![<p>Le vendredi 22 mars, sur les plaines d’Abraham, Alex Harvey a terminé dixième du sprint de 15 kilomètres style libre. Le lendemain et le surlendemain, il a terminé deuxième à chacune de ses courses.</p>](https://assets.ulaval.omerloclients.com/5d0e67efd064e271b672fad5d93156f904fc474d790d7aa1af2f45ce300d2f40.jpg??width=1024)
Le vendredi 22 mars, sur les plaines d’Abraham, Alex Harvey a terminé dixième du sprint de 15 kilomètres style libre. Le lendemain et le surlendemain, il a terminé deuxième à chacune de ses courses.
— Louis Charland
Dimanche, en conférence de presse, il a expliqué s'être rendu plus loin en carrière que ce qu'il entrevoyait à ses débuts en compétition internationale. Le jour précédent, après sa course, il écrivait sur son compte Twitter: «Des larmes de joie, mais aussi de soulagement aujourd'hui! Merci à tous ceux qui sont venus me donner des ailes sur les Plaines ce matin!»
Quelques jours avant la compétition, Alex Harvey déclarait ressentir de la nostalgie et de la tristesse à mettre un terme à sa vie d'athlète de haut niveau. Mais sa décision, il l'avait bien mûrie. Dès 2017, il prévoyait prendre sa retraite en 2019, un an après ses troisièmes Jeux olympiques. Dernièrement, dans un long texte qu'il signait sur le site Web de Radio-Canada, Harvey disait avoir hâte de retrouver une vie normale. Parmi ses projets de retraite: terminer son baccalauréat en droit à l'Université Laval, faire son Barreau et… se marier.
Alex Harvey est le fondeur le plus décoré de l'histoire de ce sport au Canada. Au fil des ans, il s'est distingué à moult reprises en Coupe du monde, avec 29 médailles, aux Championnats du monde, avec cinq, ainsi qu'au Tour de ski. Son plus beau souvenir en carrière demeurera celui de champion du monde dans une épreuve individuelle, un titre qu'il a décroché le 5 mars 2017 à Lahti, en Finlande. Son exploit, il l'a réalisé lors du 50 kilomètres départ groupé style libre grâce à un chrono de 1 heure 46 minutes 28 secondes 9 centièmes, seulement six dixièmes de seconde devant son poursuivant immédiat. Avec cette remarquable performance, Harvey devenait le premier Nord-Américain à remporter une médaille à l'épreuve reine du ski de fond. Selon lui, seule une médaille d'or olympique aurait plus de valeur à ses yeux que son titre de champion du monde. Cette année-là, il est monté à sept reprises sur le podium. Il a terminé sa saison en Coupe du monde au troisième rang du classement général.
«Ce jour-là, écrit-il dans son texte diffusé par Radio-Canada, j'ai été le meilleur du monde. J'ai battu cinq Norvégiens, quatre Russes, quatre Finlandais et tous les autres. Sur papier, c'est mon plus grand triomphe. Mais les plus grandes émotions, c'est à Québec, un mois plus tard, que je les ai vécues. Ma victoire au sprint, sur les plaines d'Abraham, même si ce n'était qu'une Coupe du monde, m'a fait vibrer comme jamais.»
Alex Harvey entretenait de grands espoirs au sujet de sa participation aux Jeux olympiques de Pyeongchang, en 2018. Il fut amèrement déçu. La finale de l'épreuve du 50 kilomètres départ groupé style classique lui fit particulièrement mal. Après une course de 2 heures, 11 minutes et 5,7 secondes, il prit la quatrième place, à six secondes seulement du podium. «Il m'était déjà arrivé de pleurer après une compétition, mais jamais autant que ça, écrit-il. Avec le contexte du scandale de dopage de la Russie, c'était extrêmement dur à accepter. Deux Russes m'avaient devancé à l'arrivée. Généralement, quand je bats tous les Norvégiens, je monte sur le podium. Pas cette fois.»
Au fil des ans, Harvey a accordé quelques entrevues au Fil. Il a notamment déclaré que ses succès découlaient de son bagage génétique, de sa détermination et de son travail. Il est le fils de Pierre Harvey, lui-même ancien fondeur international et olympien. La technique a toujours été l'une de ses forces, de même que sa préparation. Le ski de fond, il le décrit comme un sport physique, un sport d'endurance et un sport souffrant. À 29 ans, il était parvenu à des niveaux de puissance et d'endurance encore jamais atteints.
Sur le plan universitaire, cet athlète d'exception bénéficiait d'une entente avec la Faculté de droit, qui lui permettait d'étaler ses études de baccalauréat sur plusieurs années. Son plan de carrière avait comme objectif premier la participation à trois Jeux olympiques. L'été, il était plus disponible pour étudier que durant la saison de ski de fond. C'est ainsi qu'en 2017, Alex Harvey a consacré sept semaines à suivre deux cours magistraux par semaine à l'Université Laval. «J'ai mené la même vie que les autres étudiants, déclarait-il au Fil. J'ai assisté à mes cours, j'ai fait mes lectures et mes travaux et j'ai passé mon examen en même temps que les autres.» Au terme de la session d'automne 2017, il a passé un examen final sous supervision à l'Université de Zurich, en Suisse, un pays où il résidait durant la saison de ski.