Le 29 mai à Ottawa, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, et le ministre de la Santé, Mark Holland, ont annoncé l’octroi de 70 bourses postdoctorales Banting et de 166 bourses d’études supérieures du Canada Vanier. Les premières s’élèvent à 70 000$ par an pendant deux ans. Les secondes sont de 50 000$ par an durant trois ans. Les étudiants-chercheurs de l’Université Laval récoltent deux bourses Banting ainsi que neuf bourses Vanier. Les candidats aux bourses Vanier devaient répondre à trois critères: l'excellence universitaire, le potentiel de recherche et les compétences en leadership. Les deux programmes couvrent la recherche en santé, en sciences humaines ainsi qu'en sciences naturelles et en génie. Dans les deux cas, le financement provient des trois conseils subventionnaires fédéraux: les Instituts de recherche en santé, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, et le Conseil de recherches en sciences humaines.
Boursiers Banting
Marie-Pier Champagne
La doctorante en aménagement du territoire et développement régional Marie-Pier Champagne entreprendra en août son stage postdoctoral à la North Carolina State University, aux États-Unis. Son projet de recherche s’intéressera aux impacts économiques de la piétonnisation. «Les effets étudiés sont larges et couvrent, entre autres, les prix immobiliers (loyers), le phénomène d’embourgeoisement (gentrification), les décisions de localisation et la pérennité commerciale, explique-t-elle. L’originalité de ma recherche est l’analyse des politiques de mobilité active, qui sont peu documentées dans la littérature sur le sujet.»
Cette économiste de formation a eu la piqûre pour les sciences économiques en 4e secondaire. Au doctorat, elle s’est spécialisée sur les impacts du transport en commun sur le développement régional. Dans ces mêmes années, elle s’est sentie interpellée par la dualité entre les discours politiques, ou encore les «faits» rapportés dans certains médias, et les preuves empiriques présentées dans la littérature scientifique. «Ce que j’aime particulièrement de la recherche, dit-elle, c’est la possibilité d’apprendre tous les jours. J’aime aussi développer des modèles mathématiques et les appliquer empiriquement, afin d’en tirer des conclusions.»
Sébastien Levesque
C’est au Boston Children’s Hospital, un établissement rattaché à la Harvard Medical School, que Sébastien Levesque travaille comme chercheur postdoctoral en biologie moléculaire. «Je travaille sur l’amélioration et le développement de nouvelles techniques d’ingénierie ciblée du génome pour corriger des gènes défectueux dans les cellules souches du sang, soit les cellules souches hématopoïétiques», souligne-t-il.
Les résultats de recherche du boursier Banting ont récemment été publiés dans la revue scientifique Nature Biotechnology.
Ce qu’il aime particulièrement dans sa vie de chercheur est la créativité et la liberté intellectuelle qu’elle procure. «Devenir un expert dans un domaine de recherche très spécifique et avoir la liberté de penser à de nouvelles approches pour traiter des maladies génétiques rares, les tester et confirmer qu’elles fonctionnent, c’est un sentiment incroyable», affirme-t-il.
L’intérêt de Sébastien Levesque pour sa discipline remonte à ses études de maîtrise en microbiologie, qu’il a faites dans le laboratoire du professeur Sylvain Moineau, où il a été initié aux technologies d’ingénierie ciblée du génome basée sur le système CRISPR-Cas9. Selon lui, ces technologies possèdent un immense potentiel thérapeutique. Contribuer au développement de son champ de recherche, c’est, dit-il, la raison pour laquelle il se lève tôt chaque jour.
Boursiers Vanier
Camille Bédard
Le projet de recherche doctorale en biochimie de Camille Bédard consiste à créer un catalogue complet des mutations de résistance aux antifongiques dans la principale cible antimicrobienne des champignons pathogènes et d’obtenir, grâce à l’intelligence artificielle, un modèle permettant de prédire la résistance.
«Plusieurs maladies humaines sont causées par des champignons pathogènes, explique-t-elle. Ils sont responsables d'environ 2,5 millions de décès par an. Les antifongiques sont des médicaments essentiels pour lutter contre ces infections. Cependant, les champignons évoluent et peuvent devenir résistants à ces médicaments, ce qui signifie que certains traitements deviennent inefficaces.»
«J’ai toujours été très curieuse et avide d’apprendre de nouvelles choses, raconte-t-elle. Très tôt, j’ai voulu comprendre comment le monde autour de nous fonctionne et plus particulièrement les êtres vivants.»
Un aspect que Camille Bédard apprécie particulièrement de la recherche est la résolution de problèmes. «On s’investit à répondre avec rigueur à des questions qui nous intéressent, indique-t-elle. J’aime me creuser la tête pour essayer de trouver des réponses aux questions et des solutions aux problèmes.» Selon elle, les résultats finaux et la réussite sont ce que la majorité des gens voient de la recherche. «Mais, ajoute-t-elle, la recherche vient avec son lot d’obstacles et d’échecs. On persévère et on réfléchit aux solutions en équipe. C’est ce qui nous pousse à nous surpasser.»
Catherine Capkun-Huot
Le projet de recherche de la doctorante en biologie Catherine Capkun-Huot vise à mettre au point de nouvelles approches pour étudier la dynamique actuelle des populations d’ours noirs au Québec. C'est-à-dire les changements dans le nombre d’individus, en prenant en compte la variation dans les processus écologiques, et ce, malgré des données incomplètes. «L'originalité de mon projet, souligne-t-elle, réside dans le développement et l’application d’outils analytiques novateurs et complexes, ajustables en temps réel, qui amélioreront la gestion et la conservation de la faune sauvage.» Selon elle, ces outils permettront au gouvernement d’être à l’avant-garde des méthodes de gestion de la faune par l’application directe des résultats de modèles prédictifs et la mise à jour en temps réel de ces prédictions.
Depuis qu’elle est toute petite, Catherine Capkun-Huot est fascinée par le monde de la biologie.
«Le milieu de la recherche est exceptionnel à de nombreux égards, poursuit-elle, mais ce qui me plaît particulièrement est la possibilité de donner libre cours à ma curiosité et de m’entourer de collaboratrices et de collaborateurs passionnés avec qui réfléchir à des questions complexes. C'est cette liberté qui permet d’innover et qui en fait un milieu aussi stimulant au quotidien.»
Plutôt que de tomber dans un cynisme qui paralyse, elle croit qu’il faut, au contraire, puiser dans l’écoanxiété un moteur puissant d’engagement. «Je refuse de renoncer à l’effet positif que je peux avoir sur les gens et sur l’environnement», affirme-t-elle.
Sonia Catalina Cerquera-Cleves
La doctorante en neurosciences Sonia Catalina Cerquera-Cleves mène des travaux de recherche sur l’identification de facteurs de risque et de biomarqueurs pour mieux diagnostiquer et traiter la maladie de Parkinson. L’originalité de sa démarche concerne la recherche de biomarqueurs au sein de petites entités sanguines appelées «vésicules extracellulaires».
La maladie de Parkinson est la condition neurologique qui a connu la croissance la plus rapide ces dernières années. Pour l’étudiante, ce domaine de recherche demeure fascinant, malgré sa grande complexité. En quelques mots, les maladies neurodégénératives sont des conditions chroniques qui nécessitent un accompagnement et un soutien, non seulement sur les plans familial et social, mais aussi médical et scientifique.
«Pouvoir traiter les personnes atteintes de la maladie de Parkinson et, en même temps, contribuer à la recherche de solutions pour améliorer leur qualité de vie est ma plus grande motivation, dit-elle. Ce que j’apprécie particulièrement, c'est le sentiment de ne pas être seule dans cette quête. De nombreuses personnes, surtout les patients et leurs familles, nous appuient dans notre travail.»
L’intérêt de la boursière Vanier pour les neurosciences remonte à ses études en médecine en Colombie, puis à sa spécialisation en neurologie, en troubles du mouvement et, plus particulièrement, la maladie de Parkinson. «Contribuer à ce domaine est très gratifiant pour moi», souligne-t-elle.
William Gagnon
Après un baccalauréat en nutrition et une maîtrise en sciences pharmaceutiques, William Gagnon poursuit son parcours universitaire au doctorat en nutrition. L’objectif de son projet de recherche est d’étudier la digestion des protéines pour prévenir le diabète de type 2 et les maladies du foie gras. «L’originalité de mon projet de recherche est qu’il s’intéresse à des métabolites très peu étudiés des protéines», explique-t-il.
La piqûre de la recherche dans sa discipline, il l’a eue lors d’un stage d’été dans l’équipe du professeur Olivier Barbier, où il a fini par faire sa maîtrise en science pharmaceutique. William Gagnon est actif dans les comités étudiants et dans le comité de programme. «Et je saute sur toutes les occasions qui se présentent pour promouvoir le domaine de la recherche», ajoute-t-il.
Lui qui adore partager les résultats de ses travaux trouve très motivant de savoir que ses recherches permettent l’avancement et la démocratisation des connaissances. «J’ai toujours été quelqu’un de curieux, souligne-t-il, et en recherche, une question n’attend pas l’autre!»
Cloé Giguère
Dans son projet de recherche, la doctorante en physique Cloé Giguère vise à mettre au point un nouveau système de mesure de la dose de radiation adapté à de nouvelles approches de radiothérapie. Actuellement, près de 50% des patients atteints du cancer sont traités en totalité ou en partie par radiothérapie. Dans ce contexte, beaucoup d’efforts sont déployés pour la mise au point de nouvelles approches thérapeutiques permettant d’améliorer les traitements.
«Or, souligne-t-elle, ces nouvelles approches entraînent de nouvelles problématiques pour la mesure précise de la dose de radiation dans des conditions qui sont éloignées de celles utilisées depuis des décennies pour les contrôles de qualité en milieu clinique. Il y a donc un besoin grandissant pour des appareils de mesure de la dose en temps réel fonctionnant dans ces nouvelles conditions thérapeutiques extrêmes. Mon projet vise à résoudre ce problème en utilisant des dosimètres à scintillation.»
La boursière Vanier aime particulièrement la recherche en oncologie, puisque, dit-elle, «le but à atteindre a le potentiel réel d’impacter positivement la vie de plusieurs personnes».
Cloé Giguère a découvert le domaine de la physique médicale pendant sa deuxième année d’université, au moment de ses recherches pour un stage d’été. «J’ai immédiatement été attirée par ce domaine dynamique et stimulant», indique-t-elle.
Comme chercheuse, elle aime pouvoir s’attaquer à une problématique qui n’a pas été encore résolue. «Même si cela peut être décourageant parfois, soutient-elle, j’aime que la recherche ne soit pas un chemin linéaire et direct vers un objectif. En effet, on emprunte fréquemment des détours en recherche, ce qui mène à découvrir de nouvelles choses, même si elles ne sont pas directement liées à notre but initial.»
Olivier Lavoie
Le boursier Olivier Lavoie mène ses travaux de recherche en sciences pharmaceutiques dans le contexte global de la lutte contre l’obésité. Ses travaux ont entre autres permis de mener à la découverte d’un nouveau type de neurones situé dans le noyau arqué de l’hypothalamus, une région du cerveau bien connue pour sa fonction de régulation de l’appétit et du poids corporel.
«En déterminant précisément le rôle de ces neurones encore méconnus, qui pourraient avoir des effets importants sur le contrôle de l’appétit, en les décrivant et en les comprenant mieux, mon projet de doctorat pourrait mener au développement de nouveaux traitements plus efficaces pour l’obésité et les complications qui y sont associées, explique-t-il. En utilisant des techniques de pointe, je pourrai enregistrer l’activité électrique de ces neurones pour comprendre comment ils répondent à certaines hormones, molécules et médicaments.»
La piqûre de la recherche, le doctorant l’a eue au cours d’un stage d’été en première année de son baccalauréat en sciences biomédicales.
Son grand intérêt pour son projet de recherche et pour le domaine du neurométabolisme en général s’est développé dès le début de ses études de maîtrise. «J’ai été très vite fasciné par l’importance que notre cerveau a dans le contrôle de notre appétit et de notre poids, souligne Olivier Lavoie. J’ai aussi été attiré par l’incroyable complexité des circuits de neurones qui sont responsables de réguler notre poids corporel.»
Sa passion pour son domaine de recherche l’a poussé à prendre plusieurs initiatives favorisant les collaborations et l’entraide entre les étudiants aux cycles supérieurs en recherche sur le neurométabolisme.
Gabrielle Leblanc-Huard
Pour sa thèse en travail social, Gabrielle Leblanc-Huard étudie la transition à la vie adulte des jeunes vivant avec de la douleur chronique. «Il s’agit, à ma connaissance, de la première étude québécoise en travail social s’intéressant à ce sujet de recherche encore émergent, indique-t-elle. Mon objectif est de porter la voix des jeunes adultes vivant avec de la douleur chronique afin de faire reconnaître leurs besoins et de sensibiliser la population à leur réalité.»
La boursière Vanier se passionne pour la recherche depuis plusieurs années, elle qui rêvait d’être historienne vers l’âge de 10 ans. Ce qu’elle aime particulièrement de la recherche en travail social, c’est d’avoir la possibilité de mettre en relief et de mieux comprendre des problématiques sociales complexes, et d’agir sur celles-ci. «J’ai l’impression de pouvoir faire une différence concrète dans la vie des populations que j’étudie, ajoute-t-elle, tout en pouvant faire ce que je considère comme le plus beau métier du monde.»
Ses motivations de chercheuse sont aussi d’ordre personnel. «Je vis moi-même avec de la douleur chronique depuis plus de 10 ans en raison d’une maladie génétique rare, explique-t-elle. J’ai choisi la discipline du travail social en raison des valeurs de justice sociale, d’équité et de respect de la dignité des personnes qu’elle véhicule. C’est également une discipline et une profession qui valorisent le changement social, ce qui me tient particulièrement à cœur.»
Benjamin Ouellet
Le projet de recherche du doctorant en biochimie Benjamin Ouellet consiste à créer des biodiesels spécialisés à l’aide de microbes génétiquement modifiés. «Cela a pour but de produire des biocarburants abordables, moins polluants et plus performants pour des utilisations spécifiques, notamment dans des climats froids», soutient-il.
Cette recherche doctorale se distingue par une approche axée sur la qualité des biodiesels. «Plutôt que de me concentrer uniquement sur la quantité, poursuit-il, je m’intéresse à améliorer la chimie de la matière première utilisée pour produire le biodiesel. Ultimement, cela permet d’obtenir un carburant aux meilleures caractéristiques, sans nécessiter d’étapes supplémentaires de transformation ou d’ajout d’additifs.»
Le boursier Vanier a toujours été attiré vers la biologie et la chimie. S’il a choisi la discipline de la biochimie, c’est parce qu’elle est «la combinaison parfaite pour explorer les processus moléculaires et les utiliser afin de construire de nouveaux systèmes ou même de nouvelles molécules».
Selon Benjamin Ouellet, la recherche est passionnante du fait que chaque jour peut être une surprise où on apprend quelque chose de nouveau. «Ce qui me motive comme chercheur, dit-il, c’est de pouvoir trouver des solutions à différents problèmes. Dans mes travaux de recherche et mes implications universitaires, j’ai imaginé et développé des solutions pour le domaine énergétique, acéricole, forestier et même médical. Cela me permet d’explorer, d’innover et de faire une différence.»
Étudiant engagé, il organise entre autres des événements mensuels ouverts à tous au cours desquels sont abordés divers sujets de la biologie synthétique. «Ces rencontres, ajoute-t-il, favorisent l’échange d’idées et la collaboration entre chercheurs.»
Marie-Pier Trépanier
Marie-Pier Trépanier est inscrite au doctorat en génie mécanique. Ses travaux de recherche proposent de repenser l’habitation du futur par l’intégration des énergies renouvelables afin de s’adapter aux effets des changements climatiques et favoriser la justice énergétique. «Mon projet de recherche, précise-t-elle, se concentre sur le développement d’un outil d’aide à la décision afin de déterminer les meilleures rénovations et les designs de bâtiments futurs intégrant des sources d’énergie renouvelables.»
Ses travaux viennent combler un vide dans la littérature scientifique actuelle, laquelle ne propose pas de méthode pour adapter les habitations aux changements climatiques tout en tenant compte des principes de la justice énergétique. «Je suis convaincue, dit-elle, qu’il faut faire preuve d’innovation pour relever les défis environnementaux auxquels nous faisons face. Ainsi, je crois sincèrement pourvoir contribuer à cet effort avec mes recherches doctorales.»
L’étudiante n’a pas toujours su qu’elle voulait devenir ingénieure. «Je suis une personne très créative qui aime résoudre des problèmes et travailler en équipe, explique-t-elle. De plus, j’ai toujours eu un grand penchant pour les sciences et les mathématiques. J’aime apprendre quand ça bouge et que c’est dynamique. Ainsi, je voulais une profession stimulante et innovatrice. Pour ces raisons, j’ai choisi le génie mécanique.»
Marie-Pier Trépanier aime relever des défis depuis longtemps. Elle s’implique aussi dans plusieurs causes qui lui tiennent à cœur, dont la promotion des sciences auprès des jeunes et la place des femmes en ingénierie.