En 2017, Marie-Laurence Dionne participait à un stage d'initiation à la médecine de brousse sur la Côte-Nord. La piqûre a été si forte qu'elle est aujourd'hui médecin de famille à Baie-Comeau. Jusqu'au 3 août, elle replonge dans ses souvenirs, cette fois comme formatrice pour le même stage de soins d'urgence en région isolée. «Je me rappelle ma naïveté quand on arrive. On ne s'attend à rien!», dit-elle sans vouloir vendre le punch.
Elle qualifie de chanceux les étudiants sélectionnés, en précisant qu'il y a une liste d'attente. Cette expérience immersive, qui combine moments de théorie, ateliers extérieurs et simulations inattendues, est ultra dynamique. «Il faut travailler avec ce que l'on a sous la main pour gérer des situations d'urgence. Quelqu'un se casse une jambe en montagne, comment le descendre? C'est plus un cours de survie en forêt que de médecine», explique celle qui jouera aussi bien un rôle de monitrice que d'actrice victime, lors de cette formation offerte par l'Université Laval, en collaboration avec le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Côte-Nord.
Ce stage d'été ne s'adresse pas à tout le monde, poursuit-elle. Il demande d'aimer le plein air et la randonnée, comme il faut intervenir en milieux de brousse, en dehors des centres hospitaliers. Il met aussi la personnalité et le leadership à rude épreuve. «Comme futur médecin, on veut sauver, on est en avant. Mais il faut aussi savoir quand laisser sa place à quelqu'un de plus expérimenté», dit-elle en utilisant les mêmes mots que dans son entrevue au Fil en 2017.
Cette formation a été une bonne préparation à ce qui l'attendait. En poste depuis un an, Marie-Laurence Dionne ne connaît pas la routine et sort de sa zone de confort tous les jours. «En région, il faut être prêt. Dans une semaine, je vais faire de l'urgence, du bureau, de l'enseignement aux résidents, je vais aller à la maison de soins palliatifs, et là-dedans, j'ai une semaine d'hospitalisation. Je suis aussi médecin de l'équipe de hockey junior majeur du Drakkar. J'ai la chance de toucher à tout», énumère la jeune femme, qui adore l'esprit de collégialité avec ses collègues et les spécialistes.
Militante pour la médecine en région
Depuis toujours, Marie-Laurence Dionne a un intérêt pour la médecine familiale en région, elle qui a pourtant grandi à Drummondville. «Ce n'est pas assez exploré, ce volet de la médecine. J'étais une militante à l'université par rapport à ça, je trouvais ça important.»
En 2017, avec trois collègues étudiantes en médecine, elle était coresponsable de la logistique du stage, de l'hébergement des participants au covoiturage, en passant par les activités pour découvrir la ville et rencontrer les jeunes médecins qui pratiquaient sur place. Elle se rappelle que tous avaient été très accueillants. L'une d'entre eux est d'ailleurs devenue une collègue.
Déjà à l'époque, la visite du milieu hospitalier et de l'unité de médecine familiale où sont formés les résidents lui avait laissé une forte impression. La graine était semée dans sa tête.
Qualité de vie
Au-delà du travail, elle est tombée en amour avec le fleuve et les plages de Baie-Comeau, où elle n'avait jamais mis les pieds avant 2017. Elle y apprécie aujourd'hui sa qualité de vie, la faible densité de la circulation routière, l'accès à l'eau et à la forêt en cinq minutes. Après le boulot, elle fait de la planche à pagaie, de la randonnée, du ski de fond ou du ski alpin, selon la saison. «Tout est proche. La proximité avec la nature m'a beaucoup charmée.»
Et elle n'est pas la seule. Marie-Laurence Dionne a fait sa résidence en médecine familiale à Baie-Comeau avec quatre amis de l'Université Laval, dont une autre participante au stage de médecine de brousse. Du lot, deux y sont restées, deux sont aujourd'hui installées à Sept-Îles et un autre aux Escoumins. Une bonne moyenne de rétention pour la région.
Cet été, ce sont 24 étudiants du préexternat en médecine de l'Université Laval qui vivront la formation de 10 jours en soins d'urgence, dont une grande simulation de gestion de crise. Combien auront la piqûre?