Aventure médecine, c’est le projet novateur mis sur pied par l’Université Laval et 4 partenaires pour permettre à 36 étudiantes et étudiants – la première moitié à Rimouski, l’autre à Lévis – de faire tout leur préexternat en région.
Cette formation vise tout d’abord à valoriser la pratique médicale en milieu rural et en région, et à initier les étudiantes et étudiants à la réalité médicale hors des grands centres urbains. Elle a aussi pour objectif de susciter chez les futures et futurs médecins l’envie de faire carrière hors des grandes villes pour répondre aux besoins immenses en soins de santé des populations régionales. Cet objectif sera probablement atteint puisque l’envie est déjà bien présente chez les étudiantes et étudiants de la première cohorte du programme, comme en témoignent Laura Luna Bédard et Grégory Verreault, participante et participant à cette belle aventure.
L’air salin de Rimouski
«Rimouski, c’est le plein air et les sentiers, c’est le fleuve, les mouettes et l’air salin. En fait, depuis mon arrivée ici, je parle sans cesse de l’air salin avec les collègues du programme qui demeurent dans la même résidence étudiante que moi!», révèle en riant la toute nouvelle étudiante en médecine Laura Luna Bédard.
Au-delà du paysage enchanteur du Bas-St-Laurent et de la qualité de vie qui s’y trouve, c’est la formation axée sur la pratique médicale régionale qui l’a convaincue de faire de ce programme son premier choix lors de son inscription à l’université.
Née au Guatémala d’une mère québécoise et d’un père colombien, Laura Luna Bédard a passé son enfance en Colombie avant d’emménager au Québec au début du secondaire. «En arrivant ici, dit-elle, j’ai constaté la différence incroyable entre le système de santé au Québec et celui de la Colombie. On dénigre beaucoup notre système de santé, mais il est fabuleux comparativement à ce qui existe ailleurs dans le monde. Ici, tout le monde est pris en charge, peu importe l’âge, la condition de santé ou la classe sociale. J’ai trouvé ça très beau et très louable de la part de la société québécoise. J’ai eu l’impression que le Québec me donnait quelque chose et j’ai alors rêvé de devenir médecin pour redonner à mon tour.»
Passant toute son adolescence à St-Adolphe-d’Howard, elle a pu constater d’elle-même l’importance de l’accès aux soins médicaux dans un petit village. «J’ai fait beaucoup de bénévolat, notamment à la bibliothèque municipale, et j’ai eu l’occasion d’entendre plusieurs témoignages de citoyens qui exprimaient leur soulagement et leur reconnaissance devant le fait qu’il y avait un médecin de famille dans le village», raconte-t-elle.
Veut-elle suivre la voie tracée par ce médecin si apprécié? «Je n’ai pas encore choisi quelle sera ma spécialité, répond-elle. Je reste ouverte à toutes les possibilités. J’ai longtemps pensé à la radiologie parce qu’il y a beaucoup de technologie. Selon moi, la robotisation peut rendre la médecine plus humaine. En allégeant certaines tâches des médecins, ceux-ci peuvent avoir plus de temps pour développer une meilleure relation, plus humaine, avec leurs patients. Ce sera peut-être aussi l’obstétrique. Toutefois, depuis la pandémie, je développe de plus en plus d’intérêt pour la médecine de famille. Par contre, une chose est sûre, j’ai vraiment le goût de m’installer et de pratiquer en région.»
Fraîchement diplômée de ses études collégiales, Laura Luna Bédard est très enthousiaste de commencer son cheminement universitaire à Rimouski. «Je reste tout juste à côté de l’hôpital. Tout est proche ici et les gens sont si gentils et accueillants. On sent qu’ils sont fiers de la venue du nouveau programme. On sent que le projet leur tient à cœur. Je me sens valorisée de faire partie d’Aventure médecine. De plus, étudier à Rimouski me permettra d’être exposée plus rapidement aux soins cliniques. Je suis vraiment choyée!», conclut-elle.
Se sentir chez soi à Lévis
Si Laura Luna Bédard songeait depuis longtemps à des études en médecine, ce n’était pas le cas de Grégory Verreault, qui a commencé à envisager une carrière de médecin pendant ses études en pharmacie. «J’ai réalisé que j’aimerais prendre en charge un patient du début à la fin. M’occuper de l’évaluation, du diagnostic et du traitement. En tant que pharmacien, on n’intervient que sur le plan du traitement», affirme l’étudiant en quatrième année du doctorat de premier cycle en pharmacie, qui entreprendra en concomitance ses études de médecine. «Je pourrai effectuer mes derniers stages en pharmacie en même temps que je ferai ma première année de médecine, ajoute-t-il. J’ai l’intention d’être pharmacien à temps partiel jusqu’au moment où j’obtiendrai le droit de pratiquer la médecine. Alors, je devrai abandonner mon premier métier pour éviter le conflit d’intérêt.»
Grégory Verreault a, lui aussi, grandi en région. Originaire de Baie-Comeau, il a été témoin du manque de ressources en soins de santé dans les milieux éloignés comme la Côte-Nord. «Moi-même, je n’ai pas eu de médecin de famille», souligne-t-il.
Avant de s’inscrire en médecine, il a longuement réfléchi. «Je trouvais qu’il manquait quelque chose à ma pratique et j’avais peur de m’ennuyer éventuellement en pharmacie. Par contre, si je devenais pharmacien, je pouvais rapidement m’établir et fonder une famille», confie-t-il. C’est vraiment le programme Aventure médecine qui l’a convaincu d’entreprendre une autre formation de sept ans. «Ce programme, dit-il, est exactement ce que je recherchais et il se met en branle au meilleur moment pour moi.» Est-ce un signe du destin? En tout cas, Grégory Verreault a saisi l’occasion.
«Ce programme est intéressant parce qu’il permet de former des médecins habilités à pratiquer dans des endroits où on manque de ressources, d’équipements et de spécialistes. On formera des médecins plus débrouillards, qui feront davantage de choses, qui auront moins tendance à diriger immédiatement le patient vers un spécialiste. Ça coïncide avec ma vision et mes valeurs. Je veux accompagner le plus longtemps possible mes patients», déclare-t-il.
Le fait que la formation soit donnée à Lévis a aussi pesé dans la balance. «J’ai fait mes études de pharmacie au pavillon Ferdinand-Vandry et j’avais envie de changer d’air. J’avais eu l’occasion de faire quelques stages de pharmacie en Chaudière-Appalaches et j’avais aimé la dynamique de la région. Je trouve que que le CISSS de Chaudière-Appalaches offre vraiment des soins de santé en continuité. J’aime aussi la nature et les grands espaces. En région, je me sens chez nous. À Lévis, je me sens chez nous», témoigne-t-il.
Souhaite-t-il s’enraciner en Chaudière-Appalaches? Ou sur la Côte-Nord? «Je veux pratiquer la médecine familiale en région, peu importe la région, répond-il. Celle de Chaudière-Appalaches a bien sûr son charme, mais toutes les régions sont charmantes.»
Des cours plus personnalisés
Laura Luna Bédard et Grégory Verreault affirment tous deux avoir été séduits par le fait que leur cohorte respective ne comporte que 18 personnes. «C’est très familial, on s’entraide déjà», affirme l'étudiante à Rimouski. «L’enseignement sera beaucoup plus personnalisé, renchérit l'étudiant à Lévis. En plus, mes collègues et moi pourrons partager nos expertises. Comme moi, d’autres étudiants arrivent avec un diplôme universitaire et des connaissances dans un domaine connexe, comme la chiropratique ou la physiothérapie, par exemple. Ils pourront m’aider en ce qui a trait à certains soins et je pourrai les aider pour ce qui concerne la médication.»
L’étudiante et l’étudiante sont aussi d’accord sur un autre point: après les premières activités d’accueil et les visites des lieux, le programme Aventure médecine dépasse déjà leurs attentes.
Le projet Aventure médecine repose sur la force du partenariat et la complémentarité entre l’Université Laval et sa Faculté de médecine, le CISSS du Bas-Saint-Laurent, le CISSS de Chaudière-Appalaches et l’Université du Québec à Rimouski.
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