
Quatre spécialistes du Département de science politique ont collaboré au questionnaire de la Boussole électorale.
Ces données sont tirées de la Boussole électorale 2014, un outil d'éducation politique conçu par des universitaires et visant à stimuler l'intérêt des citoyens pour les campagnes électorales. Elles ont été prélevées à différents moments de la campagne qui vient de prendre fin au Québec. La Boussole a aidé des citoyens à se situer sur le plan politique, à trouver leurs repères et à éclairer leur choix. Cette activité originale en était à sa deuxième édition. La fois précédente remonte à 2012, alors que le Parti québécois avait pris le pouvoir.
Le soir du scrutin du 7 avril, à la fermeture des bureaux de vote, l'indicateur de la Boussole, hébergé par le site Web de la Société Radio-Canada, indiquait plus de 471 000 visites. En 2012, le nombre d'utilisations s'élevait à environ 550 000. «Nous sommes très contents du résultat», souligne le professeur François Gélineau, du Département de science politique. Avec ses collègues François Pétry, Éric Montigny et Marc-André Bodet, de même que Patrick Fournier de l'Université de Montréal, il forme le comité scientifique de la Boussole. Ensemble, ils en ont élaboré le questionnaire. Selon François Gélineau, l'utilisation de la Boussole a dépassé les attentes. «Fondamentalement, dit-il, les enjeux étaient semblables à ceux de 2012. L'actualité n'a pas changé à ce point. On aurait donc pu s'attendre à un désintérêt de la part de l'électorat. Mais je pense que nous avons réussi à relever le défi.»
Une des nouveautés cette année: l'ajout de la question du jour. À un moment de la campagne, les répondants se sont fait demander s'ils préféraient un gouvernement minoritaire ou majoritaire. Une autre fois, la Boussole les a questionnés sur leur opinion à propos des politiciens au cours de la campagne. À une autre occasion, la question portait sur l'enjeu, comme la Charte de la laïcité ou l'intégrité des partis, qui aurait le plus d'influence sur le vote des utilisateurs.
Le questionnaire, quant à lui, contenait plusieurs questions audacieuses. L'une d'elles portait sur le nombre d'immigrants que le Québec devrait admettre. Une autre demandait si le gouvernement devait privatiser Hydro-Québec. Ou encore: devrait-on interdire aux élèves issus des écoles francophones l'accès aux cégeps anglophones?
«Par nos questions, nous voulions que les électeurs se polarisent, explique François Gélineau. Cela prend des questions qui provoquent, qui donnent une saveur à la Boussole et qui représentent des enjeux alimentés par les partis.»
Comme en 2012, les questions de la Boussole 2014 se répartissaient en dix catégories. À la question relative à l'exploitation du pétrole au Québec, 16% des hommes estimaient que l'on devrait l'interdire, contre 27% des femmes. Les réponses révèlent que les électrices se souciaient plus d'enjeux sociaux comme l'éducation et la santé. Les hommes, eux, se préoccupaient davantage d'économie et de constitution. Dans la région de Montréal, les électeurs penchaient plus à gauche sur les questions économiques et sociales que ceux de la région de Québec. Peu importe leur groupe d'âge, les utilisateurs de la Boussole considéraient l'économie, suivie de la santé, comme les deux principaux enjeux. À la question «il faut équilibrer le budget du Québec coûte que coûte», 69% ont répondu par l'affirmative. Enfin, un dernier constat: durant la campagne, on a observé un pourcentage d'indécis de 20% chez les 18-34 ans. Chez les 55 ans et plus, la proportion s'élevait à 7%.