
Le climat de crise qui sévit actuellement en foresterie résulte de facteurs économiques et sociaux liés à la compétitivité et à la productivité du secteur. Cette situation met en lumière la complexité du continuum des activités en forêt. Depuis la fin des années 1970, les activités industrielles ont évolué d'une structure entièrement contrôlée par les grandes compagnies de pâtes et papiers vers une organisation plus flexible et décentralisée qui se caractérise par un recours généralisé à la sous-traitance. «C'est pourquoi il est primordial de comprendre le rôle critique de l'entrepreneur forestier et de percevoir le réseau d'approvisionnement forestier comme un outil de création de valeur dans l'industrie», selon Luc LeBel qui est professeur au Département des sciences du bois et de la forêt.
Développer des compétences
Plus spécifiquement, PREFORT vise à mettre au point des outils diagnostiques de la performance des entreprises forestières et des outils d'aide à la décision pour les entrepreneurs gestionnaires. La recherche, elle, s'articulera autour de quatre axes principaux: établir un modèle descriptif du réseau d'approvisionnement forestier, un modèle d'évaluation de la performance, le profil des entrepreneurs et leurs pratiques de gestion ainsi que le développement de la formation, du mentorat et de la relève dans le secteur. Le programme concourra à la formation d'une douzaine d'étudiants-chercheurs. Les aspects portant sur la formation pratique seront menés en étroite collaboration avec des professionnels du monde de l'éducation du Québec. Un sondage en cours permettra d'en connaître davantage à propos des quelque 2 500 entrepreneurs forestiers du Québec. Plus de 500 d'entre eux ont déjà répondu au sondage. L'analyse préliminaire permet de mesurer une partie des inquiétudes concernant la difficulté à intéresser la nouvelle génération à prendre le relais comme travailleurs et entrepreneurs forestiers.
C'est l'aspect formation de la main-d'œuvre qui préoccupe la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Michelle Courchesne. «Il faut, souligne-t-elle, soutenir le développement des compétences pour favoriser une nouvelle génération d'entrepreneurs et de travailleurs forestiers, laquelle devra relever le défi de maintenir la capacité de récolte dans une perspective de développement durable. C'est pourquoi notre gouvernement s'associe à ce projet structurant en investissant une somme pouvant atteindre 1,7 M $ pour la formation et le perfectionnement des travailleurs.»
Le défi est aussi lié à l'éloignement géographique des entrepreneurs. PREFORT fera largement appel aux technologies de formation à distance afin de combler les besoins des entrepreneurs installés en région, près de la ressource, mais loin des chercheurs et professeurs. L'Université Laval a déjà fait ses preuves en la matière (cours virtuels, multiples utilisations du Web, visioconférences jusqu'en Afrique). Le lancement du programme a d'ailleurs eu lieu simultanément à Jonquière, Baie-Comeau, La Tuque et Québec, en présence de participants qui ont pu témoigner de leur appui dans chaque région.
Le gouvernement du Canada contribue au projet par l'entremise du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie, du Conseil de recherche en sciences humaines et du Service canadien des forêts. De nombreux partenaires industriels (Groupe Rémabec, Produits Forestiers Arbec, Équipements Sigma, Carrefour du Camion Lac-Saint-Jean), financiers (Desjardins, Mallette, Riverin Girard et Associés), et du domaine de la formation professionnelle (Commission scolaire du Pays-des-Bleuets, Centre de formation en transport de Charlesbourg, Démo Forêt 2000) sont associés au projet. Collaborent également au programme le Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean et le CLD de Sept-Rivières.