Quels aliments peuvent être consommés des années après leur date d'expiration? Combien de canettes faut-il pour produire une bicyclette? Est-il plus cher de recycler, d'enfouir ou d'incinérer une tonne de déchets? Toutes les réponses à ces questions se trouvent dans l'exposition Poubelle 2.0, qui prend l'affiche le 19 mai pour un an à la salle Alcan de la Bibliothèque scientifique, au pavillon Alexandre-Vachon.
Amal Hmaissia, étudiante au doctorat en génie chimique à l'Université Laval, est commissaire de l'exposition. Elle planche sur ce projet depuis l'automne 2021, à la suggestion de sa directrice de doctorat, Céline Vaneeckhaute.
La jeune femme s'y connaît en matière de déchet. «Je travaille en collaboration avec la Ville de Québec pour optimiser la phase de démarrage du processus de biométhanisation.» Il s'agit du traitement et de la décomposition des matières résiduelles organiques (nos restants de table, épluchures en tout genre, boues municipales...) par l'action de microorganismes en absence d'oxygène (un biodigesteur anaérobie). Ce procédé génère un biogaz, source d'énergie renouvelable, et du digestat.
Dans une vitrine de verre de l'exposition, un pot Mason contient d'ailleurs du digestat brut, un liquide brunâtre. On apprend que ce composé riche en éléments nutritifs bénéfiques pour les plantes peut être utilisé comme fertilisant.
Amal Hmaissia aime l'idée de sortir son travail des laboratoires de la Faculté des sciences et de génie, de montrer des substances, de vulgariser, elle qui a déjà participé au concours Ma thèse en 180 secondes.
Les 3RVE en trame de fond
L'exposition comprend aussi des objets, des photos, des vidéos et des jeux interactifs, en plus des explications imprimées sur des panneaux en carton. Le parcours animé repose sur le principe des 3RVE, soit réduire, réutiliser, recycler, valoriser, éliminer, qui se décline du geste le plus important au moins important pour protéger la planète.
«La présentation se fait à l'envers, on commence par l'élimination, avec l'incinération et l'enfouissement. C'est ce qui arrive le plus à l'échelle planétaire», souligne la commissaire, en précisant que l'individu n'a pas beaucoup de pouvoir à ce niveau.
L'exposition se poursuit sur le plan communautaire et fait la lumière sur le recyclage, le compostage et la biométhanisation, avant de présenter des choix et des astuces qui peuvent être faits à l'échelle familiale et individuelle pour assurer le développement durable.
C'est cette dernière partie qui intéresse davantage Amal Hmaissia. «C'est là qu'on a le plus de responsabilité et de capacité à changer les choses, par nos habitudes quotidiennes. Les 3RVE, ça se développe dans la conscience des gens avec les changements climatiques, avec les problèmes environnementaux. On commence à comprendre l'importance d'inverser cet ordre et de réduire avant tout.»
L'étudiante au doctorat croit que les gestes écoresponsables individuels peuvent être contagieux et créer un effet domino. Lorsqu'elle sort manger avec des amis, elle a l'habitude de traîner un contenant pour ramener les restes de nourriture, plutôt que de demander qu'on lui mette dans un plat jetable. Une idée qui fait son chemin dans son entourage, illustre-t-elle.
En plus de dévoiler des aliments de notre garde-manger qui «se conservent à vie» s'ils sont bien entreposés, l'exposition suggère des idées simples de bricolage pour réutiliser des contenants vides en verre, en métal, en carton ou en plastique.
Et au final, les visiteurs pourront tester leurs connaissances et vérifier si leur poubelle tend à devenir 2.0.
«Tout le monde sait que ce n'est pas bien de trop consommer, mais on présente une autre vision de la gestion des matières résiduelles. J'aimerais que les personnes qui verront l'exposition, après un an ou deux, retiennent au moins un élément clé», lance la commissaire.
Ce projet de la Bibliothèque a été réalisé en partenariat avec la Faculté des sciences et de génie, le Service des immeubles – Développement durable et le Vice-rectorat aux affaires internationales et au développement durable.
Amal Hmaissia a été appuyée par un comité scientifique composé de Guylaine Bernard, coordonnatrice d'activités au Service des immeubles – Développement durable et des professeures Rosa Galvez et Céline Vaneeckhaute de la Faculté des sciences et de génie. Marie Dufour, chargée de conservation et de mise en valeur des collections à la Bibliothèque, a pour sa part coordonné l'exposition.