Selon le professeur, une bonne partie des problèmes de rentabilité rencontrés par Olymel, qui dit avoir perdu 50 millions de dollars en trois ans, s’expliquent par le taux de change. «Avec un dollar canadien à 65 cents américains, on a longtemps vécu dans une économie dopée», analyse-t-il. Certains ont espéré que les abattoirs profitent de cette embellie pour se moderniser et améliorer leur productivité, mais la brusque hausse de la devise canadienne n’a pas permis d’effectuer ce virage. Du coup, les abattoirs américains, plus grands et plus efficaces avec leurs salles de découpe juste à proximité, s’avèrent très concurrentiels.
Cela nuit aux ventes des producteurs d’ici aux États-Unis alors que l’exportation leur est indispensable pour survivre. De plus, le porc québécois, longtemps premier de classe sur les marchés étrangers, subit aujourd’hui la concurrence des produits américains et danois, qui ont pris aussi le virage de la qualité au milieu des années 1990. Autre problème, la taille plus réduite des porcheries au Québec. «Avec la pression environnementale depuis 2002, les producteurs n’arrivent plus à grossir et font face à un quasi-moratoire, souligne Daniel-Mercier Gouin. Or, dans ce secteur, la stagnation, c’est un recul.» Michel Morisset partage l’analyse de son collègue. «Nous sommes en décalage avec les unités de production de l’Ouest canadien. Aujourd’hui une maternité efficace compte 1 200 truies alors que la moyenne québécoise tourne davantage autour de 300 en moyenne». Enfin, les producteurs se trouvent confrontés à un autre problème de taille depuis l’an dernier, la forte mortalité des troupeaux. Près de la moitié des fermes porcines ont subi des pertes de 20% à 30% de leurs animaux, affectés par un virus. Paradoxalement, les abattoirs ont donc moins de cochons à traiter même si le nombre d’usines en operation diminue. Tout cela fait dire à Michel Morisset que l’industrie porcine n’aura pas le choix de se restructurer.