
Jean Paul Lemieux, La Fête-Dieu à Québec, 1944. Huile sur toile. Coll. MNBAQ. Cette toile sera au centre des activités de la Nuit de la création organisée par les étudiants de la Faculté des lettres.
«Nous avons voulu regrouper toutes les forces vives de la Faculté pour présenter une performance unique et expérimentale dans un lieu public de la ville de Québec, explique Guillaume Pinson, vice-doyen à la recherche et au développement de la Faculté des lettres et coordonnateur du projet. L’idée était de confier un espace public à nos forces créatrices, le temps d’une nuit, afin qu’elles expriment tout leur talent. Le Musée a été extrêmement réceptif à notre proposition et il a accepté de nous ouvrir ses portes jusqu’aux petites heures du matin.» Une façon inédite pour l’établissement de faire vivre ses collections et de partir à la conquête d’un public de jeunes adultes qui a tendance à délaisser les expositions d’art.
Dès 21 heures, le Musée laissera entrer les visiteurs qui partiront à l’assaut de ses salles et des nombreuses performances artistiques présentées. «Le tableau de Jean-Paul Lemieux intitulé La Fête-Dieu à Québec sera au centre de la soirée, résume le coordonnateur. Cette Nuit de la création aura ainsi pour thème la parade et la procession.» Parmi les multiples œuvres artistiques imaginées, il y aura celle des étudiants en théâtre et en littérature dont les professeurs ont joué sur ce thème durant la session. «Nous avons imaginé une formule qui allie les différentes missions de notre faculté, précise le vice-doyen, en donnant un espace de création à ces étudiants tout en menant à bien des projets pédagogiques.»
Les clés de la toile
Pendant plus de deux heures, les étudiants en théâtre mettront en scène les spectateurs devenus acteurs tandis que ceux en histoire de l’art leur fourniront les outils destinés à mieux comprendre le tableau de Jean-Paul Lemieux. «Au cours d’une procession en quatorze stations, nous dévoilerons les clés destinées à résoudre les énigmes de cette œuvre, précise Marc Gauthier, étudiant en histoire de l’art. À la fin, devant la peinture originale, les visiteurs pourront nous poser toutes les questions qui auront germé dans leur esprit pendant ce parcours.» Leurs collègues plus «littéraires» entraîneront quant à eux les visiteurs sur les chemins du slam, cette poésie du 21e siècle qui dit les maux, les mots et l’émoi. La performance théâtrale de Gabrielle Thibault-Delorme devrait pour sa part autant étonner que détonner. «C’est une mise en abîme autocritique, avance-t-elle. Je déclamerai un texte parlant d’un texte que je n’ai pas réussi à écrire parce que le thème même de la Nuit de la création me renvoyait au vide.»
De son côté, Alain Jetté, étudiant à la maîtrise en cinéma, a choisi de donner un visage à la Fête-Dieu en filmant un documentaire mettant en scène sœur Monique Vachon. Religieuse très âgée, elle confie ses souvenirs à la caméra et dit toute l’importance accordée aux célébrations de l’eucharistie qui ont baigné son enfance. Les premières heures de la soirée devraient finalement permettre de belles découvertes dans les multiples recoins du musée. Ce sera ensuite au tour de la chanson, des contes et de la musique de prendre place dans l’auditorium.
Cette Nuit de la création, qui devait à l’origine souligner les 400 ans de la ville de Québec, est un projet très ambitieux. D’abord suspendu pour les raisons techniques et financières, il a su trouver dans le MNBAQ un partenaire idéal. «Le Musée a accepté de jouer le jeu et il met à notre disposition tous ses services pour que cette nuit soit inoubliable», dit Guillaume Pinson. Il espère que cette Nuit de la création sera une réussite et qu’elle deviendra un rendez-vous annuel. «Il y a tellement de lieux publics que nous pourrions investir et mettre en valeur le temps d’une nuit!»
Nuit de la création, le jeudi 26 mars, au Musée national des beaux-arts du Québec, Parc des Champs-de-Bataille, à partir de 21 h. Entrée libre.