
Un détail de l'autoportrait réalisé par Élisabeth Vigée-Lebrun
Née à Paris, fille d’un père pastelliste et d’une mère coiffeuse d’origine paysanne, Élisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842), artiste au talent précoce, est surtout connue pour avoir été la portraitiste attitrée de la reine Marie-Antoinette. L’Académie royale de peinture et de sculpture lui ouvre ses portes en 1783. Forcée de quitter la France en 1789 à cause de la Révolution («La Révolution a détrôné les femmes», dira-t-elle), Élisabeth Vigée-Lebrun part en exil en Russie, en Italie et en Allemagne, où sa réputation de portraitiste l’a précédée. Le parcours de Rosalba Carriera, peintre vénitienne née en 1675, s’avère aussi intéressant. Arrivée à Paris en 1720, l’artiste remet au goût du jour le pastel en France, peignant directement sur le papier sans dessin préalable. Les femmes issues de la noblesse et de la haute bourgeoisie se bousculent au portillon pour avoir leur portrait signé de «La Rosalba», qui entre à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1721. Enfin, la Suisse Angelica Kauffman (1741-1807) est considérée comme l’une des plus fameuses peintres et portraitistes du 18e siècle. Fille de peintre, enfant prodige, l’artiste a connu une enfance s’apparentant à celle de Mozart, voyageant avec son père en Angleterre et en Italie. Certaines de ses œuvres s’arrachent à prix d’or. À la fin des années 1780, le studio d’artiste qu’elle occupe à Rome devient d’ailleurs l’un des phares de la vie culturelle de la ville. L’artiste est l’un des membres fondateurs de la British Royal Academy.
«Le 18e siècle a accordé énormément de place aux femmes artistes, dit Françoise Lucbert. Les choses ont cependant changé lors de la Révolution en 1789, année où l’Académie royale de peinture et de sculpture est devenue la Société populaire et républicaine des arts et dont l’un des premiers actes a été d’en exclure les femmes artistes. En ce sens, la Révolution française a peut-être fait avancer les droits de l’homme, mais pas ceux de la femme. Au 19e siècle, il y a eu bien sûr les Berthe Morisot et les Camille Claudel, mais il faudra attendre le début du 20e siècle pour qu’on entende à nouveau la voix des femmes artistes.»