
On retrouve, à la Forêt Montmorency, un territoire particulièrement giboyeux qui abrite de cinq à huit orignaux aux 10 km2.
— Marc Robitaille
Il faut dire que nous sommes entre bonnes mains: cet éminent naturaliste connaît très bien l'orignal puisqu'il l'étudie depuis plus de 30 ans. Ses connaissances de la faune, il les a acquises auprès de nombreux chercheurs, dont le biologiste Claude Dussault. Charismatique, Pierre Vaillancourt est un conteur-né qui sait transmettre son enthousiasme. «Ce que j'aime, c'est de voir l'émerveillement des gens et de répondre à leurs questions. L'orignal est un animal mythique; c'est le plus gros cervidé de la planète, le roi des forêts, la bête lumineuse. Le safari d'observation est aussi un prétexte pour être dans le bois. Ici, tout est fascinant, que ce soit le lever du soleil, une mésange à tête brune ou le silence de la nature», dit-il.
Offert à l'aube et au crépuscule, le safari permet de développer des connaissances sur la biologie, l'habitat et le comportement de l'orignal. C'est aussi l'occasion d'apprendre sur la plus grande forêt d'enseignement et de recherche au monde, qui appartient à l'Université Laval depuis 50 ans. Le safari, qui fait partie d'un vaste programme d'activités récréatives, s'inscrit dans une perspective de gestion intégrée des ressources.
Le premier arrêt que nous faisons, un belvédère situé près du pavillon central, permet d'avoir une vue d'ensemble des lieux. Au loin se trouve une zone de coupes forestières. Ce secteur dégagé est apprécié des orignaux, qui viennent souvent se nourrir de feuilles ou de bourgeons. Il n'est pas rare, non plus, d'y voir d'autres animaux. «La Forêt Montmorency est un territoire très giboyeux, principalement à cause de son aménagement écosystémique. En plus de l'orignal, c'est un habitat propice pour le castor, le loup et le renard. En faisant des coupes forestières de façon écologique, on peut non seulement maintenir, mais aussi créer de nouveaux habitats fauniques», explique le guide.
Une fois arrivés dans le secteur du lac Joncas, il nous invite à emprunter un chemin de terre battue. Nous le suivons en silence, à pas feutrés. La route est parsemée de traces fraîches, signe qu'il y a des orignaux tout près. L'expert imite des vocalises et frotte un bout de bois contre des arbustes. Des gémissements se font entendre. Puis, des craquements de branches. C'est à ce moment qu'il est apparu: un mastodonte, là, à dix mètres de nous. Notre guide le reconnaît, avec son énorme panache: c'est Bob, un mâle âgé d'environ 8 ans. Un brin timide, le cervidé nous observe quelques instants, les oreilles dressées, puis disparaît comme il est arrivé. Nous tentons alors de le retracer, sans succès. La prochaine fois, peut-être.
Bilan du safari: trois orignaux (un mâle, une femelle et un veau), ainsi qu'un paysage à couper le souffle, dont un ciel rose magnifique. La touriste Carla Mottaz retournera chez elle, en Suisse, la tête remplie de beaux souvenirs… et une carte mémoire surchargée de photos! «C'était très impressionnant et instructif. Avant, j'ignorais ce qu'était une forêt d'enseignement et de recherche. Le safari se fait dans le plus grand respect de la nature afin de préserver l'environnement de l'orignal», constate-t-elle, ravie.
Les safaris ont lieu les vendredis, samedis et dimanches jusqu'au 1er novembre. Deux départs ont lieu chaque jour. Le premier safari, de 6h à 10h, s'adresse aux initiés. Le second, de 15h à 19h, est destiné au grand public. Pour plus d'information: 418-656-2034 ou foretmontmorency.ca