
«Attachez bien vos lacets», lance Gaspard Octeus à une vingtaine de nouveaux étudiants agglomérés devant la Coop Zone. Affichant un t-shirt rouge au logo de l'Université Laval, le doctorant en géographie les entraîne dans une visite guidée de deux heures pour les familiariser avec leur milieu d'études. Bienvenue sur le campus!
Ils viennent d'Algérie, du Mali, de France, du Cambodge et la plupart foule pour la première fois les rues de l'Université, de la Médecine, du PEPS et l'avenue du Séminaire. Chaque arrêt suscite son lot de questions. Par exemple, pourquoi l'Université Laval n'est-elle pas… à Laval? Parce qu'elle porte le nom de Monseigneur François de Montmorency-Laval, qui fonde à Québec, en 1663, le premier établissement d'enseignement de la Nouvelle-France, le Séminaire de Québec, duquel découle l'Université.
Du bouton d'appel pour stopper la circulation et permettre le passage piétonnier, aux panneaux affichés à l'entrée des pavillons pour donner les indications, Gaspard Octeus informe avec bienveillance, alors que sa collègue Béatrice ferme la marche. «Un conseil, dit-il, venez vous pratiquer avant votre premier jour. Repérez votre pavillon et vos salles de cours.»
Cette visite guidée est un aperçu de tout ce qui est déployé pour accueillir les quelque 1000 à 1500 nouveaux étudiants de l'international chaque session. Une vingtaine d'étudiants employés qui parlent français, anglais, espagnol, portugais, arabe ou perse ont été formés par le Bureau de la vie étudiante (BVE) pour faciliter leur arrivée, explique Marie-Alexandre Lepage-Lemieux, coordonnatrice d'activités.
Accueillis dès leur pays d'origine
Dès la mi-juillet, certains sont à l'œuvre pour faire des «séances prédépart», des appels par Zoom avec les futurs étudiants qui sont encore dans leur pays. Gaspard Octeus avait eu un premier contact alors qu'il était en Haïti. «C'était tellement cool! Se sentir accueilli avant même d'arriver, ça aide beaucoup. Et une fois rendu ici, j'ai pris des consultations avec le BVE pour m'aider en immigration et en orientation pour mes cours.»
Il s'implique maintenant pour redonner au suivant. «J'ai passé les 10 dernières années de ma vie comme étudiant international, hors de mon pays. J'ai une idée de ce qu'ils ressentent, des difficultés qu'ils rencontrent.» La morale de son histoire: «Impliquez-vous! C'est le meilleur moyen de s'adapter et de s'intégrer», plaide-t-il en parlant notamment des associations étudiantes comme la CADEUL pour les étudiants du premier cycle et de l'AELIES pour ceux des cycles supérieurs.

Sa collègue Jana Plourde, employée au BVE et marraine au programme de jumelage, invite aussi les étudiantes et étudiants à simplement participer à des activités pour se mélanger aux autres et faire des rencontres. Plus de 130 de ces activités sont prévues cette année pour les étudiants et étudiantes de l'international (ateliers, conférences, match de soccer, soirée cinéma québécois, midi-pizza et jeux de société), sans compter les sorties découverte du Québec, souligne Marie-Alexandre Lepage-Lemieux.
Le BVE offre par ailleurs à ses employés une formation sur la détresse psychologique afin qu'ils puissent détecter les étudiants en état de choc. «On est là en soutien, indique Jana Plourde, qui étudie au baccalauréat intégré en études internationales et langues modernes et a elle-même fait plusieurs échanges à l'international. On leur dit que c'est normal d'être perdu, déstabilisé. Quand on fait un échange pour la première fois, on pense que ça va être simple, on se dit que c'est un voyage, on a une vision romantique de la chose, alors que c'est une nouvelle façon d'étudier, de vivre. Parfois, c'est la première fois qu'on habite loin de chez nos parents.»
On l'a beaucoup questionnée, par exemple, sur le fonctionnement des épiceries. «Ce n'est pas le même système partout, j'explique que les aliments et les produits médicaux ne se vendent pas aux mêmes endroits, qu'il y a des pharmacies, que les dépanneurs restent ouverts plus tard», illustre l'étudiante québécoise.
Sur le site du BVE, dans la section alimentation, il y a d'ailleurs les adresses d'épiceries internationales, souligne Gaspard Octeus.
Retour à sa visite guidée, qu'il agrémente de quelques questions auxquelles a brillamment répondu Éli, le fils d'une étudiante québécoise, les visites étant ouvertes à tous. Une famille de quatre résidents du Nouveau-Brunswick est aussi de la partie, venue explorer le campus pour le fils aîné.
Dans la cafétéria du pavillon Charles-De Koninck, le guide montre les babillards remplis de messages: «Service d'impôts, colocataire recherché... Ça vaut parfois la peine de s'y arrêter». Le groupe se dirige maintenant vers les tunnels, «les routes les plus fréquentées en hiver», rigole Gaspard Octeus. Mais attention, s'ils sont bien pratiques les jours de tempête de neige, il faut calculer un temps de marche plus long qu'à l'extérieur pour se rendre du point A au point B.

Khiry Alissa, inscrite à la maîtrise en aménagement du territoire et développement régional, écarquille les yeux devant les piscines du PEPS et les structures en bois apparentes. Algérienne venue étudier à l'Université Laval après avoir suivi une formation en ligne, elle est tout sourire en découvrant son nouvel environnement. Le campus fait 1,8 kilomètre carré, dont 60% de la superficie est occupée par des espaces verts, décline le guide en guise de conclusion. «C'est parfait!» souffle-t-elle, visiblement satisfaite. Il ne lui reste plus qu'à trouver une garderie pour sa fille de trois ans.