12 décembre 2024
Violences à caractère sexuel chez les étudiantes-athlètes et étudiants-athlètes: sensibiliser pour mieux prévenir
Julia Topart, à la maîtrise en psychopédagogie, s'intéresse à la perception de ces violences dans les milieux sportifs collégiaux et universitaires, aux situations à risque et aux obstacles à la dénonciation
La série Échantillons de la recherche raconte l'expérience de membres de la communauté étudiante en recherche. Ils partagent un aperçu de leur projet aux cycles supérieurs.
«C'est un travail que j'adore! Quand on trouve quelque chose qui nous plait vraiment, c'est là qu'on comprend le concept de travailler par passion», lance Julia Topart, étudiante à la Faculté des sciences de l'éducation. Son engouement pour la recherche a commencé alors qu'elle travaillait à la Chaire de recherche sur la sécurité et l'intégrité en milieu sportif (SIMS). «Les études supérieures étaient la suite logique après mon baccalauréat en psychologie», raconte-t-elle.
Elle mène son projet de maîtrise sous la codirection de la professeure Sylvie Parent, titulaire de la Chaire SIMS. «J'ai sauté sur l'occasion de travailler avec une experte dans le domaine du sport sécuritaire», ajoute l'étudiante, aussi sous la codirection de Véronique Boudreault, professeure en psychologie du sport à l'Université de Sherbrooke.
Son sujet de recherche porte sur les violences à caractère sexuel dans les milieux sportifs collégiaux et universitaires. Julia Topart s'intéresse notamment à la façon dont les étudiantes-athlètes et étudiants-athlètes perçoivent ces violences. Elle aborde aussi les situations qui présentent des risques, comme les vestiaires, les dynamiques relationnelles de pouvoir, les festivités et les réseaux sociaux, et les obstacles à la dénonciation, tels que la crainte d'affecter ses performances ou celles de l'équipe, ou la peur du jugement.
«Le projet m'a tout de suite interpellée. Je suis moi-même une étudiante-athlète en ultimate frisbee. Et même si ce sport n'est pas encore reconnu dans le milieu universitaire, je connais un peu la réalité. Je baigne dans un quotidien où notre vie est partagée entre les études et le sport».
Des retombées directes
Ses travaux s'inscrivent dans un projet plus large de la professeure Sylvie Parent, le projet Hors-Jeu. Financé par le ministère de l'Enseignement supérieur, il vise à élaborer, implanter et évaluer une intervention visant à prévenir les violences à caractère sexuel dans les milieux sportifs collégiaux et universitaires.
Dans le cadre du projet, Julia Topart a réalisé et analysé 13 entrevues avec des étudiantes-athlètes et étudiants-athlètes dans la province de Québec, autant au niveau collégial qu'universitaire. Cela lui a permis de savoir ce que ces jeunes pensaient des formations actuelles en sensibilisation et prévention et ce qu'ils souhaitaient voir davantage. «Les effets de mon projet de maîtrise sont quasiment directs. Ce que je fais dans mon mémoire va venir guider la portion destinée aux étudiantes-athlètes et étudiants-athlètes de la formation du Ministère, autant pour le contenu que pour la manière de le présenter.»
Elle a été agréablement surprise de voir que les personnes interrogées étaient optimistes par rapport à la prévention des violences à caractère sexuel. «Ils comprenaient le problème et voyaient l'importance de s'y attarder», rapporte l'étudiante. Elle note toutefois des «angles morts» dans leur compréhension. «C'était très rare qu'ils donnent une définition complète. Ça m'amène à croire que, même si on en parle beaucoup en société, peut-être qu'on n'en parle pas assez.»
Le besoin d'informer
L'étudiante-chercheuse souligne le besoin d'un changement de culture. «Avec une prévention plus tôt, les étudiantes-athlètes et étudiants-athlètes pourront grandir dans un monde sportif plus sécuritaire. Mais ça ne se fera pas du jour au lendemain.» Pour les sensibiliser, Julia Topart a d'ailleurs participé à une capsule d'expertise de la campagne Sans oui, c'est non! Avec le Bureau du respect de la personne de l'Université Laval. Elle y présente des constats tirés de la littérature liés à son mémoire.
Selon elle, ce type de capsule permet de donner une base de connaissances pour un contexte particulier comme le milieu sportif. «Par exemple, en présentant les situations à risque, comme les situations sociales, avec ou sans consommation d'alcool, on sensibilise les étudiantes-athlètes et étudiants-athlètes. Ça ne veut pas dire d'arrêter d'aller à des fêtes, mais d'être plus vigilant. Le plus important, c'est de démystifier les violences à caractère sexuel, de défaire les mythes tels que l'incidence du choix de vêtements sur l'acte de violence», soutient l'étudiante.
Après sa maîtrise, Julia Topart souhaite poursuivre au doctorat en psychologie – recherche et intervention, qui comprend une orientation clinique. Elle y voit l'occasion de maintenir l'échange entre la recherche et le terrain. «On voit ainsi les deux côtés de la médaille et ça permet de creuser plus loin. Faire les deux, c'est le métier ultime, selon moi. Je me considère chanceuse d'être dans un laboratoire qui valorise cet échange.»