
Durant leur séjour à Davos, les étudiants de l'Université Laval ont échangé avec la ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation du Québec, Dominique Anglade, le PDG d'Investissement Québec, Pierre Gabriel Côté, et le chargé d'affaires par intérim à la Délégation générale du Québec à Munich, Nicolas Martin. Dans l'ordre habituel: Cimon Boily, Dominique Anglade, Antoine Audet, Félix Lavoie-Pérusse, Pierre Gabriel Côté, Nicolas Martin et Kevin Bélanger.
Quelque 28 équipes provenant de 17 écoles de commerce réparties sur 3 continents ont relevé le défi du concours Corporate Knights – Schulich. Elles devaient imaginer une solution nouvelle et réaliste qui inciterait les clients d'une importante banque française, BNP Paribas ainsi que le grand public, à investir dans des produits financiers soutenant un ou plusieurs des objectifs de développement durable des Nations unies. Ces objectifs visent à éradiquer la pauvreté, à protéger la planète et à garantir la prospérité pour tous. Atteindre l'ensemble des 17 objectifs nécessiterait des investissements massifs de l'ordre de 2,4 trillions de dollars américains par année.
Selon Antoine Audet, le secteur financier, notamment les banques en raison de leur mission sociale, peut jouer un rôle clé en la matière. «Nous proposons un nouveau modèle économique autour de la création d'un fonds d'investissement consacré aux objectifs des Nations unies, dit-il. Les investisseurs achèteraient des parts virtuelles en échange de capitaux.»
La solution proposée par le quatuor québécois s'appuie sur deux technologies de pointe: la monnaie virtuelle, ou cryptomonnaie, et la chaîne de blocs, ou blockchain. Les valeurs monétaires dématérialisées permettent d'effectuer des paiements numériques. Cette classe d'actifs connaît une croissance très rapide et pourrait transformer l'industrie de la finance. La chaîne de blocs, quant à elle, permet le stockage et la transmission transparente et sécurisée d'informations à un niveau sans précédent. Les transactions sont décentralisées, sans recours à des intermédiaires.
«À Davos, la blockchain était le mot à la mode, le buzzword du Forum, souligne Antoine Audet. Cette technologie préfigure la prochaine vague de transformations technologiques dans le monde financier. Dans le nouveau concept économique que nous avons mis au point, nos mécanismes sont uniquement possibles grâce à certaines innovations amenées par la blockchain et les contrats “intelligents”.»
Les milléniaux, cette catégorie sociologique regroupant les personnes de 33 ans et moins, sont particulièrement visés par la solution québécoise. «Les jeunes sont les plus nombreux à recourir à une technologie comme la micro-monnaie pour leurs investissements, explique Antoine Audet. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à être sensibilisés aux enjeux du développement durable.» Une étude récente indique que plus de la moitié des milléniaux placent, souvent ou toujours, leur argent dans des fonds d'investissement en développement durable.
En Suisse, la solution des étudiants a tellement impressionné le responsable du développement durable de la BNP Paribas que celui-ci les a invités à Paris pour présenter leur concept aux experts de la blockchain de la banque.
Durant le Forum économique mondial, le quatuor a rencontré la ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation du Québec, Dominique Anglade. Quelques jours plus tard à Québec, lors d'un symposium sur le thème du tsunami numérique, la ministre a parlé, dans son allocution, des Québécois qui rayonnent sur la scène internationale. Puis, elle a donné l'exemple du quatuor de l'Université Laval, le présentant comme un modèle de la jeunesse à l'ère industrielle 4.0.
Le professeur Yan Cimon, du Département de management, s'est impliqué dans la préparation et l'accompagnement des étudiants pour le concours Corporate Knights – Schulich, comme il l'avait fait pour le concours Global Business Challenge. Son rôle, il le définit comme celui d'un accompagnateur qui agit sur une base de rétroaction et de mentorat. «Je me mets dans la peau d'un membre du jury sur lequel ils peuvent tester leurs idées, dit-il. J'essaie de les aider à bien penser à la clientèle, à voir certains aspects et à questionner certaines hypothèses. Avant leur départ pour Davos, nous avons discuté pour nous assurer que leurs propos étaient bien focalisés, que tout était clair et qu'ils passaient bien leur message sans s'enfarger dans des détails techniques.»
À Davos, les étudiants ont été particulièrement impressionnants. «Ils ont offert une excellente performance, affirme le professeur. C'est remarquable ce qu'ils ont accompli. D'abord, ils ne sont pas européens, alors que l'entreprise à l'étude l'est. Ensuite, ils ont proposé une solution très audacieuse autour d'une nouvelle technologie». Devant un jury relevé, le quatuor a démontré beaucoup de confiance en soi. «La pression était très, très forte, souligne Yan Cimon. Ils sont bons, ils ont beaucoup d'idées et ils ont du talent à revendre.» Ces expériences, il les qualifie de fantastiques. «Il ne faut pas hésiter à vouloir se mesurer aux meilleurs.»