
Le Jeu du bois, un jeu de simulation complexe, explore la chaîne logistique au cœur de l'industrie du bois ainsi que les relations entre les entreprises du domaine.
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Le Jeu du bois. Derrière ce nom tout simple se cache un jeu de simulation complexe et formateur développé par le consortium de recherche FORAC de l'Université Laval. Ce jeu est destiné aux étudiantes et étudiants en génie industriel et en sciences de l'administration ainsi qu'aux personnes professionnelles du milieu. La compétition de 2025, qui vient de se terminer, a vu l'équipe Logistic Legend de la San Francisco State University remporter les grands honneurs. Au total, 21 équipes dans 9 pays ont participé au jeu entre les 7, 8, 11 et 12 avril.
«Le scénario de cette année évoque les défis auxquels l'industrie du bois a été confrontée dans la pratique, après plusieurs années marquées par d'importants volumes de bois de récupération en raison de feux et de tempêtes de vent, suivis d'infestations d'insectes ravageurs», souligne Philippe Marier, professionnel de recherche chez FORAC et responsable de la compétition. Cette année, il a défini les paramètres du jeu avec un professeur de l'Université BOKU à Vienne.
Le professeur Luc LeBel, du Département des sciences du bois et de la forêt, revient pour sa part sur les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis. «Gageons, dit-il, que la guerre tarifaire actuelle nous servira d'inspiration pour la compétition de 2026. Par exemple, les menaces de l'administration Trump ont déjà créé des perturbations pour lesquelles les chaînes de valeur des produits du bois doivent s'adapter: doit-on se dépêcher à remplir les entrepôts du côté américain en devançant les expéditions? Quels produits seront les plus touchés et avec quels effets sur les autres produits? Quel sera l'impact sur le marché canadien si des exportateurs visent le marché national?»
Une compétition universitaire de niveau international
La première version du Jeu du bois, une version papier, a été créée vers l'an 2000 en Suède. FORAC l'a légèrement adaptée en 2003 et en a fait une version électronique en 2006. L'évolution technologique a été assurée de manière continue par FORAC. La compétition a lieu depuis 2011 et près de 45 000 parties ont été jouées. L'an dernier, le jeu a attiré quelque 2000 personnes.
Le but du jeu est l'optimisation. Les joueuses et joueurs doivent minimiser le coût total pour l'ensemble du réseau de création de valeur de l'industrie forestière en maintenant les stocks au plus bas niveau, tout en étant capables de répondre à la demande. Cette simulation explore la chaîne logistique au cœur de cette industrie ainsi que les relations entre les entreprises du domaine. Tour à tour, différentes entreprises interviennent sur le produit, à partir de sa récolte en forêt jusqu'à sa troisième transformation, par exemple de la bille de bois jusqu'au papier ou au bois de construction.
Dans une partie, jusqu'à 7 joueuses ou joueurs dirigent l'une de ces entreprises. Chaque personne est à la fois cliente et fournisseuse d'autres entreprises. Ces gestionnaires doivent prendre les décisions d'approvisionnement en fonction des commandes reçues. Les décisions prises et les actions posées auront un impact direct sur le succès ou l'échec de la chaîne.
Quelques témoignages
L'équipe de l'Université Laval, les Kings Du Bois, a terminé au 14e rang du Jeu du bois 2025. Voici le commentaire général des membres.
«La compétition du jeu du bois a été une expérience à la fois enrichissante et stimulante. Elle nous a permis de mettre concrètement en pratique des outils et des concepts de génie industriel, notamment en gestion de la chaîne logistique, en prévision de la demande et en optimisation des flux. Travailler en équipe dans un environnement simulé nous a permis de mieux comprendre les défis liés à la coordination entre les différents maillons d'une chaîne d'approvisionnement. Ce fut une excellente occasion de consolider nos apprentissages tout en vivant une compétition motivante.»
Pour sa part, Jessi Li, un étudiant inscrit en génie industriel à l'Université Dalhousie, a livré le témoignage suivant.
«Cette expérience a été bien plus qu'un simple jeu: il s'agissait d'un exercice rigoureux et immersif nécessitant une réflexion systémique. Elle m'a permis de mieux comprendre l'importance de la coordination interfonctionnelle dans les chaînes de valeur et les risques liés à une prise de décision en silo. J'ai désormais une appréciation plus fine de la complexité des chaînes d'approvisionnement et je me sens plus confiant dans ma capacité à gérer des systèmes intégrés, à réagir aux changements dynamiques et à diriger avec une vision à long terme. Ces apprentissages soutiendront directement mes futurs rôles en génie industriel, en analyse d'affaires et en gestion de la chaîne logistique.»