7 octobre 2019
Un matériau incontournable pour réduire l’empreinte écologique des bâtiments
Par leurs travaux, les chercheurs de la Chaire industrielle de recherche du CRSNG sur la construction écoresponsable en bois contribuent à l’atténuation des changements climatiques

Lors de la soirée réseautage du 3 octobre. De gauche à droite: Robert Beauregard, vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes de l’Université Laval, Sharon Weinblum, déléguée générale Wallonie-Bruxelles à Québec, Pierre Dufour, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Béatrice Gendreau, élue de la région de Nouvelle-Aquitaine en France, et Pierre Blanchet, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval et titulaire de la Chaire industrielle de recherche du CRSNG sur la construction écoresponsable en bois.
— CIRCERB
Une soirée réseautage sur l’industrie de la construction a eu lieu le jeudi 3 octobre à l’Observatoire de la Capitale, à Québec. Cette activité de maillage francophone, en marge du congrès Woodrise qui s’est tenu toute la semaine au Centre des congrès de Québec, a réuni des décideurs et des manufacturiers de France, de Wallonie en Belgique et du Québec.
Dans son allocution lors de la soirée réseautage, le vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes, Robert Beauregard, a insisté sur le fait que le bois, comme matériau biosourcé aux multiples qualités, doit devenir plus commun et prendre sa place pleinement méritée dans le paysage urbain.
«Le bois, a-t-il affirmé, permet de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. En l’incorporant dans des édifices plus hauts, nous pouvons répondre aux attentes de densification des municipalités. En somme, le bois est un véritable levier de développement durable et nous offre cette combinaison réelle de développement économique et de protection de l’environnement pour les générations futures. [Pour cela,] nous avons besoin d’alliances, de maillages. Toutes les forces de la recherche, tous les acteurs de l’industrie de la construction, doivent partager leur savoir. La construction en bois bénéficiera de nos innovations respectives. Tout le secteur et toute la société en sortiront grandis.»
La soirée réseautage était organisée par le professeur Pierre Blanchet, du Département des sciences du bois et de la forêt, le créneau d’excellence Bâtiment vert et intelligent, et le créneau d’excellence Bois Chaudière-Appalaches. Le professeur est également titulaire de la Chaire industrielle de recherche du CRSNG sur la construction écoresponsable en bois (CIRCERB), laquelle a vu son financement quinquennal renouvelé en 2018. Enfin, Pierre Blanchet était membre du comité de programmation du congrès Woodrise.
«Une telle activité de maillage est importante, dit-il. Elle permet le partage de bonnes pratiques dans une industrie en croissance. La construction en bois se développe à un rythme assez comparable partout. Je dirais que le Québec et le Canada sont leaders mondiaux en construction durable en bois. Ils sont talonnés notamment par la Norvège et l’Autriche.»
Durant la soirée, les participants ont assisté à la remise des prix du concours Thèses des bois. En début de semaine, dans le cadre de ce concours, une vingtaine d’étudiants internationaux avaient présenté leurs projets de recherche. Cinq d’entre eux proviennent de l’Université Laval.
Positionner le bois comme matériau de construction prédominant
La rencontre Woodrise, la deuxième du genre, a attiré quelque 1200 personnes ainsi que des conférenciers provenant d’une vingtaine de pays. Elle s’est déroulée sur le thème des bâtiments en bois de moyenne et grande hauteur. Ces rendez-vous d’envergure internationale ont pour objectif premier de positionner le bois comme matériau de construction prédominant en agissant comme vitrine technologique dans un contexte de développement urbain durable et écoresponsable. Pour rappel, le bois a la propriété de capter et de stocker du dioxyde de carbone, l’un des principaux gaz à effet de serre. Ces émanations sont responsables du dérèglement du climat.
Le soutien de l’Université à cet événement a pris la forme d’une série de dix panneaux, coréalisés avec Cécobois, un partenaire de la CIRCERB, sur les moments clés de la construction en bois au Québec depuis 1941. On y apprend, entre autres, que le premier Code national du bâtiment limitait la hauteur des bâtiments en bois à quatre étages. Un plus grand intérêt pour le bois émerge à partir de 1984 avec le développement de produits structuraux en bois, qui offrent de nouvelles possibilités en construction. En 2015, la Charte du bois est reconnue comme un engagement gouvernemental.
«Le 30 septembre, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Pierre Dufour, a annoncé son intention de produire une version bonifiée de la Charte du bois, rappelle Pierre Blanchet. C’est une bonne nouvelle. Cette réglementation ambitieuse est reconnue mondialement. Elle vise à toujours considérer le matériau bois, au même titre que les autres matériaux pour les projets de construction. En 12 ans, les projets de construction en bois au Québec sont passés de 12 à 28% pour le non résidentiel.»
Une chaire pluridisciplinaire
La chaire que dirige le professeur Blanchet est pluridisciplinaire. Elle regroupe des chercheurs répartis entre cinq facultés, notamment celle de Foresterie, de Géographie et de Géomatique, et celle des Sciences et de génie. Quinze professeurs collaborent à la CIRCERB et une cinquantaine d’étudiants et postdoctorants en sont membres. La Chaire compte 25 partenaires industriels et gouvernementaux représentant l’ensemble de la chaîne de création de valeur. Son mandat consiste à concevoir des solutions permettant de minimiser les émissions de carbone dans la construction commerciale, publique, industrielle et résidentielle multi-étagée.
Un des objectifs de la Chaire consiste à concevoir de nouveaux matériaux de construction pour remplacer les moins durables, comme le béton ou les polymères. Des travaux de recherche sont en cours pour créer des isolants à base de matériaux biosourcés, comme le bois, et de fibres agricoles, comme le chanvre. D’autres projets de recherche consistent à tester des traitements bioactifs dont les propriétés biologiques protégeront les surfaces et augmenteront la longévité des structures.
«Un de nos étudiants a travaillé sur le développement d’un traitement qui protège le bois à l’extérieur, explique Pierre Blanchet. La performance du traitement est présentement testée sur un trottoir de bois à la Forêt Montmorency. Plus la protection du bois sera maintenue, plus le dioxyde de carbone stocké dans le bois le sera longtemps.»
Les participants au congrès ont terminé leur semaine d’activités par une série de visites techniques sur le campus de l’Université Laval et chez des industriels de la région de Québec. Sur le campus, ils ont visité le stade TELUS-Université Laval, l’espace Desjardins du PEPS et le pavillon Gene-H.-Kruger. Ces constructions sont remarquables pour leurs charpentes, leurs murs ou leurs plafonds. Elles constituent autant d’exemples concrets de l’exemplarité de l’Université en matière de construction en bois.

La CIRCERB teste présentement un traitement protecteur du bois en conditions extérieures. Cela se fait sur un trottoir de bois à la Forêt Montmorency.
— CIRCERB

Le stade intérieur TELUS-Université Laval a ouvert ses portes en 2012. Il abrite un terrain de soccer de 60 mètres par 100. Treize arches en bois à inertie variable composent l’armature du toit.
— Marc Robitaille