Pour se rendre sur place, ils ont parcouru 450 kilomètres en véhicule tout-terrain, 30 kilomètres en canot et 20 kilomètres en portage. Ils ont dormi à la belle étoile et ont bravé la pluie, les mouches noires et les animaux sauvages. Tout ça pour… 20 champignons! «C'était désastreux comme récolte, se souvient Jean-François Bourdon en riant. La cueillette de morilles de feu, c'est une activité que l'on fait davantage pour l'expérience que pour le résultat. À ceux qui me demandent des conseils, je leur dis toujours qu'il y a de fortes chances qu'ils reviennent bredouilles.»
Le 16 février, au pavillon Alphonse-Desjardins, Jean-François Bourdon racontera son périple à l'occasion du 40e Salon de la forêt, un événement annuel organisé par les étudiants de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique. Le guide-mycologue à la Forêt Montmorency, qui s'intéresse aux morilles de feu depuis 2011, en profitera pour partager ses connaissances sur ce champignon.
Pour son projet de maîtrise, Jean-François Bourdon a mis au point un outil cartographique qui permet de mieux prédire les sites propices à l'émergence de morilles de feu. «Au Québec, la cueillette est très difficile, observe-t-il. Il y a plusieurs hypothèses pour expliquer ce phénomène, entre autres le fait que les terrains sont plats. Dans l'Ouest canadien, où l'on compte plusieurs espèces, l'altitude fait en sorte qu'il y a un gradient de température. Plus l'altitude est élevée, plus la température est fraîche. Ainsi, on peut commencer à cueillir dans les zones plus chaudes et monter ensuite dans les pentes. Au Québec, c'est plus compliqué: toutes les morilles de feu poussent en même temps un peu partout. La meilleure période pour faire de la récolte ne dure qu'une semaine et demie.»
Quant aux raisons qui font que ce champignon pousse dans des zones dévastées par le feu, le mystère demeure. «Selon certains chercheurs, la concurrence végétale déplaît aux morilles. La destruction des arbres et de la végétation causée par le feu élimine de la compétition et libère un apport de nutriments très important dans le sol. On ignore cependant ce qui déclenche l'éveil de la morille; cela peut être des facteurs comme le changement de pH dans le sol, l'abondance de nutriments ou le choc thermique.»
Chaque année, la morille de feu fait son apparition dans des forêts qui ont été dévastées par un incendie.
Photo : Jean-François Bourdon
Outre la conférence de Jean-François Bourdon, le Salon de la forêt offrira, cette année encore, plusieurs activités pour les amoureux de la nature. En tout, une trentaine d'exposants seront au pavillon Alphonse-Desjardins pour partager leur passion et répondre aux questions, que ce soit sur l'aménagement forestier, la construction en bois ou la faune sauvage. Des conférences porteront notamment sur la culture de l'ail des bois, l'histoire forestière du Québec et l'ornithologie.
Les organisateurs ont aussi préparé une programmation de films ayant pour thème la forêt, comme Bûcherons de la Manouane (Arthur Lamothe), L'homme qui plantait des arbres (Frédérick Back) et L'agrile du frêne (France Beaudoin). À cela s'ajoutent une soirée contes et légendes, des activités pour les tout-petits et une compétition amicale réunissant des étudiants en foresterie issus de divers établissements d'enseignement.
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