
Les règles utilisées pour produire les épinettes blanches destinées au reboisement des forêts assureraient la conservation de la diversité génétique de l'espèce.
— Martine Lapointe/Université Laval
Les deux populations qui ont fait l'objet d'une pression sélective étaient constituées d'arbres remarquables regroupant des spécimens dont le taux de croissance se situait au-delà des 87e et 95e percentiles. La population témoin était composée d'épinettes dont le taux de croissance était dans la moyenne.
Bien que les opérations de sélection réduisent le nombre d'arbres à un sous-ensemble très restreint de spécimens – respectivement 71 et 28 épinettes sélectes –, les chercheurs n'ont décelé aucun effet significatif sur la diversité génétique. «Nous n'avons pas observé d'élimination d'allèles, dit Jean Bousquet. Par ailleurs, même si certains allèles favorables ont connu une légère augmentation de fréquence, ils n'ont pas déplacé les autres allèles pour autant.»
Ces résultats, publiés dans le numéro de septembre d'Evolutionary Applications, concordent avec les prédictions de la génétique quantitative, poursuit le chercheur. «Un caractère complexe comme le taux de croissance dépend d'un grand nombre de gènes à allèles communs qui ont chacun un petit effet sur le résultat final. Il est donc peu probable que la sélection entraîne la perte de ces allèles communs.»
Les épinettes issues des programmes de croisement d'arbres sélects ne servent pas au reboisement des forêts naturelles, précise le professeur Bousquet. Elles sont destinées à établir des plantations sur des terres agricoles abandonnées afin de diminuer la pression de récolte dans les forêts naturelles.
«Quant au programme d’amélioration génétique des arbres destinés au reboisement forestier, les règles appliquées au Québec en matière de maintien de la diversité génétique au sein des variétés améliorées sont parmi les plus sévères au monde. Des dizaines, voire des centaines de génotypes sont sélectionnés à chaque génération pour composer les variétés en reboisement pour chacune des espèces. À la lumière de notre étude, il y a donc tout lieu de croire que la conservation de la diversité génétique naturelle est largement assurée par les règles actuelles», conclut le chercheur.