La 28e conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) s’est tenue du 30 novembre au 13 décembre à Dubaï, aux Émirats arabes unis. L’accord final, signé par près de 200 pays participants, a été qualifié d’historique en ce sens que la communauté internationale appelle à une «transition hors des énergies fossiles» pour lutter contre le réchauffement climatique.
Une dizaine de membres de la communauté universitaire de l’Université Laval ont pris part, sur place, à la COP28, que ce soit au sein de la délégation de l’Université ou avec des organisations non gouvernementales (ONG). Quelques autres ont assisté en ligne à plusieurs négociations et événements. Bon nombre de ces personnes sont membres de l’Institut EDS de l’Université Laval.
Le vice-recteur aux affaires internationales et au développement durable François Gélineau, le professeur au Département des sciences géomatiques et directeur de l’Institut EDS Stéphane Roche, la sénatrice et professeure associée au Département de génie civil et de génie des eaux Rosa Galvez et le professeur au Département des sols et de génie agroalimentaire Lotfi Khiari étaient à Dubaï. Une liste non exhaustive indique que trois étudiants, une chargée de formation et une auxiliaire de recherche y étaient également. Ces personnes ont pour noms, dans l’ordre, Camille Martini, Fatima-Zahrae Tarib et Laura Wilmot, Marie-Philippe Ménard et Katherine Robitaille.
Quant aux participants à distance, ils comprenaient les professeurs Abdoulaye Anne, Géraud de Lassus Saint-Geniès et Laurence Guillaumie. Il y avait aussi la doctorante en science politique Laure Gosselin, l’adjoint au vice-recteur aux affaires internationales et au développement durable Pierre Lemay et le coordonnateur d’activités à l’Institut EDS Jason Fournier. Leur accréditation leur a permis de suivre en ligne plusieurs négociations et événements.
Une effervescence d’activités
François Gélineau et Stéphane Roche ont passé respectivement neuf et huit jours, la plupart du temps ensemble, dans la ville hôte de la COP28. Chaque jour, ils marchaient de l’hôtel au métro et du métro au site où ils devaient patienter dans de longues files d’attente avant d’accéder aux pavillons de la COP.
«Énormément d’activités étaient au programme, explique le vice-recteur. Il y avait les négociations officielles comme telles, les événements officiels sous forme de panels d’experts avec une nouvelle thématique chaque jour et les événements parallèles tenus par les membres de la société civile et les organisations internationales.»
Les événements parallèles se sont déroulés dans un bloc de 300 à 400 espaces intérieurs consacrés à des conférences, des échanges, des tables rondes et des rencontres de discussion. «Nous avons été témoins, pendant nos 10 jours, d’une effervescence d’activités assez hallucinante, indique-t-il. Le professeur Roche et moi avons rencontré l’ambassadrice canadienne pour les changements climatiques Catherine Stewart. Nous avons pris part à des événements comme conférenciers et assisté à d’autres comme observateurs. J’ai joué un rôle, comme conférencier ou participant à une table ronde, dans au moins quatre activités. Nous avons fait toute une série de rencontres bilatérales, planifiées ou non. Nous avons notamment discuté avec le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada Steven Guilbeault. Un séjour bien occupé!»
François Gélineau a participé à un panel sur le rôle de la philanthropie dans la transition climatique. Il a aussi fait une présentation dans un autre panel sur le rôle des savoir-faire ancestraux chez les autochtones. Il a notamment parlé des initiatives, activités et programmes offerts aux étudiants autochtones de l’Université Laval, en particulier le programme Gardiennes et gardiens de territoire. Il a également pris part à un événement sur le rôle des établissements d’enseignement supérieur et de recherche dans la lutte contre les changements climatiques.
«Ce que j’ai le plus apprécié, dit-il, est le fait de pouvoir parler de ce que l’on fait à l’Université Laval, parce qu’on en fait beaucoup en matière de développement durable, depuis plusieurs années. On a un bilan dont on est très fiers. C’était ma carte de visite à Dubaï. Nous avons une crédibilité comme université quand on se présente à d’autres organisations.»
Selon lui, le défi est d’établir des liens avec d’autres organisations, universitaires comme ONG, pour voir comment mieux collaborer. «Les universités, poursuit-il, sont à la base de la production des connaissances sur des enjeux climatiques et du développement durable et de leur transfert. Je pense que les universités doivent mieux se coordonner, notamment par une meilleure communication, pour mieux représenter leurs intérêts dans ces forums-là. L’Université Laval a un effort à faire avec les autres universités sur comment on peut préparer nos interventions et alimenter nos gouvernements. Les gouvernements ne demandent que ça.»
Un rendez-vous mondial
Dans cet environnement très cosmopolite, où l’on entendait parler toutes les langues, Stéphane Roche dit avoir été impressionné par la très grande diversité qui l’entourait. «C’était ma première COP, explique-t-il. Une grande diversité cohabitait sans jugement. Tout le monde était à égalité, du moins dans les activités auxquelles nous avons participé. Sur ce site absolument immense, nous avions l’impression de nous retrouver à l’intérieur de plusieurs dynamiques qui marchaient ensemble, plus ou moins en parallèle. Ce qui m’a fasciné est qu’on sent que, d’un côté, il y a la partie négociations et, de l’autre, en coulisses, il y a du lobbying. Beaucoup de jeunes participants membres d’ONG essayaient d’influencer. Il faisaient du lobbying à leur niveau.»
Certaines séances de négociations étaient ouvertes au public. «Il y a beaucoup de jargon ainsi que des références à des textes dans ces rencontres, précise-t-il. Si on n’est pas dedans, c’est à peu près incompréhensible. Il faut une expertise particulière et suivre ça de manière assidue. Comme observateurs, nous nous sommes fait expliquer des choses.»
Le professeur insiste sur la présence de l’ONG Beyond Oil & Gaz Alliance à la COP28. Le Québec en assumait la coprésidence. Cette alliance internationale de gouvernements et de parties prenantes a pour but d’éliminer progressivement la production pétrolière et gazière. «Le Québec, soutient-il, a un rôle majeur dans cette alliance qui fait la promotion de la sortie des énergies fossiles. J’ai été surpris de voir des ONG très au fait de ce dossier, comme Équiterre et Nature Québec.»
Ce dernier a particulièrement apprécié l’atelier animé par l’émissaire aux changements climatiques et aux enjeux nordiques et arctiques du gouvernement du Québec, Jean Lemire. L’activité se voulait un échange entre des représentants de la société civile québécoise et le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec, Benoît Charrette. Des professeurs d’autres universités québécoises assistaient à l’atelier.
«Les grands syndicats québécois étaient très présents, rappelle Stéphane Roche. Cela m’a surpris. La FTQ avait une délégation de sept à huit personnes. Dans ces organisations, des gens ont la responsabilité des questions de transition juste, de responsabilité sociale. Cela les préoccupe beaucoup. Il faut que les conditions d’emploi, que les conditions des travailleurs demeurent. C’est pour ça qu’ils étaient là.»
Un autre panel auquel il a assisté portait sur le rôle que les villes jouent ou devraient jouer dans les enjeux relatifs à la crise climatique. «Il était intéressant, souligne-t-il, de voir que cette préoccupation était largement représentée à la COP. Le sujet a été discuté et poussé de l’avant par un certain nombre d’ONG.»
Une très belle carte de visite
François Gélineau est rentré de Dubaï gonflé à bloc. Selon lui, un tel forum offre beaucoup de potentiel. «L’événement en soi continue à être pertinent, affirme-t-il. On ne peut pas ne pas y être. Et y être avec un impact encore plus grand. C’est un bon forum où le dialogue se fait de façon saine et civilisée.»
Et le développement durable à l’Université Laval? «C’est une très belle carte de visite pour l’Université à l’international, répond-il. Nous continuons à être dans le groupe des leaders en la matière. Cela rapporte, en termes réputationnels, cette capacité de dialoguer avec d’autres acteurs.» Stéphane Roche renchérit. «La pertinence de ce que l’Université peut dire et apporter comme établissement d’enseignement sur ces questions-là, c’est énorme», explique-t-il.
Dans la foulée de la COP28, une table ronde publique virtuelle se tiendra le 18 janvier prochain sur le campus. L’activité en ligne, organisée par la professeure de la Faculté de droit, Paule Halley, réunira certains des membres de la communauté universitaire ayant pris part à la COP28.
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