe. Cet échafaudage crée un effet de serre qui permet le préchauffage de l'air neuf. Ils ont aussi créé une structure arrondie côté ouest abritant un atelier de fabrication numérique et manuelle.
Le cours Ambiances physiques et design architectural, une formation offerte à l'École d'architecture de l'Université Laval par les professeurs Claude Demers et André Potvin, ne cesse de récolter les honneurs. Encore une fois cette année, pour la neuvième fois, un projet étudiant réalisé durant ce cours figure parmi les 10 meilleures propositions soumises au concours international annuel étudiant de l'American Institute of Architects, Committee on the Environment.
Quelque 1300 étudiantes et étudiants en architecture, en provenance de plus de 80 écoles d'architecture principalement américaines, ont concouru cette année. Quatre écoles représentaient le Canada. Les projets gagnants ont été annoncés par voie de communiqué par l'Association of Collegiate Schools of Architecture, le mardi 23 septembre.
Le projet de l'Université Laval s'intitule Deus ex machina – la main divine. Il est le fruit des efforts et de l'imagination de trois étudiants inscrits à la maîtrise en architecture, Arnaud Belzile, Zachary Lambert et Thomas Nadeau-Gauthier. Au cœur de leur projet: l'église du Très-Saint-Sacrement de Québec. Ce lieu de culte de tradition catholique a été érigé entre 1920 et 1924 dans le quartier du même nom. À compter de 2017, des faiblesses sont apparues dans sa structure, plus précisément sur un des murs et un des clochers. D'autres faiblesses ont suivi, forçant la fermeture du bâtiment. L'église est actuellement en processus de revitalisation.
«La réalisation des plans et devis est en cours, indique le professeur Potvin. Suivra l'étape de l'appareillage des pierres qui sont tombées, puis leur consolidation. Ensuite, l'église sera accessible.»
Une occasion à saisir pour les étudiantes et étudiants
André Potvin réside dans ce quartier et est membre de l'Espace communautaire Saint-Sacrement. «Comme il faut maintenant trouver une fonction au bâtiment, explique-t-il, ma collègue et moi nous nous sommes dit: pourquoi ne pas offrir ce projet aux étudiants cette année? Pourquoi construire à neuf si on a toutes ces structures autour de nous qui ne demandent qu'à être réutilisées? On a offert ce bâtiment aux étudiants en leur disant qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient avec. On a eu toutes sortes de projets, notamment Deus ex machina, qui veut faire le pont entre le patrimoine religieux et la réalité actuelle de l'intelligence artificielle (IA).»

La vision des étudiants du centre de recherche en IA robotique logé dans la nef de l'église.
L'IA est effectivement bien présente dans ce projet. Un échafaudage technologique amovible, piloté par l'IA, enveloppe la structure de l'église. La crypte du bâtiment héberge des serveurs informatiques tandis que la nef accueille une série de modules de recherche voués à l'intelligence artificielle, pour la recherche comme pour l'enseignement. Ces modules bénéficient de la chaleur générée par les serveurs de la crypte. Dans le chœur, un cimetière numérique, grâce à l'IA et aux données d'archives, permet aux visiteurs d'interagir avec la mémoire de personnes décédées.
Le projet de revitalisation de l'église du Très-Saint-Sacrement propose un dialogue entre mémoire et innovation. Dans ce cadre, le site patrimonial se transforme en un pôle technologique et communautaire.
À l'extérieur, le projet comprend, pour les citoyennes et citoyens plus âgés du quartier, un laboratoire de fabrication numérique et manuelle. S'ajoutent des logements «intelligents» et des espaces communautaires partagés. Une cour intérieure, un bassin de rétention et une passerelle surélevée sont les autres ajouts à l'architecture d'origine.

Le projet prévoit un lieu intermédiaire entre les deux couches superposées de la double enveloppe. Cet espace est végétalisé pour un contrôle microclimatique passif du laboratoire de fabrication numérique, en continuité avec l'espace jardin public.
Une méthode de design reconnue
Les succès à répétition obtenus par différentes cohortes d'étudiantes et étudiants inscrits au cours Ambiances physiques et design architectural sont dus en grande partie à la méthode de design élaborée par les professeurs Demers et Potvin.
Selon ce dernier, ladite méthode intègre aussi bien les aspects sensibles de l'expérience spatiale que les aspects techniques. «Des outils analogiques et numériques, dit-il, permettent d'analyser l'environnement des bâtiments et le bien-être des usagers relativement à la lumière, à la thermique et à l'acoustique. La méthode permet de calculer, de vérifier les aspects physiques de l'espace.»
Cette approche a d'ailleurs été reconnue par les pairs puisqu'elle figure au livre Teaching Carbon Neutral Design in North America – Twenty Award-Winning Architectural Design Studio Methodologies, un ouvrage publié en 2025 chez Routledge.
Dans son commentaire, le jury du concours a insisté sur «l'intégration audacieuse d'une architecture d'inspiration technologique aux côtés d'une cathédrale historique, créant un dialogue réfléchi entre passé et futur, tout en employant des stratégies passives favorisant le confort et la durabilité». Le récit architectural est qualifié de «sophistiqué et captivant, avec des graphismes et des détails raffinés qui traduisent clairement le concept du projet». Enfin, selon les jurés, la réutilisation des matériaux et la codépendance entre le nouveau et l'ancien soulignent «une approche innovante du développement durable, rendant le bâtiment à la fois résilient et socialement responsable».