
Le génome de l'épinette comprend environ 30 000 gènes, dont 25 000 sont présentement séquencés. Les chercheurs estiment qu'entre 5 et 10 gènes majeurs interviennent dans la densité du bois et qu'il y en a entre 20 et 30 déterminants qui seraient déterminants pour sa croissance.
Amorcé en 2002, Arborea vise à produire des outils génétiques servant à sélectionner des épinettes blanches répondant mieux aux divers besoins de l’industrie forestière. «Nous cherchons des marqueurs pour repérer des épinettes qui possèdent des qualités intéressantes sur le plan de la qualité du bois, de la vitesse de croissance et de l’adaptation au climat, explique John MacKay. Présentement, il faut faire pousser un arbre pendant plus de 20 ans avant de pouvoir se prononcer sur ses qualités. Grâce aux marqueurs génétiques, nous pourrons être fixés sur les caractéristiques de l’arbre dès sa première année de vie.»
Pour y arriver, les chercheurs devaient d’abord décoder le génome de l’épinette qui comprend autant de gènes que le génome humain, soit environ 30 000. Les efforts concertés d’Arborea et d’un groupe de chercheurs de la Colombie-Britannique ont permis le séquençage de 25 000 gènes jusqu’à présent. Les chercheurs d’Arborea s’intéressent principalement aux gènes qui contrôlent la croissance, la densité du bois et la résistance mécanique des arbres. «Nous croyons qu'il y a entre 5 et 10 gènes majeurs qui interviennent dans la densité du bois, souligne John MacKay. Pour ce qui est de la croissance, on pense qu’il y aurait entre 20 et 30 gènes déterminants, mais l’environnement joue un rôle très important de ce côté», ajoute le codirecteur du projet Arborea. Les chercheurs espèrent trouver, pour chacun de ces gènes, une série de marqueurs qui serviront d'outils pour repérer les plants possédant les caractéristiques convoitées.
La qualité génétique des arbres ainsi sélectionnés leur conférera une plus-value qui avantagera les entreprises forestières canadiennes, estime la professeure Nancy Gélinas, responsable du volet socioéconomique du projet Arborea. «On pourra ainsi reconnaître très tôt les arbres qui possèdent les caractéristiques désirées et les utiliser pour le reboisement. Ceci permettra de produire des arbres de qualité supérieure et de raccourcir le cycle de production. La rentabilité des entreprises forestières canadiennes qui utiliseront ces outils s’en trouvera améliorée.»
Ces outils génomiques pourraient aussi préparer le terrain pour un nouveau modèle de foresterie, plus près de la sylviculture. «Les arbres sélectionnés pourraient être plantés sur des territoires restreints consacrés à la foresterie intensive ou à la ligniculture, ce qui diminuerait les pressions sur les territoires naturels, fait valoir la chercheuse. On produirait ainsi, en accord avec les principes du développement durable, plus d’arbres de qualité sur de plus petits territoires situés plus près des usines plutôt que d’aller chercher des arbres de plus en plus petits, de plus en plus loin.»