
Le bâtiment imaginé par Maude Beaupré et Jérémie Parent rappelle le passé industriel du site avec des volumétries coniques et cylindriques et l'utilisation de la brique.
— Maude Beaupré et Jérémie Parent
«L'École est depuis longtemps à l'étroit au Vieux-Séminaire, explique-t-il. Ce bâtiment ne répond plus vraiment à nos besoins en termes d'espace et de polyvalence. L'enseignement de l'architecture a beaucoup évolué avec le numérique. Il n'est pas évident d'y aménager des laboratoires modernes ou des ateliers mutidisciplinaires. Enfin, l'effectif étudiant a connu une forte croissance ces dernières années. Pour toutes ces raisons, mes étudiants et moi avons analysé, cet hiver, la possibilité de transformer le CRCEO en une école d'architecture moderne capable d'accueillir 500 personnes.»
Douze étudiants à la maîtrise en architecture ont travaillé sur ce bâtiment lors de l'atelier-laboratoire Construction et design. Pour Jacques Plante, le CRCEO est un édifice «formidable». «Il a cinq niveaux et il donne sur trois rues et un passage piétonnier, dit-il. Il y a donc des fenêtres sur les quatre côtés, ce qui est extraordinaire pour l'ensoleillement.» Le professeur voit à cet endroit la possibilité d'un pavillon universitaire identitaire exemplaire, implanté au milieu des réalités urbaines, un bâtiment qui représente de façon novatrice l'utilisation et l'organisation de l'espace et qui constitue un signal urbain incontournable. «J'ai toujours cru, affirme-t-il, qu'une école d'architecture devait consister en un vivant et vibrant laboratoire d'expérimentation architecturale et technologique. Mes étudiants avaient donc comme défi d'imaginer un milieu de vie, d'apprentissage, de recherche, de création, de démonstration et de diffusion. Chacune des six équipes a relevé ce défi avec brio. Elles ont réalisé des projets exceptionnels de très grande qualité.»
Le projet de Marc-Antoine Juneau et de Laurence Lacroix s'intitule Brume. Il a retenu l'attention du jury par le recours à la fibre de verre pour l'enveloppe du bâtiment. Translucide, ce matériau permet une ouverture visuelle sur les différents espaces intérieurs, comme les ateliers et les laboratoires. «Le principal défi, souligne Laurence Lacroix, a été d'aménager ce qui fait généralement office d'escaliers ou de couloirs en les transformant en de réels milieux de vie accessibles à tous. La promenade habitable ainsi créée comprend désormais des espaces ouverts, fonctionnels et communicatifs qui prônent l'échange de savoirs.»
Maude Beaupré et Jérémie Parent ont appelé leur projet La fabrique d'infinies personnalités. Dans leur démarche, ils ont imaginé un bâtiment rappelant le passé industriel du site avec des volumétries coniques et cylindriques, ainsi que par l'utilisation de la brique. L'aspect le plus original? «La présence de trois imposantes cheminées de briques traitées pour leur apport en ventilation naturelle, répond Jérémie Parent. Elles servent de connecteurs entre les espaces.» Le plus grand défi des étudiants a consisté à travailler avec une trame existante rigide et orthogonale et d'y mêler des volumes courbes et fluides.
EAUL 2.0 est le titre du projet de Pascale Lacroix et de Josianne Ouellet-Daudelin. Leur bâtiment se démarque par une façade en résille laissant passer la lumière dans des ouvertures variables. Il y aussi l'entrée, spectaculaire, qui donne immédiatement sur une salle d'exposition. À l'aide d'un logiciel paramétrique, les étudiantes ont créé les différentes ouvertures de l'enveloppe extérieure du bâtiment et optimisé celles-ci en fonction du soleil et des fonctions intérieures.

Dans le projet de Pascale Lacroix et Josianne Ouellet-Daudelin, la résille en façade crée différentes ambiances par le passage de la lumière dans les ouvertures variables.
Illustration de Pascale Lacroix et Josianne Ouellet-Daudelin

Marc-Antoine Juneau et Laurence Lacroix ont transformé en de réels milieux de vie ce qui fait généralement office d'escaliers ou de couloirs.
Illustration de Marc-Antoine Juneau et Laurence Lacroix