La série Mille mercis vise à reconnaître l’engagement de membres de la communauté universitaire et à leur témoigner de la gratitude. L’engagement peut prendre diverses formes. Il peut se manifester par une implication environnementale ou sociale, par un esprit d’équipe unique, par de la bonne humeur contagieuse et un dévouement envers des collègues, par des projets visant l’équité, la diversité et l’inclusion, par des idées novatrices ou des réalisations remarquables pour améliorer la vie sur le campus. Il se retrouve aussi bien chez les étudiants que parmi les membres du personnel. Si vous connaissez des «perles» dont l’engagement mérite d’être mis en valeur, écrivez-nous à nouvelles@ulaval.ca.
Plus de 2300 étudiants de quelque 80 nationalités habitent dans les résidences étudiantes du campus. Beaucoup d'entre eux quittent pour la première fois leur famille, voire leur pays, et doivent s'adapter à un milieu d'études et de vie différent. Heureusement, ils peuvent compter sur la bienveillance du contremaître-superviseur Malick Cissé, qui est toujours là pour les épauler. Le soir et la fin de semaine, il arpente les quatre résidences étudiantes pour s'assurer qu'il n'y a pas de problème de maintenance dans les bâtiments ou de violation des règles par les étudiants. Surtout, il se soucie que tous les résidents se portent bien.
«Au Service des résidences, on ne fait pas que louer des chambres. Dans notre mission, il est mentionné qu'on doit fournir un milieu de vie qui est propice à la réussite. Bien sûr, ça sous-entend “réussite scolaire”, mais la réussite, c'est plus général que ça et c'est lié au bien-être. Créer des milieux de vie agréables, accueillir et intégrer les étudiants de l'international, discuter et écouter des étudiants qui ont des problèmes, les référer aux bonnes ressources, tout ça, ça fait partie de notre mission. Et Malick est quelqu'un qui a à cœur le bien-être des résidents», affirme David Sparrow, directeur adjoint de l'administration et des infrastructures du Service des résidences, qui ne tarit pas d'éloges sur le travail et la personnalité de Malick Cissé.
Déposer ses valises dans l'aile B
D'origine sénégalaise, Malick Cissé débarque à Québec en 2003, après des études universitaires de premier cycle à Rio de Janeiro. Il est alors inscrit au MBA en gestion internationale à la Faculté des sciences de l'administration et habite dans l'aile B du pavillon Alphonse-Marie-Parent. Rapidement, il se trouve un emploi étudiant au Service des résidences.
«J'étais auxiliaire administratif et je faisais du travail d'appoint, autant dans l'administration que dans l'entretien. C'était agréable de travailler dans les résidences. J'aimais l'atmosphère cordiale et internationale qui y régnait. Il y avait une belle symbiose entre les communautés, une symbiose qui est encore là aujourd'hui», déclare Malick Cissé, qui appréciait tant son travail qu'il avait confié à l'ancien directeur, lors d'un simple bavardage, qu'il ne lui déplairait pas d'occuper éventuellement un emploi à temps plein au Service des résidences. «Il y aura toujours de la place pour toi ici», lui avait-on alors répondu.
Après quelques années à l'Université Laval – où il a obtenu, en plus du MBA, un autre diplôme de 2e cycle en gestion du développement international et de l'action humanitaire – Malick Cissé part pour le Mali comme coopérant volontaire.
Faire ses classes
C'est à son retour, en quête d'un emploi, qu'il reprend contact avec le Service des résidences. En 2011, il est engagé comme préposé à l'entretien. On lui propose ensuite d'être assistant-chef d'équipe, puis chef d'équipe.
«Je n'oublierai jamais ce que je dois à mon ancien chef d'équipe. Lorsqu'il est parti à la retraite, il a dit aux patrons: “Vous ne pouvez pas trouver meilleur chef d'équipe que Malick.” Ils ont choisi de me faire confiance, même s'il y avait des personnes plus âgées et plus expérimentées que moi dans l'équipe», raconte Malick Cissé, avec reconnaissance.
«J'ai gravi les échelons un à un, ajoute-t-il. À chaque étape, je ne suis pas resté les bras croisés. J'ai travaillé fort pour prouver que je méritais la promotion. Je suis fier de mon parcours, de travailleur étudiant à employé du SEUL [Syndicat des employés et des employées de l'Université Laval] puis à professionnel.»
Aujourd'hui contremaître-superviseur, il est appelé à appuyer l'équipe de direction pendant les heures mortes. «Au Service des résidences, les employés de l'administration travaillent de jour, du lundi au vendredi. Or, les problèmes surviennent souvent le soir et la fin de semaine. C'est moi qui prends alors la relève. C'est important que les étudiants puissent parler à un responsable aussitôt qu'un problème survient. On fait immédiatement le suivi. Autrefois, quand j'étais résident, si on avait un problème, on devait attendre le lendemain», explique-t-il.
Mettre son expérience au service des autres
Les petits et grands tracas de la vie en résidence sont variés: porte défectueuse, perturbation sonore, chicane entre résidents, dégât d'eau… Par chance, Malick Cissé est un homme de solutions, très débrouillard et rempli de bon sens. «Un soir, il y a eu un important dégât d'eau au pavillon Ernest-Lemieux. Malick a tout géré. Il a appelé les gens compétents, fait le tour avec les plombiers, sécurisé la zone, puis il a rencontré les résidents les plus affectés pour les rassurer», rapporte David Sparrow, qui insiste sur la débrouillardise, et surtout l'empathie, dont fait preuve Malick Cissé en toutes circonstances.
Ce n'est pas pour rien que plusieurs résidents insistent pour lui parler, à lui, quand ils veulent voir un responsable. «On envoie parfois Malick parler aux mécontents parce qu'il est calme, qu'il a l'esprit ouvert et qu'il inspire la confiance. Il réussit toujours à établir le dialogue», relate David Sparrow.
Il est vrai que Malick Cissé, en plus d'être un homme à l'écoute des autres, fait aussi figure de confrère pour plusieurs étudiants en résidence. Ancien résident lui-même, Africain, musulman et polyglotte – il parle couramment le français, l'anglais, le wolof, le portugais et l'espagnol –, plusieurs se retrouvent un peu en lui. «J'essaie de m'adapter à mes interlocuteurs. Tout n'est pas interprété de la même façon dans toutes les cultures. Et je leur fais voir que je suis déjà passé par leur situation. Par exemple, des étudiants de l'international sont parfois stressés parce que le renouvellement de leurs documents de séjour tarde. Je les rassure. Ça m'est arrivé. C'est parfois long, mais les choses finissent par se régler. D'autres étudiants me remercient de les avoir mis en relation avec l'administration des résidences, ce qui leur a permis d'obtenir un emploi à temps partiel. Pourtant, je ne fais que redonner au suivant. Moi aussi, un jour, quelqu'un m'a aidé à rencontrer l'administration», témoigne-t-il avec humilité.
Le contremaître-superviseur s'occupe aussi d'aider matériellement les nouveaux arrivants. Quand des résidents quittent leur chambre, ils sont invités à faire don de ce qu'ils ne peuvent ou ne souhaitent pas emporter avec eux. Manteaux, tuques et bottes, par exemple, sont amassés dans un local, où les étudiants de l'international peuvent aller se servir, au besoin, lorsque la saison froide arrive. «Je comprends les besoins des étudiants de l'international et j'essaie de les combler au mieux. Je conseille ces étudiants et les soutient d'après ma propre expérience et j'ai l'impression d'être utile, ce qui est très gratifiant», soutient le contremaître-superviseur.
Rester à l'affût de la détresse
Toutefois, selon Malick Cissé, le plus grand défi dans son travail demeure la détresse psychologique et les troubles mentaux. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il se fait un devoir de se promener le soir dans les résidences. Bien sûr, ses tournées permettent aussi de dissuader les résidents de boire à outrance ou de faire trop de bruit, mais ce n'est pas le plus important. Les gens qui sont en détresse psychologique marchent parfois seuls ou ont des comportements bizarres. «Quand j'ai un doute, je vais parler avec les résidents, leur demander comment ils vont. Il faut aller à la rencontre des gens pour déceler la détresse», souligne avec empathie Malick Cissé.
Récemment, un étudiant devait quitter sa chambre, mais demandait sans cesse des délais. «Je suis allé le voir dans sa chambre à deux reprises. J'ai remarqué qu'il ne s'était pas changé entre les deux visites, que ses propos étaient incohérents. J'ai vu qu'il semblait très perdu. La direction du Service des résidences a appelé ses parents en Europe, et son père est venu le chercher. Que se serait-il passé si je ne m'étais pas déplacé pour aller le rencontrer en personne?», se demande Malick Cissé, qui prend très au sérieux son rôle de premier répondant. «Nous pouvons, ajoute-t-il, orienter les étudiants vers les bons services. C'est très valorisant de constater que, parfois, on donne un second élan à une vie.»
Promouvoir l'ouverture aux cultures et l'apprentissage continu
Ce que Malick Cissé apprécie le plus dans son travail, c'est le mélange interculturel que génère la vie en résidence. «Les différences culturelles, je trouve ça enrichissant et stimulant», s'exclame celui qui travaille tous les jours à promouvoir le dialogue et l'échange entre les résidents des diverses communautés.
Ce qu'il aime aussi, c'est que le Service des résidences l'a toujours appuyé dans ses autres projets professionnels et son envie de formation continue. «Dans les dernières années, j'ai eu des contrats comme consultant avec Managers sans frontières à l'Université Laval. Je suis aussi parti en Haïti comme consultant. J'ai donné des conférences et j'ai continué à me former. J'ai toujours valorisé mon parcours universitaire ainsi que l'expérience et les savoirs acquis par mes études. Mes patrons savent que j'ai d'autres compétences et je les remercie de me laisser la chance de m'épanouir, tout en continuant de me laisser la chance, aussi, d'aider les gens qui habitent en résidence. Tout cela est très gratifiant», conclut-il.
Mille mercis, Malick Cissé, pour votre contribution à faire des résidences des milieux de vie sécuritaires, ouverts à la diversité et bienveillants, qui favorisent la réussite des étudiants qui y habitent!
Témoignage
« Par sa personnalité, son parcours personnel et son poste, Malick est un médiateur naturel – et, disons-le, extraordinaire – entre les résidents et l’équipe de direction du Service des résidences. Il a une personnalité très rassurante et dégage une certaine sagesse. Il met toujours les gens à l’aise. Bref, il gagne facilement la confiance des étudiants. Par exemple, lorsqu’un résident commet une erreur, il peut parler avec Malick, qui n’est pas du tout intimidant. Ils essayeront de trouver des solutions ensemble. Le fait qu’il a été lui-même résident et étudiant de l’international encourage les résidents à s’ouvrir à lui. Ceux qui ont plus de difficulté à s’intégrer peuvent se tourner vers lui. C’est un bon ambassadeur à la fois pour le mode de vie québécois auprès des étudiants de l’international, et pour le respect des cultures auprès des Québécois.
Sa personnalité calme et posée est aussi appréciée des employés et de l’équipe de direction. Il est très débrouillard et toujours à la recherche de solutions. Tout le monde lui fait confiance. C’est aussi un homme d’équipe, qui valorise la collaboration et est toujours prêt à donner un coup de main à ses collègues. Même si certains nouveaux membres de l’équipe d’entretien n’ont pas connu Malick alors qu’il était chef d’équipe, il demeure une référence pour eux. Le respect qu’il suscite chez les anciens se transmet naturellement à la nouvelle cohorte.
Parfois, tout le bien qu’une personne apporte n’est pas si visible, surtout quand son rôle est de prévenir les problèmes, que ce soit en maintenance de bâtiment ou en bien-être psychologique. Quand rien ne se produit, c’est précisément parce que cette personne a très bien fait son travail, comme Malick. Mais ça ne fait pas les plus belles histoires à raconter. Pourtant, le rôle de Malick est très important au sein des résidences. Je l’ai souvent vu aider des étudiants pour qui les choses n’allaient pas bien. Il discute avec ceux qui sont isolés et malheureux, il essaie de les remettre sur une bonne trajectoire, il les réfère aux ressources compétentes. Bref, il renverse des situations qui auraient pu mal tourner… mais on ne le saura jamais, grâce à la grande humanité de Malick. »
David Sparrow, directeur adjoint de l’administration et des infrastructures au Service des résidences