L'humoriste Anas Hassouna a présenté un spectacle, le 6 octobre à l'amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins, à l'occasion de la Semaine de l'inclusion.
— Yan Doublet
«Les Blancs n’ont pas inventé le racisme. Tout le monde est raciste. Partout sur Terre. C’est même ça qui nous unit», a rigolé Anas Hassouna pendant son spectacle d’humour présenté le 6 octobre en début de soirée à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. «Je ne comprends pas pourquoi on n’est pas raciste de manière égale. Il devrait y avoir au Québec un racisme plus inclusif», a-t-il ajouté avant de faire ressortir avec beaucoup d’humour les perceptions qu’ont les Québécoises et Québécois de souche «des Arabes, des Noirs et des Chinois».
Ce spectacle-bénéfice était présenté à l’occasion de la Semaine de l’inclusion, organisée par le Bureau de l’équité, de la diversité et de l’inclusion (EDI) de l’Université Laval. «Je trouve super pour une université d’accueillir un spectacle d’humour. Faire preuve d’audace, c’est aussi ça. Oser parler autrement, oser dialoguer autrement. Il est important de rire de nos travers», a souligné dans son discours d’ouverture la vice-rectrice adjointe aux affaires internationales, au développement durable et à l’EDI, Emmanuelle Careau.
C’est précisément ce qu’ont fait les humoristes Anas Hassouna, la tête d’affiche, et Erickson Alisme, qui assurait la première partie du spectacle. Racontant entre autres des anecdotes sur leurs familles respectives, leur origine et leur enfance, ils ont mis en évidence quelques travers des relations multiethniques au Québec.
Erickson Alisme, le 6e d’une fratrie de 10
Étoile montante de l’humour depuis cinq ans, Erickson Alisme est un nom à retenir. «Quand j’ai commencé dans le métier, j’ai rencontré ce monsieur [en parlant d’Anas Hassouna, NDLR] qui m’a un peu pris sous son aile», indique-t-il en entrevue. Depuis, tous deux travaillent souvent ensemble, présentant chacun leur point de vue de la diversité au Québec.
Issu d’une famille nombreuse, Erickson Alisme profite de ses trois frères et six sœurs pour raconter quelques situations cocasses. Outre sa vie en colocation et sa petite taille, l’humoriste s’inspire également de la couleur de sa peau pour lancer quelques gags, riant avec gentillesse «des vieilles madames blanches en région qui ont encore peur des Noirs».
L'humoriste Erickson Alisme assurait la première partie du spectacle.
— Yan Doublet
Anas Hassouna: un bon gars
Diplômé de l’École nationale de l’humour en 2015, Anas Hassouna a acquis une certaine notoriété en participant à des émissions comme le Club Soly et Big Brother Célébrités 3. Né au Québec de parents marocains, il présente un spectacle où il nous confie ses rêves d’être un bon gars. À partir de cette ligne directrice, il plaisante notamment sur la grossophobie et l’islamophobie, deux thématiques qu’il peut développer à partir de ses expériences d’enfant, d’abord à Montréal-Nord – dans un milieu majoritairement arabe et haïtien –, puis à Repentigny.
Dans ses monologues, il parle également de pauvreté, une autre forme de discrimination pour laquelle il revendique de nouvelles appellations comme «membre de la diversité financière» ou «personne avec un crédit de petite taille». Ce thème était particulièrement pertinent pour son passage sur le campus puisque la totalité de la somme recueillie par la vente des billets du spectacle a été remise à la Table du pain, une initiative étudiante qui vise à lutter contre la précarité alimentaire et l’isolement social dans la communauté étudiante.
Figures de la diversité
Dans son spectacle, Anas Hassouna admet en riant qu’en raison de ses origines, il a parfois l’impression de répondre à des normes EDI dans le monde du spectacle. «Il y a un spot diversité. Et il y a huit humoristes dedans. Pis en plus, on le partage avec Mona de Grenoble», ironise-t-il. Est-ce une situation qui l’agace parfois? «Non, pas du tout», répond-il en entrevue. «Erickson et moi, on représente l’inclusion, plutôt malgré nous, mais tant qu’à faire, on a choisi d’embrasser cette situation. Ça permet d’en parler. Ça nous donne aussi l’occasion d’en rire», ajoute-t-il devant son acolyte, qui opine de la tête.
Un événement pour favoriser le vivre-ensemble
Pour une deuxième année, la Semaine de l’inclusion invite à réfléchir et à célébrer de différentes manières le respect des différences et la richesse de la diversité. Du 6 au 12 octobre, plusieurs activités comme des conférences, des spectacles, des balados, une exposition, un jeu, des projections et un atelier culinaire sont organisées aux quatre coins du campus. Ces activités portent sur des sujets aussi variés que la santé des personnes trans, les défis professionnels des femmes afrodescendantes et les défis de la conciliation parentalité-études.
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