Clermont Dupuis était professeur au Département d’informatique et de génie logiciel de l’Université Laval depuis plus de 20 ans. Il est décédé le 30 juillet 2008 en fin d’après-midi dans son bureau. Clermont a été le premier collègue que j’ai rencontré à mon arrivée au Département par une fin d’après-midi de février 1987. En me faisant visiter les locaux du Département, le directeur d’unité de l’époque André Gamache, apercevant de la lumière dans son bureau, me l’a présenté. Il était l’un des rares collègues présents dans son bureau et, plus de 21 ans plus tard, le 30 juillet 2008, alors que le campus vivait au ralenti et au rythme de la saison estivale, il était encore l’un des rares collègues à s’atteler inlassablement à la tâche dans son bureau avant de s’éteindre à jamais… Je te remercie, Clermont, de m’avoir permis de partager cette riche amitié depuis de si nombreuses années… Je dirais que c’est un bien triste jour. Même si la vie reprend toujours ce qu’elle donne, il y a cependant des disparitions qui sonnent comme une heure de réflexion profonde. Pour Clermont, c’est un peu de chacun de nous qui s’en va avec douceur, sérénité, élégance et respect.
Pas un geste ni un signe. Il est parti paisiblement, parti à jamais sans dire au revoir. C’était un homme respectueux des autres, un homme juste, un homme d’une extrême générosité, un homme de conviction profonde, un homme de parole et un homme de rigueur.Nous allons, à notre façon, lui dire que nous l'aimions beaucoup. Il aimait la simplicité et la discrétion et, pour rien au monde, il n'aurait interrompu cette marche qu'il dirigeait. Il s'est assis sur le bord du chemin, mais il nous a demandé de continuer d'avancer. Il nous a juste lâché la main, considérant peut-être que nous étions grands, mais nos mains ne sont pas vides, elles tiennent encore fermement sa générosité, sa disponibilité et sa foi en l'amitié et elles sont toujours chaudes par sa gentillesse et son affection.
Que ses deux adorables filles Marie-Hélène et Myriam puissent continuer à s’inspirer du modèle incarné par leur cher et défunt père, hériter de ses innombrables qualités humaines et professionnelles et les perpétuer à jamais. Que Claudine, sa conjointe, puisse trouver la force de traverser cette terrible épreuve et trouver en nous des amis qui partagent sincèrement et généreusement sa peine en ces douloureuses circonstances. Que tous les membres de sa famille puissent accepter notre sincère compassion et notre profonde sympathie.
Repose en paix, Clermont, repose en paix avec la profonde conviction du devoir accompli. Rien ne pourra combler le vide immense que tu laisseras parmi nous et tu resteras à jamais dans nos cœurs.
Au revoir, Clermont…
NADIR BELKHITER
Professeur
Département d'informatique et de génie logiciel
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Lettre ouverte à Jacques Parizeau
J’ai lu avec grand intérêt votre lettre sur la situation scandaleuse de l’enseignement public français au Québec parue dans le Journal de Québec le 11 septembre 2008. Vous avez tiré la sonnette d’alarme comme beaucoup d’autres l’ont fait avant vous sur d’autres problèmes aussi inquiétants du système québécois d’éducation.
Vous dites, Monsieur Parizeau, que «c’est l’effondrement d’un système auquel nous assistons». Or, je ne crois pas que le Québec réussira à s’extirper d’une crise qui perdure depuis longtemps en éducation en s’attaquant à ses effets plutôt qu’à ses causes. Toute institution sociale qui ne justifie pas clairement sa raison d’être devient rapidement l’enjeu de tous les pouvoirs en place qui cherchent, plus souvent qu’autrement, à assujettir le peuple plutôt qu’à le servir.
L’Église, l’État, les syndicats, les partis politiques et le monde des affaires se sont toujours disputés le monde de l’éducation afin de le mettre au service de leurs intérêts particuliers. Et le monde de l’éducation ne s’étant jamais défini clairement de l’intérieur a été une proie facile des différents pouvoirs qui se sont succédé au Québec depuis le début de la colonie. Le problème fondamental de l’éducation québécoise, Monsieur Parizeau, découle du fait que le ministère de l’Éducation ne s’est jamais doté de finalités fondées sur l’être humain et ses exigences de développement et de bon fonctionnement dans ses rapports avec lui-même, autrui, la société, l’humanité et l’environnement. On ne trouve nulle part dans les documents du Ministère une conception explicite, naturelle, complexe et scientifique de l’être humain qui permettrait de justifier les finalités de chaque niveau d’enseignement et sortir l’éducation québécoise du cercle vicieux des réformes.
Le premier défi que doit relever le ministère de l’Éducation consiste à se doter d’une anthropologie éducative fondée sur une représentation naturelle de l’être humain et capable de donner un sens et une direction à l’ensemble du système québécois d’éducation et des finalités spécifiques à chaque niveau d’enseignement. Sinon, l’éducation continuera d’être un enjeu que les différents pouvoirs en place continueront à se disputer, plutôt que le moyen par excellence de former des Québécois et des Québécoises autonomes, responsables, créatifs et solidaires dans leur poursuite individuelle et collective du bonheur. www.mouvementhumanisation.org
GASTON MARCOTTE
Professeur associé à la Faculté des sciences de l'éducation et
président fondateur du Mouvement Humanisation