
Les probiotiques trouvés dans les produits laitiers vendus au Canada pourraient avoir un effet similaire à la souche testée par les chercheurs.
Ce probiotique est une souche de Lactobacillus rhamnosus qui aiderait à rééquilibrer la flore de l'intestin. «Des études ont montré que le microbiote intestinal des personnes obèses différait de celui des personnes minces. Cette différence serait attribuable au fait qu'une alimentation riche en graisses et pauvre en fibres favorise certaines bactéries au détriment des autres. Nous voulions savoir si un apport en probiotiques pouvait aider à rééquilibrer la dynamique du microbiote au profit des bactéries bénéfiques», explique la première auteure de l'étude, Marina Sanchez, du Département de kinésiologie.
Pour mettre cette idée à l'épreuve, les chercheurs ont recruté 125 hommes et femmes présentant un surplus de poids. Ils les ont soumis à un régime amaigrissant de 12 semaines, suivi d'une période de 12 semaines visant le maintien du poids. Pendant tout ce temps, la moitié des participants devait avaler quotidiennement deux capsules contenant des Lactobacillus rhamnosus alors que l'autre moitié recevait un placebo
Au terme des 12 semaines de régime, les chercheurs n'ont observé aucune différence de poids entre les sujets des deux groupes. Les choses sont devenues plus intéressantes lorsque les analyses ont été refaites en tenant compte du sexe. Chez les hommes, aucun effet n'a été décelé, mais chez les femmes, surprise!, la perte de poids atteignait 4,4 kg dans le groupe probiotique contre 2,6 kg dans le groupe placebo. «Nous ignorons pourquoi le probiotique n'a pas produit d'effet chez les hommes. C'est peut-être en raison du dosage ou de la durée trop courte de l'étude», avance Marina Sanchez.
La suite recelait une autre bonne nouvelle. Au terme de la période de maintien, le poids des femmes du groupe placebo était resté stable, mais la perte de poids s'était poursuivie dans le groupe probiotique pour atteindre 5,2 kg. Tous comptes faits, la perte de poids est donc deux fois plus grande chez les femmes consommant le probiotique. La plus grande partie de cette perte de poids est attribuable à une diminution de la masse adipeuse. Chez les femmes du groupe probiotique, les chercheurs ont aussi noté une baisse de leptine, l'hormone qui gouverne l'appétit, de même qu'une diminution de l'abondance relative de bactéries intestinales liées à l'obésité.
Selon la chercheuse, les probiotiques agiraient en modifiant la perméabilité de la paroi intestinale. En empêchant certaines molécules proinflammatoires de se retrouver dans le sang, ils préviendraient le déclenchement de la cascade de réactions conduisant à l'intolérance au glucose, au diabète de type 2 et à l'obésité.
Les probiotiques trouvés dans les produits laitiers vendus au Canada pourraient avoir un effet similaire, croit Marina Sanchez. Pour que ces bactéries bénéfiques s'installent et prolifèrent dans la jungle intestinale, il faut toutefois leur fournir une nourriture adéquate, rappelle-t-elle. En deux mots, ça signifie adopter une alimentation pauvre en graisses et riche en fibres.
L'étude publiée dans le British Journal of Nutrition est signée par Marina Sanchez, Jean Doré et Angelo Tremblay, du Département de kinésiologie, Vicky Drapeau, du Département d'éducation physique, André Marette, Geneviève Chevrier et Emmanuelle St-Amand, du Département de médecine, et par neuf chercheurs du Centre de recherche Nestlé à Lausanne.


























