27 mai 2025
Aider les personnes aînées à mieux vivre avec leurs maladies chroniques
Mohamed-Amine Bouchlaghem, doctorant à la Faculté des sciences infirmières, met au point une formation pour la relève en santé afin qu'elle accompagne la population vieillissante en autogestion

En parallèle de son doctorat, Mohamed-Amine est coordonnateur de soins dans une résidence aux personnes âgées à Sainte-Foy et assistant d’enseignement à la Faculté.
— Université Laval, Yan Doublet
La série Échantillons de la recherche raconte l'expérience de membres de la communauté étudiante en recherche. Ils partagent un aperçu de leur projet aux cycles supérieurs.
Mohamed-Amine Bouchlaghem est passionné depuis toujours par l'enseignement et les enjeux de santé publique. Infirmier de formation, il a aussi mené une carrière politique en Tunisie comme vice-maire. «J'ai vu les deux faces de la médaille», raconte-t-il. Poussé par la volonté d'améliorer les pratiques de soins pour les personnes âgées, il a déménagé à Québec pour son doctorat, en 2019.
Sous la direction de la professeure Clémence Dallaire, Mohamed-Amine est en train de créer un programme de formation personnalisé pour l'enseignement de l'autogestion aux personnes âgées afin qu'elles puissent mieux vivre avec leur maladie chronique. «C'est une question de dignité, mais aussi une question d'efficience du système de santé.»
Ses travaux s'inscrivent dans un contexte de vieillissement de la population. «Les maladies chroniques deviennent la norme. Pourtant, on forme encore des infirmières et des infirmiers comme si l'hôpital était le seul endroit où les soins ont lieu, alors qu'une grande partie du travail se fait dans l'éducation à la santé, dans la prévention, dans la gestion de risque et de la qualité de vie.»
Bonifier l'enseignement
Le doctorant voit sa formation comme un complément aux programmes en sciences infirmières actuels. Il voit aussi un potentiel en formation continue pour les professionnels de la santé, mais il veut vérifier si les méthodes pédagogiques choisies pour la formation sont compatibles avec une formation en ligne, comme des jeux de rôle ou des simulations.
Pour créer sa formation, Mohamed-Amine a d'abord réalisé une revue de la littérature pour définir les compétences liées à l'enseignement de l'autogestion à une personne âgée. Il a ensuite recruté 12 étudiantes et étudiants en fin de parcours en sciences infirmières dans une université québécoise. Il a réalisé une évaluation quantitative des besoins de formation en regardant leur perception d'auto-efficacité par rapport à leur performance réelle. Des entrevues semi-dirigées ont ensuite permis au doctorant d'identifier les besoins de formation.
Avec ces résultats, Mohamed-Amine a ciblé sept compétences à traiter durant la formation: l'identification de besoins prioritaires de la personne, l'identification d'objectifs prioritaires d'une façon collaborative, l'identification des contenus, la prise de décision partagée, le transfert de connaissances, le suivi et la communication adaptée aux personnes âgées. Sept modules couvrent chacune des compétences et prennent un total de 11h30 à réaliser.
Dans les prochains mois, le doctorant va mettre sa formation à l'épreuve auprès de personnes étudiantes. «Je veux démontrer que, dans un échantillon restreint, une formation spécifique sur l'enseignement de l'autogestion peut permettre d'acquérir les compétences qu'il faut pour mieux accompagner la personne âgée.»
Lorsque son doctorat sera terminé, Mohamed-Amine souhaite poursuivre sa carrière comme professeur à l'Université Laval. «Depuis le premier jour, mes compétences, mes expériences, le bagage que j'amène ont été valorisés, raconte-t-il. J'ai remarqué de l'ouverture, une valorisation de la différence, une capacité de voir le potentiel et de miser sur ce potentiel en offrant des occasions de développement professionnel. Ces valeurs concordent avec moi.» Il se dit très reconnaissant envers le personnel de la Faculté des sciences infirmières pour leur soutien dans son développement professionnel.