
Le futur étudiant d'Oxford se destine à la carrière d'avocat, mais il n'exclut pas de revenir un jour en politique active.
— Marie Bernatchez (<a href="https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/deed.fr">CC</a>)
Ce commentaire, l'étudiant en droit Léo Bureau-Blouin l'a publié sur son compte Facebook, le 24 novembre. La nouvelle, en effet, n'était pas banale. L'ex-député de 25 ans, qui termine présentement ses études de baccalauréat à l'Université, venait d'apprendre que sa candidature était retenue pour une bourse d'études Rhodes. L'une des plus prestigieuses au monde, cette bourse donne accès, pendant deux années et sans frais, à l'Université d'Oxford, l'un des meilleurs établissements universitaires de la planète. Léo Bureau-Blouin s'envolera donc vers l'Angleterre en septembre prochain pour entreprendre des études de maîtrise en droit.
Sur la liste des personnalités connues qui ont déjà remporté une bourse Rhodes figurent l'ex-président américain, Bill Clinton, le philanthrope et ancien homme politique québécois, Paul Gérin-Lajoie, l'ancien premier ministre de l'Ontario, Bob Rae, ainsi que le professeur retraité de la Faculté de philosophie de l'Université, Thomas De Koninck.
«J'aimerais suivre des cours sur la philosophie du droit, sur les systèmes juridiques européens et sur le droit constitutionnel, explique-t-il. Mes autres champs d'intérêt sont la science politique et l'organisation de la société.» Ce contact avec le droit européen ne sera pas le premier pour Léo Bureau-Blouin puisqu'il passera sa session d'hiver en France. Le 27 janvier, il prenait l'avion pour Paris dans le cadre d'un échange étudiant entre les universités Laval et Paris 2. «Ce voyage, dit-il, me permettra d'en apprendre davantage sur les systèmes juridiques là-bas.»
Chaque année, une centaine d'étudiants de par le monde reçoivent une bourse Rhodes, qui leur permet non seulement d'entrer à Oxford, mais aussi de vivre sans soucis d'argent durant leur séjour. Ainsi, Léo Bureau-Blouin aura annuellement à sa disposition une somme d'environ 70 000$ pour couvrir l'ensemble de ses dépenses. Pour espérer obtenir une telle bourse, le candidat doit avoir des notes scolaires élevées et avoir un engagement social et parascolaire remarquable.
Tous se souviennent des débuts du jeune Léo Bureau-Blouin sur la scène publique en 2012, alors qu'il était président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, et l'un des leaders de la grève étudiante québécoise. Quelques mois plus tard, il était élu député du Parti québécois à l'occasion d'élections générales. Léo Bureau-Blouin a fait son entrée à l'Assemblée nationale du Québec comme le plus jeune député de l'histoire du Québec. Il occupera le poste d'adjoint parlementaire de la première ministre, pour le volet jeunesse. En 2014, il dépose un livre blanc sur la politique québécoise de la jeunesse. La même année, il sera défait lors d'élections générales anticipées.
«J'ai d'abord étudié à temps partiel à l'Université Laval, rappelle-t-il. Après avoir quitté la vie politique, j'ai fait mes études à temps plein. On trouve une grande expertise à la Faculté de droit. Je m'estime très bien outillé pour la suite de mon parcours universitaire.»
L'intérêt de Léo Bureau-Blouin pour le droit remonte à ses années de cégep. «J'avais en tête le droit, raconte-t-il. J'ai toujours aimé parler et défendre des causes. Je voyais le droit comme une façon de comprendre la société. Mon expérience comme représentant étudiant et comme député a confirmé mon intérêt.»
Son goût de la politique, il l'a découvert au moment où il était représentant étudiant. «Mon premier véritable contact avec le gouvernement, poursuit-il, m'a permis de réaliser que les décisions prises par l'État ont vraiment des répercussions sur la vie des citoyens. Mon intérêt pour la politique vient de là.» Sur sa décision de se lancer en politique, il dira: «Pourquoi pas? J'y suis allé, même si je n'avais aucune expérience. Je n'avais même jamais voté aux élections québécoises.» De son passage à l'Assemblée nationale, il retiendra que l'action politique a ses limites. «On ne peut pas, dit-il, toujours faire ce que l'on veut.» Ce qui l'a le plus marqué durant sa vie publique? «La confiance, répond-il, qu'ensemble, collectivement, on peut changer des choses.»
Le futur étudiant d'Oxford se destine à la carrière d'avocat dans un domaine lié au service public. Travailler pour l'État québécois lui plairait également. «Je crois beaucoup au rôle de l'État, affirme-t-il. Malheureusement, il est aujourd'hui dévalorisé, il a peu de ressources et il est l'objet de critiques.»
Léo Bureau-Blouin n'exclut d'ailleurs pas de revenir un jour en politique active. «Je continue à suivre la politique de près, souligne-t-il. Cela dit, il y a plusieurs autres façons de contribuer aux débats de société.» Et que pense-t-il du Québec? «Je le perçois positivement, explique-t-il. Cette société égalitaire et avancée est parfois dure à comprendre dans ses contradictions. Quand on compare notre société de huit millions de citoyens à d'autres, on réalise qu'on en fait pas mal. On a réussi relativement bien. Je suis très optimiste face à l'avenir.»