Les outils numériques qui promettent d'améliorer la qualité de vie des personnes âgées souffrant de déclin cognitif ainsi que celle des proches aidants atteignent-ils leur objectif? Il semble que oui, si on en juge par les conclusions d'une méta-analyse qui vient de paraître dans la revue scientifique The Gerontologist.
Les chercheurs belges et québécois qui signent cet article ont examiné les résultats de 72 études qui ont évalué l'efficacité de 70 outils numériques destinés aux personnes atteintes de déclin cognitif léger ou de démence ainsi qu'aux proches aidants. Leurs constats reposent sur l'évaluation des retombées de ces outils chez plus de 3400 personnes.
Rappelons que la plupart de ces outils se présentent sous la forme de logiciels, d'applications ou de sites Web. On y retrouve principalement des exercices visant à ralentir le déclin des capacités cognitives, du matériel éducatif sur le déclin cognitif et des plateformes Web servant à soutenir les proches aidants.
Les analyses des chercheurs ont révélé que:
56% des études rapportent des effets positifs pour les personnes âgées. Ces effets touchent principalement la cognition (mémoire) et le fonctionnement psychosocial (par exemple, la capacité d'avoir des conversations et de participer à des activités sociales).
47% des études rapportent des effets positifs pour les proches aidants. Ces effets touchent principalement le fonctionnement psychosocial et la capacité de prendre soin de personnes atteintes de déclin cognitif.
40% des études rapportent des effets positifs sur les symptômes de dépression, tant chez les personnes âgées que chez les proches aidants.
«Dans l'ensemble, ces outils numériques semblent avoir des effets positifs sur le fonctionnement psychosocial et sur la cognition. Ils pourraient être inclus dans la stratégie québécoise visant le vieillir en santé», résume l'une des auteurs de l'étude, Marie-Pierre Gagnon, professeure à la Faculté des sciences infirmières et chercheuse rattachée à Vitam-Centre de recherche en santé durable.
La plupart des outils évalués dans cette étude ciblaient le fonctionnement psychosocial et la cognition, constate la professeure Gagnon. «Il serait intéressant de développer des outils qui visent la personne dans sa globalité, notamment sa capacité de vivre de façon autonome plus longtemps», ajoute-t-elle.
Au cours des prochaines années, le nombre d'outils numériques destinés à ralentir le déclin cognitif devrait connaître une croissance qui ira de pair avec le vieillissement de la population. Marie-Pierre Gagnon et ses collaborateurs sont bien conscients qu'il ne sera pas facile de s'y retrouver à mesure que l'offre grandira. «Pour faciliter le choix d'un outil fiable, nous développons une plateforme qui aidera les patients, les proches et les professionnels de la santé à sélectionner l'outil le mieux adapté à chaque cas. Si tout va comme prévu, cette plateforme sera mise en ligne pendant l'année 2022.»
Les autres chercheuses de l'Université Laval qui signent l'article paru dans The Gerontologist sont Mame-Awa Ndiaye et Anik Giguère.