
Inscrits au baccalauréat en traduction, Sarah Gauthier, Alexia Dallaire-Nantel, Rosemarie Bélanger, Coraly Savigna et Nancy Carrier ainsi qu’Anthony Hamelin, formaient la délégation de l’Université Laval aux Jeux de la traduction. Leur récolte de six podiums leur a valu la troisième place au classement général. Cinq d'entre eux sont en deuxième année et une est en troisième.
Rosemarie Bélanger, Nancy Carrier, Alexia Dallaire-Nantel, Sarah Gauthier, Anthony Hamelin et Coraly Savignac sont tous inscrits au baccalauréat en traduction à l’Université Laval. Cinq sont en deuxième année et une est en troisième. Du 31 mars au 2 avril, ils ont vécu une expérience collective de haut niveau dans le cadre de la plus importante compétition interuniversitaire de traduction au Canada, les Jeux de la traduction. Cette année, l’événement, le dix-septième du genre, s’est déroulé à l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick. Six universités, dont cinq du Québec, étaient représentées. Habituellement elles sont 10. Au cours des 13 épreuves au programme, la délégation de l’Université Laval est montée à six reprises sur le podium pour décrocher la troisième place au classement général.
«Les Jeux ont attiré 36 étudiantes et étudiants, de même qu’un nombre équivalent d’anciennes et d’anciens participants», explique Émilie Gobeil-Roberge, doctorante en linguistique, profil traductologie, responsable adjointe des stages au Département de langues, linguistique et traduction et ancienne participante aux Jeux de la traduction. «Chacune des délégations, poursuit-elle, avait avec elle une demi-douzaine de bénévoles, ainsi qu’un professeur ou un chargé de cours pour faire la correction des textes soumis durant les épreuves.»
Pendant les Jeux, les participantes et les participants n’ont pas accès à Internet, mais ils ont droit à leurs ouvrages de référence.
Une belle récolte
La délégation de l’Université Laval a terminé première dans quatre épreuves et deuxième dans deux épreuves. Anthony Hamelin a remporté l’épreuve individuelle de français vers l’anglais. Les autres premières places sont allées aux épreuves d’équipe en traduction d’une chanson du français vers l’anglais, en traduction de publicités du français vers l’anglais et en simulation de monde réel de l’anglais vers le français.
«Anthony Hamelin, souligne la doctorante, a démontré beaucoup de talent. Le défi consistait à traduire vers l’anglais des poèmes néo-brunswickois en français. La principale difficulté était le respect du style et du nombre de syllabes. Son texte s’est distingué par la création de nouveaux éléments de style respectant les normes de la langue d’arrivée, l’anglais, et l’absence d’erreurs linguistiques ou sémantiques. Anthony s’est aussi fait beaucoup d’amis. C’est le but des Jeux qui se veulent une excellente occasion de réseautage.»
Deux chansons tirées de la culture des Maritimes ont été soumises aux traductrices et aux traducteurs. La chanson à traduire vers le français portait sur le hockey dans un style country. La chanson à traduire vers l’anglais, plus lyrique, était une balade qui faisait penser à la chanson de Michel Conte, Évangéline. Cette chanson est inspirée de l’héroïne fictive du poème épique de Longfellow sur la déportation des Acadiens.
L’équipe de l'Université s’est également distinguée dans les épreuves en traduction de publicités du français vers l’anglais. «Les publicités étaient très visuelles, avec des jeux de mots, indique Émilie Gobeil-Roberge. Très créatives aussi, avec peu de mots, trois ou quatre par publicité, à traduire. Dans l’une d’elles, Yoda, le maître Jedi de la saga La guerre des étoiles, parle à l’envers. Il fallait reproduire le style sans trahir le sens. Un autre exemple est le téléphone TouchTone. Le jeu de mots portait sur la douceur des touches, en une trentaine de mots.»
La délégation de l’Université Laval a terminé deuxième dans deux épreuves d’équipe. Celle en interprétation de l’anglais vers le français portait sur une vidéo consacrée à l’émission de télévision Anneof Green Gables (Anne... la maison aux pignons verts). L’autre épreuve visait à traduire une bande dessinée du français vers l’anglais écrite en chiac, le parler hybride franglais au Nouveau-Brunswick francophone. «Le chiac, soutient-elle, constituait un défi intéressant, particulier et représentatif de la culture qui nous recevait. L’équipe a réussi à rendre l’esprit de l’hybridité, notamment en changeant le niveau de langue pour que ce soit équivalent.»
Des amoureux des livres
Seuls quelques hommes ont pris part aux Jeux de la traduction. Cette faible représentativité ne surprend pas la doctorante. «La profession, indique-t-elle, est occupée par environ 85% de femmes. À l’Université, on ne compte que trois ou quatre garçons dans une classe de 40.»
Elle explique que plusieurs étudiantes et étudiants présentement au baccalauréat ont suivi un parcours quelque peu atypique. «Elles et ils sont nombreux à voir étudié dans un autre programme, comme les langues, avant de se rediriger vers la traduction, dit-elle. Juristes, infirmières, orthophonistes, elles et ils veulent devenir traductrices et traducteurs spécialisés, par exemple dans le domaine juridique ou le domaine médical.»
Les étudiantes et les étudiants en traduction ont en commun l’amour des livres et un grand intérêt pour la culture. «Il faut être amoureux des mots et de la culture aussi, affirme-t-elle. Une bonne culture générale est nécessaire de même qu’une bonne curiosité intellectuelle. Sans parler d’une sensibilité linguistique certaine.»
Et la préparation de l’équipe? «La préparation a été très ludique, répond-elle. Les professeurs qui entraînent les étudiantes et les étudiants travaillent beaucoup sur la rédaction, sur la créativité et sur l’adaptation à la culture d’arrivée.»
En 2024, les Jeux de la traduction se dérouleront sur le campus de l’Université Laval.