
Les parcs et les aires protégées offrent une solution naturelle aux changements climatiques. Ils permettent notamment de conserver la biodiversité, de préserver les écosystèmes et d'en assurer le bon fonctionnement.
— Patrice et Hoang-Anh
Les aires protégées permettent de renforcer la résilience écologique d'un territoire en servant de refuge à la biodiversité. Or, voilà: la superficie de certains parcs, comme ceux de la Gaspésie et de la Mauricie, est trop petite pour être efficace. «Pour être particulièrement résilient face aux changements climatiques, un parc national doit avoir une superficie d'au moins 3 000 kilomètres carrés. Le parc de la Mauricie fait 500 kilomètres carrés et celui de la Gaspésie, 800. Leur dimension n'est donc pas suffisante et il est difficile, politiquement, de l'élargir. C'est pourquoi il faut trouver de nouveaux outils de conservation», explique Louis Bélanger, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt.
Depuis six ans, avec plusieurs partenaires publics, il codirige un projet-pilote qui vise à implanter des aires protégées polyvalentes autour de ces deux parcs. Ce modèle d'aménagement a pour particularité d'offrir différentes formes d'utilisation durable du territoire, tout en assurant la protection et le maintien de la biodiversité. Fort populaire en Europe, il est peu connu de ce côté-ci de l'océan. L'ajout d'aires protégées polyvalentes permettrait de créer et de gérer, par des moyens légaux et administratifs, des zones de transition entre les portions de territoire aménagées et celles réservées à la préservation. Les caribous et les autres espèces en péril qui errent souvent à l'extérieur des parcs auraient ainsi de meilleures chances de s'adapter aux changements climatiques.
Ce projet, que l'on espère concrétiser d'ici trois ans, sera présenté à l'occasion d'une table ronde intitulée «S'adapter aux changements climatiques: le cas des aires protégées». En plus du professeur Bélanger, cette activité réunira François Brassard, ingénieur forestier à la Direction des aires protégées du ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, et Claude Samson, spécialiste de la surveillance écologique à la Direction de la conservation des ressources naturelles de Parcs Canada. Elle est organisée par l'Institut EDS, en partenariat avec l'organisme Ouranos et la Chaire de recherche du Canada en droit de l'environnement.
Pour Louis Bélanger, qui collabore depuis longtemps avec les parcs nationaux, l'Université Laval a tout ce qu'il faut pour jouer un rôle clé dans le domaine de l'adaptation aux changements climatiques. Elle est d'ailleurs l'un des rares établissements à posséder deux réserves naturelles, la Forêt Montmorency, plus grande forêt d'enseignement et de recherche au monde, et le site de la Station agronomique de Saint-Augustin. «L'Université comprend plusieurs chercheurs, départements ou centres de recherche qui se préoccupent de l'aménagement du territoire et de la conservation de la biodiversité. Certains professeurs ont développé de solides relations de travail avec des parcs nationaux et des ministères. Pour ces organismes publics, cette collaboration avec le milieu universitaire est une belle façon de tester de nouveaux concepts, tout en gardant une rigueur scientifique», conclut-il.
Le mardi 28 février, à 16h30, au locaux 2320-2330 du pavillon Gene-H.-Kruger. L'entrée est libre. La table ronde sera diffusée en direct sur le Web.