De plus en plus de pays ont recours à l'affichage sur le devant des emballages pour faciliter la vie aux consommateurs qui veulent éviter les produits alimentaires peu recommandables pour leur santé. Quelle forme cet affichage devrait-il prendre pour être efficace? C'est ce qu'a voulu déterminer un groupe de chercheurs de cinq pays, dont Lana Vanderlee de l'Université Laval, en testant différentes stratégies d'affichage.
Pour ce faire, les chercheurs ont réalisé une enquête en ligne auprès de 22 140 personnes du Canada, des États-Unis, du Mexique, de l'Australie et de Grande-Bretagne. Les participants devaient se prononcer sur l'impression santé qui se dégageait d'une boisson aux fruits dont l'emballage avait été modifié comme suit:
Quelle approche s'est révélée la plus efficace?
Dans les cinq pays étudiés, c'est l'affichage de type «Élevé en sucres» qui contribue le plus à une perception de qualité nutritionnelle moindre de la boisson aux fruits, révèle l'étude publiée par les chercheurs dans Public Health Nutrition. L'efficacité des autres stratégies d'affichage variait selon les pays, mais l'avertissement de type paquet de cigarettes venait au deuxième rang dans quatre des cinq pays.
À l'autre extrémité du spectre, l'affichage de la valeur quotidienne a eu peu d'effet sur la perception de la qualité nutritionnelle du produit. «Transférer sur le devant de l'emballage l'information qui se trouve derrière n'est pas très utile», constate Lana Vanderlee, professeure à l'École de nutrition et chercheuse à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels et au Centre NUTRISS.
«Les avertissements produisent plus d'effet que l'information quantitative, analyse-t-elle. Ils traduisent les informations nutritionnelles dans un langage qualitatif que les consommateurs peuvent facilement comprendre.»
L'affichage de type panneau «stop» est déjà utilisé sur les emballages des produits vendus dans plusieurs pays, souligne la professeure Vanderlee. «Des études rapportent que cette mesure a eu des effets sur les choix alimentaires des consommateurs, mais aussi sur la qualité de l'offre alimentaire. Les fabricants améliorent leurs produits pour éviter que l'avertissement figure sur l'emballage», précise-t-elle.
Au Canada, la question est à l'étude depuis 2018, rappelle la chercheuse «Il semble que la stratégie retenue par Santé Canada sera un avertissement, mais pas sous forme de panneau “stop”. Il y aurait certaines réticences de la part de l'industrie. On craint que ce symbole effraie les consommateurs.»