Qu’ont en commun les ouvrages Des cousins très éloignés. Français et Québécois ensemble au travail, de Jean-Pierre Dupuis et Jean-Pierre Segal, Chronique de la violence. Une généalogie de l’intimidation scolaire, de David Gaudreault, et Les diplômés universitaires. Perspectives socioéconomiques, sous la direction de Mircea Vultur? Ces livres ont tous été publiés aux Presses de l’Université Laval (PUL) en 2022 dans la collection Sociologie contemporaine.
Soixante-dix-sept. C’est le nombre impressionnant de livres et d’ouvrages collectifs parus dans cette collection depuis maintenant un quart de siècle. Fondée en 1998 par le professeur Daniel Mercure, du Département de sociologie de l’Université Laval, Sociologie contemporaine est encore à ce jour dirigée par celui-ci.
«Je voyais les choses exactement comme elles sont aujourd’hui, explique-t-il. Sociologie contemporaine est une collection savante dans une ligne pure qui ne cède pas aux thèmes à la mode. Elle veut rendre compte des avancées des connaissances du monde des sciences sociales, sans aucune perspective idéologique particulière. Son créneau est académique et son seul critère est la qualité savante. Elle accorde une attention particulière à l’analyse des faits de société émergents et à la formulation de modèles inédits d’interprétation de ceux-ci. C’est de l’édition universitaire avec un rayonnement international, par des auteurs internationaux consacrés, mais aussi par de jeunes docteurs ici et à l’étranger. Depuis une dizaine d’années, nous sommes publiés en Europe par Hermann, un important éditeur français qui correspond à notre philosophie.»
Le professeur définit la sociologie comme l’étude des relations et des interdépendances entre les individus, les groupes, les institutions et les organisations. Il rappelle le commentaire du sociologue britannique contemporain Anthony Guiddens selon lequel «la science du 21e siècle sera la sociologie». «Guiddens se référait à la réflexivité, indique-t-il. La naissance de la radio et surtout la télévision a construit des sociétés qui se regardent, qui se voient, qui sont réflexives. Et un des savoirs réflexifs est précisément la sociologie.»
De nombreux thèmes émergents
En 25 ans, la collection a publié des auteurs provenant d’une quinzaine de pays. Des traductions en langue française ont été réalisées. Le directeur de la collection reçoit une douzaine de manuscrits par an, qu’il lit tous. Quatre ou cinq sont publiés annuellement.
«Pour un auteur, souligne Daniel Mercure, être publié dans une collection comme la nôtre, qui a comme réputation une ligne académique pure, est souvent vu comme un accomplissement. L’auteur partage ses connaissances sur le monde qu’il observe et son ouvrage se retrouve par la suite critiqué dans les revues scientifiques.»
Au fil des ans, de nombreux thèmes émergents ont été explorés dans la collection Sociologie contemporaine. Pensons à l’individu face au travail sans fin et au roman sociologique américain, en 2015. Aux controverses sur l’individualisme et aux agences de travail temporaire, en 2014. Et à la révolution coopérative et à la sociologie de l’enfance, en 2013.
Le professeur tient à souligner le travail d’édition des PUL, qu’il qualifie de remarquable. «Il y a une rigueur de qualité d’édition qui s’est toujours maintenue, dit-il. Le professionnalisme des PUL joue dans le choix de la collection par des auteurs étrangers que nous avons traduits. Nous ne sommes pas tout seuls dans l’espace francophone.»
Il insiste sur l’importance d’avoir une identité claire. «Notre marché n’est pas gros, précise-t-il. Nous ne sommes pas dans le monde du roman. On n’achète pas ce genre de livre pour les vacances. Dans ce contexte, l’identité devient un élément central. La nôtre est extrêmement claire et elle est reconnue dans le milieu académique.»
De nouvelles parutions
Le tout premier livre de la collection Sociologie contemporaine a été publié en 1998. Il s’agissait de Les nerfs de la culture. Être humain à l’heure des machines à penser, du sociologue canadien Derrick de Kerckhove. «Ce chercheur est dans la ligne de Marshall McLuhan, explique Daniel Mercure. Ce n’est pas n’importe qui. Quand son ouvrage a paru en anglais, il m’a paru important de le diffuser.»
Trois nouveaux titres s’ajouteront à la collection Sociologie contemporaine au cours de l’automne. Le Québécois Pierre Noreau publiera Le droit. Une forme du lien social. Le Tunisien Imed Melliti signera un ouvrage collectif qu’il a dirigé et qui s’intitule La société morale. Et l’ancien recteur de l’Université Laval Michel Pigeon verra sa thèse de doctorat, dont il a fait la soutenance en mars 2022, être publiée sous le titre Les jeunes et les changements climatiques. Quels choix de société?
«Pierre Noreau est un auteur majeur, affirme le professeur Mercure. Il enseigne à la Faculté de droit de l’Université de Montréal et il est une référence dans le domaine de la sociologie du droit. L’ouvrage que signe Imed Melliti porte sur le contenu des conférences plénières du plus récent congrès de l’Association internationale des sociologues de langue française, lequel s’est tenu à Tunis en 2021. Quant à Michel Pigeon, qui a été recteur de l’Université Laval de 2002 à 2007, puis député pendant quatre ans, il est devenu mon étudiant pour un doctorat en sociologie. Lui qui a reçu deux doctorats honorifiques durant sa carrière universitaire a décidé de revenir aux études à l’Université. Sa thèse lui a d’ailleurs mérité quatre fois la mention “excellent”. Il est maintenant un jeune sociologue.»
À l’hiver, dans le cadre du 25e anniversaire de la collection, un débat sur l’édition savante sera organisé avec les PUL au Département de sociologie.
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