
Les quatre membres de la délégation de l’Université Laval au récent Concours de plaidoirie Pierre-Basile-Mignault. De gauche à droite: Hubert Chiasson, Victor Lepage, Véronique Milot et Delphine Simard.
— Véronique Milot – Courtoisie, BCF Avocats d’affaires Photo Delphine Simard – Voltaic
Hubert Chiasson, Victor Lepage, Véronique Milot et Delphine Simard terminent actuellement la troisième et dernière année de leur baccalauréat en droit. Ils quitteront ensuite pour l’École du Barreau. Les 11 et 12 février, ils ont représenté leur faculté au 44e Concours de plaidoirie Pierre-Basile-Mignault. La compétition, qui s’est déroulée en mode virtuel, opposait 24 étudiantes et étudiants représentant les six facultés canadiennes de droit civil, soit cinq universités québécoises ainsi que l’Université d’Ottawa. Au terme du concours, Hubert Chiasson et Victor Lepage avaient remporté la finale des tandems, tandis que le premier se voyait attribuer le prix du meilleur plaideur.
«Les quatre étudiantes et étudiants sont des “naturels”, ce sont nos futurs plaideurs vedettes», affirme le professeur Mario Naccarato, l’un des deux enseignants de la Faculté de droit, avec la chargée d’enseignement Isabelle Hudon, à avoir entraîné les quatre étudiants en prévision du concours. «Ils se sont approprié le dossier, poursuit-il, et le tandem composé des deux étudiantes aurait pu remporter les grands honneurs. Le seul fait d’avoir participé au concours représente un grand acquis pour eux. Ils se sont outillés pour la carrière.»
Les étudiants doivent une fière chandelle aux deux enseignants pour la qualité de leur encadrement. Tous deux anciens plaideurs, Mario Naccarato et Isabelle Hudon font équipe depuis trois ans pour le Concours de plaidoirie. Mentionnons que cette dernière a reçu le titre d’avocate émérite du Barreau du Québec en 2017. «En trois ans, Isabelle et moi avons formé le meilleur plaideur du concours à deux reprises et nos étudiants ont remporté plusieurs autres prix, entre autres celui du meilleur mémoire», souligne le professeur Naccarato.
Deux tandems
La préparation des étudiants s’est poursuivie de septembre à février. Véronique Milot et Delphine Simard formaient la partie appelante, tandis que leurs collègues masculins constituaient la partie intimée relativement à un jugement fictif rendu par un tribunal de première instance en matière de droit civil, plus précisément en droit de la construction. Ce jugement fictif avait été préparé par l’Université de Sherbrooke, l’université hôte de la compétition. Il tenait compte du fait que le secteur de la construction donne lieu à des litiges complexes.
Le tandem masculin représentait l’entrepreneur général et avait pour rôle de défendre le bien-fondé du jugement. Le tandem féminin représentait le sous-traitant et devait démontrer que le jugement était mal fondé. Chacun des membres d’un tandem plaidait pendant 15 minutes devant les trois juges. Durant leur longue préparation, chacun des tandems a effectué une recherche juridique et rédigé un mémoire. Chacun a aussi préparé une plaidoirie. L’entraînement a pris la forme de plusieurs séances. Des visiteurs, juges ou avocats en exercice, ainsi que d’anciens champions du concours, ont rehaussé certaines de leur présence. Lors du concours, les participantes et les participants ont plaidé devant Suzanne Côté, juge à la Cour suprême du Canada, Benoît Moore, juge à la Cour d’appel du Québec et Jacques Chamberland, juge retraité de la Cour d’appel du Québec.
«Cette longue préparation fut très intense et très prenante pour des étudiants de premier cycle, soutient le professeur. Ils n’ont vécu que cela pendant cinq mois. Isabelle Hudon et moi avons été très disponibles. Nous avons rencontré les étudiants régulièrement, notamment pendant la période de recherche juridique et de rédaction des mémoires. Les étudiants se sont consultés énormément afin de connaître les côtés forts et faibles de leur plaidoirie. Ils ont travaillé davantage en équipe qu’on pourrait le penser.»
Selon le professeur Naccarato, la plaidoirie est un art axé sur la persuasion. «Une des qualités de base du plaideur est sa connaissance du dossier, affirme-t-il. C’est l’aspect un peu plus rationnel. À cela s’ajoute un élément très personnel. Le plaideur doit être en mesure de se livrer à son auditoire et de le convaincre.»
Une expérience positive
Hubert Chiasson, Victor Lepage, Véronique Milot et Delphine Simard sont ressortis enchantés de leur participation au concours de plaidoirie. Le premier parle d’une «super belle expérience». «La formation au niveau du baccalauréat est très théorique, dit-il. La participation au concours a été une expérience pratique des plus intéressantes. Je la conseille à tout le monde. Sachant que le concours se déroulerait en ligne, nous avons beaucoup préparé cet aspect dans nos pratiques. Par exemple, regarder la caméra et prêter attention aux détails, comme le fond derrière nous. Je veux vraiment faire de la plaidoirie plus tard. J’aimerais faire du litige. Ces avocats plaident beaucoup. Le concours a concrétisé mes attentes. J’ai vraiment aimé ça.»
Victor Lepage, lui, est plus nuancé. «Au début, je n’avais pas en tête de devenir plaideur, mais par défi j’ai accepté, explique-t-il. Une fois lancé, j’ai aimé l’expérience. Nous avons suivi tous nos cours en ligne depuis presque deux ans. Cela nous a permis de mieux nous préparer pour le concours. Je ne pense pas faire carrière comme plaideur. Mais je ne regrette rien. J’ai grandi dans tout cela et j’ai acquis des qualités que l’on peut utiliser en dehors du droit.»
Selon Delphine Simard, tous s’entendent pour dire qu’il s’agissait d’une expérience en or, une occasion à ne pas rater. «C’était quelque chose de pouvoir mettre en pratique les connaissances acquises dans nos cours, soutient-elle. Nous avons été très chanceux d’être encadrés par les deux enseignants. Comme jeunes juristes, nous avions soif de leurs commentaires. Ils nous ont aidés à découvrir chacun notre style, ce que c’est que de plaider. Véronique et moi ressentions un bon stress au début de la plaidoirie à nous produire devant d’aussi importantes personnalités. Mais comme nous avions vécu une expérience semblable à la fin de l’entraînement devant des juristes professionnels, les choses se sont replacées rapidement. L’expérience a confirmé notre intérêt marqué pour la plaidoirie. Elle m’a permis de découvrir l’élément humain du plaideur, soit de vouloir convaincre le juge et le public.»