Comment fait-il? C'est la question que l'on se pose indubitablement à l'écoute de Sens uniques, un album jazz contemporain où s'enchaînent les prouesses techniques. Les 10 pièces sont basées sur une approche d'improvisation développée dans le cadre des recherches doctorales du guitariste et compositeur François Rioux, bien connu pour son travail au sein du groupe The Lost Fingers.
L'album, produit par Arté Boréal, a été enregistré au Laboratoire audionumérique de recherche et de création de la Faculté de musique. «Ça faisait longtemps que j'y rêvais, à cet album solo. Il marque l'aboutissement de mon doctorat à l'Université Laval, qui nous offre l'occasion de faire un disque à l'issue du programme en interprétation. L'album, même s'il est basé sur des recherches pointues, se veut accessible», dit celui qui s'est inspiré de rythmes afro-cubains, de nu jazz et de musique baroque.
Le titre, Sens uniques, fait référence à la rencontre de deux mélodies distinctes jouées avec la même guitare. «Un peu comme le faisait Jean-Sébastien Bach avec la musique classique, je joue deux mélodies simultanément. Il s'agit d'une approche très peu développée en guitare jazz, c'est pourquoi j'ai décidé de l'exploiter dans mes études. La majorité des pièces de l'album ont cet élément à travers les compositions. À l'écoute, on peut se demander s'il y a deux instruments qui jouent, mais il n'y en a toujours qu'un seul.»
L'album sera lancé à l'occasion d'un spectacle le 18 septembre à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec. François Rioux sera accompagné de ses musiciens, le pianiste Sébastien Champagne, le contrebassiste Alex Morrissette et le batteur Olivier Bussières. La chanteuse Stéphanie Laliberté se joindra au quatuor le temps de quelques pièces.
Du studio d'enregistrement à la scène, il y a un pas difficile à franchir, admet le guitariste. «Interpréter cet album devant public, c'est excessivement exigeant et stressant. Un tel spectacle se prépare plusieurs mois à l'avance. Il faut dire que ça fait depuis 2013 que je travaille sur ces techniques d'improvisation.»
Des projets plein la tête
François Rioux est de ces artistes qui ne chôment pas malgré le ralentissement des activités culturelles lié à la pandémie. Cet été, il a donné une série de concerts avec The Lost Fingers, en plus de l'enseignement.
Avec la doyenne de la Faculté de musique, Carmen Bernier, il a aussi mis sur pied un programme de mentorat pour les étudiants nouvellement inscrits. Ce projet, créé dans la foulée du Campus estival, a permis à douze musiciens de la relève de présenter des spectacles sur le campus et de faire partie de la programmation du Festival Québec Jazz en Juin. De plus, les étudiants ont bénéficié de classes de maîtres et de sessions d'enregistrement en studio, qui ont été filmées pour leur portfolio.
«Pour ces jeunes, ce fut une première expérience professionnelle absolument géniale. Après plusieurs mois de cours à distance, ils ont pu rencontrer des musiciens réputés et côtoyer les autres étudiants du programme, l'aspect social étant très important lorsqu'on fait des études», souligne François Rioux.
Le 23 septembre, le professeur aura une autre surprise pour ses étudiants: une rencontre avec le célèbre Gilad Hekselman. Guitariste israélien basé à New York, ce virtuose sera de passage au Théâtre de la Cité universitaire pour donner une classe de maître. Un spectacle avec son trio de musiciens est également prévu en soirée. Les deux activités sont ouvertes au grand public.
«Nous sommes privilégiés d'accueillir ce guitariste sur le campus. Gilad Hekselman est une sommité mondiale dans son domaine. Il est l'un des trois meilleurs guitaristes jazz. Il est complètement incroyable!»