
Deux membres du Club d'aïkido exécutant la technique juji nage. À gauche, le sensei Yann Marcoux, technicien informatique au CHU de Québec – Université Laval, et à droite Alexandre Haché, diplômé du baccalauréat en génie logiciel de l'Université Laval. Le premier répond à une attaque du second.
— Université Laval, Yan Doublet
Chaque semaine, plus d'une centaine d'adeptes d'arts martiaux se rendent au deuxième sous-sol de l'ancienne partie du PEPS pratiquer leur discipline, que ce soit le judo, l'aïkido, le jiu jitsu, l'iaido, le kung fu, le kendo ou le karaté. La majorité d'entre ces personnes se retrouve au local 00153, une grande salle très éclairée au plancher presque entièrement recouvert de nattes rembourrées, le tatami. Sur un mur, des inscriptions en langue japonaise côtoient des photos, celles des fondateurs de l'aïkido et du judo. Dans ce dojo, les adeptes pieds nus, revêtus de leur uniforme caractéristique, s'exécutent avec cœur dans un enchaînement régulier de mouvements d'attaque et de défense, axés sur le déséquilibre de l'adversaire.
«Ce dojo chapeaute, entre autres, les activités du Club d'aïkido et du Club de jiu jitsu de l'Université Laval, explique la chargée de communication à la Direction des affaires internationales et de la Francophonie, Marrie E. Bathory. Les adeptes de ces clubs représentent la communauté universitaire dans son ensemble. Il y a des étudiantes et étudiants, des membres du corps professoral, des personnes diplômées. Certaines personnes sont de passage au dojo pour une session seulement. D'autres poursuivent leur pratique au PEPS durant des années. Le Club de jiu jitsu existe depuis plus de 40 ans.»
Jusqu'au 19 janvier, le PEPS tient une activité portes ouvertes consacrée aux arts martiaux. Les membres de la communauté universitaire, tout comme le grand public, peuvent assister aux cours ou y participer, et ce, gratuitement durant la semaine.
Enseigner le jiu jitsu et l'aïkido
Depuis 2015, Marrie E. Bathory enseigne le jiu jitsu aux débutantes et débutants. Elle avait commencé la pratique du jiu jitsu en 2008, durant ses études de maîtrise. Elle est aujourd'hui 2e dan en jiu jitsu ainsi que 3e kyu en aïkido. Elle est sur le tatami 5 à 10 heures par semaine, surtout à titre de pratiquante.
En quelques mots, ces deux arts martiaux visent à canaliser la puissance d'une agression contre son auteur pour le déséquilibrer et le contrôler au moyen d'une combinaison de projections, de clés sur les articulations et d'immobilisations.

Marrie E. Bathory exécutant une technique de projection, en réaction à une attaque par Alexandre Haché.
— Université Laval, Yan Doublet
«J'habite pratiquement au dojo! lance-t-elle. Je donne mes cours en soirée. J'essaie de garder les gens éveillés! On n'a pas le choix quand il faut faire des roulades. Je garde toujours une approche ouverte et souriante avec de petites blagues ici et là. Il y a vraiment une chaleur et une belle camaraderie dans les clubs d'arts martiaux du campus. Ils sont bien vivants.»
La chargée de communication n'est pas la seule employée de l'Université à pratiquer les arts martiaux au dojo du PEPS. Elle n'est pas non plus la seule à enseigner ces disciplines. Parmi ces enseignants, il y a notamment Patrick Lenz, pour le jiu jitsu, et Normand Brodeur, pour l'aïkido. Le premier est chercheur à la Chaire de recherche du Canada en génomique forestière. Le second est professeur à l'École de travail social et de criminologie.
«Dans notre enseignement, explique-t-elle, nous sommes accompagnés par des personnes assistantes, des uke, pour nos démonstrations. Ce sont des gens dont la pratique est également avancée.»
En jiu jitsu, le sensei Adrien Cantat, conseiller en pédagogie universitaire à la Faculté de médecine, et le sensei Patrick Lenz ont chacun quelques décennies de bagage. «On fait des blagues, raconte-t-elle. On dit qu'ils sont pratiquement nés sur un tatami!»
En plus de donner les cours pour débutants et avancés en jiu jitsu et en aïkido, la poignée d'enseignantes, d’enseignants et de personnes assistantes se partage les tâches de coordination. Ces personnes s'occupent de l'organisation des passages de grade, de la réservation du local le cas échéant, de l'organisation de séances de pratique, outre les plages horaires des cours, de la révision technique et linguistique des programmes des différents grades, des communications aux membres, des liens avec l'administration du PEPS, de la commande de matériel comme les uniformes et les ceintures et autres.
«L'ensemble de ces personnes sont ou ont toutes été étudiantes et étudiants à l'Université Laval, indique Marrie E. Bathory, et la moitié d'entre elles y sont employées. Les personnes enseignantes et assistantes ont toutes néanmoins un contrat avec le PEPS. De plus, bien sûr, pour ce qui est des pratiquantes et pratiquants, la plupart étudient ou ont étudié à l'Université.»
Le sensei Adrien Cantat du Club de jiu jitsu exécutant une technique de désarmement d'arme à feu sur le sensei Mohammed Afoundo. Ce dernier détient une maîtrise en traitement des eaux de l'Université Laval. L'un et l'autre donnent des cours au dojo du PEPS.
— Université Laval, Yan Doublet
Pour en apprendre sur soi-même
Chacun des groupes d'art martiaux du PEPS compte 10 à 25 personnes environ. Toutes les catégories d'âge sont représentées. Les enfants optent souvent pour le karaté ou le judo. Selon elle, tous les types corporels ont leur place dans un dojo, de la petite personne délicate au grand gabarit de joueur de football. «La personne qui a moins de force physique, dit-elle, doit travailler intelligemment. Il faut apprendre à travailler la technique, avec le mouvement de l'adversaire, dévier sa force, le renverser et l'amener au sol.»
Pourquoi choisir un art martial? «En bref, répond-elle, un art martial permet d'en apprendre beaucoup sur plusieurs dimensions de soi-même.»
Selon Marrie E. Bathory, dans un art martial, il y a un aspect de développement personnel – tant sur le plan de la santé physique que mentale, si on pense au côté méditatif de la pratique –, mais également une rencontre – avec la personne avec qui on pratique et avec le groupe. Cette pratique teinte plusieurs facettes de la vie personnelle et même professionnelle. «On n'y fait pas que suer: on canalise le négatif, le stress, les frustrations, comme le positif, même la joie», souligne-t-elle.
«Pour faire ses premiers pas sur un tatami, poursuit-elle, je crois qu'il faut d'abord une curiosité, une ouverture. Pour y rester, il faut certainement de la persévérance.»