
— Valérie Boulva
L'Université Laval fait découvrir à sa communauté et au grand public des objets issus de ses collections. Entre ses murs sont conservés plus d'un million d'œuvres d'art, de documents patrimoniaux, d'appareils scientifiques, d'échantillons géologiques, de spécimens végétaux ou zoologiques. Sous la responsabilité de la Bibliothèque, ces collections spéciales ont été constituées au fil des ans par les chercheurs, les professeurs et les étudiants pour appuyer la mission d'enseignement et de recherche. Suivez le guide!
Non, il ne s'agit pas d'un masque d'Halloween, mais plutôt d'un ancien modèle anatomique en plâtre peint, destiné aux étudiants et aux étudiantes en médecine. Les collections comptent 82 représentations de différentes parties du corps, autant de témoins historiques qui «préservent la connaissance de l'enseignement de la médecine à l'Université Laval», souligne la chargée de conservation et de mise en valeur Valérie Boulva.
Ce modèle fait partie d'une série fabriquée à Paris, entre 1919 et 1939, pour le professeur d'anatomie Adolphe Nicolas. Le moulage a été réalisé par Paul Roux, membre du personnel du laboratoire d'anatomie du professeur Marius Adolphe Augier, dont la vocation de sculpteur trouva dans la réalisation de modèles en plâtre son moyen d'expression idéal, a relaté Valérie Boulva.
Dans un article d'Histoire des sciences médicales*, on peut lire un extrait d'un prospectus de la collection de modèles anatomiques Nicolas-Augier-Roux: «Cette collection peut être disposée dans les vitrines d'un musée, d'une salle de dissection. Mais, suivant des idées plus modernes, elle a été surtout conçue pour être placée dans une salle d'étude où l'étudiant pourrait venir travailler en dehors des heures consacrées à la dissection ou à l'enseignement oral; les pièces seraient disposées sur des tables près desquelles l'étudiant, confortablement assis, pourrait voir, lire, dessiner (dessiner c'est encore un peu disséquer).»
Ce même article dévoile que ces modèles sont inspirés de dissections réalisées par le professeur Augier sur des sujets anatomiques «jeunes, sains et vigoureux». Il s'agissait de femmes et principalement d'hommes de 25 à 45 ans, dont plusieurs suppliciés, soit des personnes qui ont subi la peine de mort ou qui ont été torturées.
Modèles d'aujourd'hui?
Comment ont évolué les modèles anatomiques? «Ils sont aujourd'hui fabriqués en PVC non toxique. Plusieurs sont détachables pour une meilleure visualisation des structures et cela permet d'acquérir une compréhension plus profonde de la façon dont les organes interagissent, contrairement au modèle en plâtre», souligne Mélissa Pelletier, coordonnatrice d'activités au Laboratoire d’anatomie Apprentiss de la Faculté de médecine de l’Université Laval.
*Source: J.M. LeMinor, «La collection de modèles anatomiques en plâtre Nicolas-Augier-Roux (1919-1939)» dans Histoire des sciences médicales, vol. 25, no2, 1991, pages 133-140.