Jonathan Côté-Brassard a longtemps caressé le rêve de devenir entraîneur de football au cégep. Après son baccalauréat en éducation physique et à la santé, cet ancien joueur de l'équipe de football Rouge et Or a voulu se donner de meilleures chances de concrétiser son rêve en s'inscrivant à une maîtrise en sciences de l'éducation. Toutefois, la vie lui réservait une surprise. Il a tellement aimé la recherche qu'il a décidé de changer ses plans. Aujourd'hui étudiant au doctorat, il envisage maintenant une carrière de professeur universitaire.
Son penchant pour la recherche ne l'empêche pas de s'impliquer à fond dans le développement d'un sport encore trop méconnu – même si celui-ci deviendra discipline olympique en 2028 –, le flag football. «Écrire une thèse, c'est stimulant pour moi. Par contre, mon engagement dans le flag football me permet de contribuer rapidement à des changements concrets dans la société», confie-t-il avec enthousiasme.
Un hasard de la vie
C'est un peu par hasard que Jonathan Côté-Brassard s'est engagé dans le développement du flag football. Pendant ses études de maîtrise, il a été appelé à donner le cours Didactique du flag football, ce qui a amené des filles à lui proposer d'être leur entraîneur. Celles-ci, de concert avec des étudiantes-athlètes d'autres universités québécoises, venaient de créer, un an auparavant, une ligue universitaire non officielle chapeautée par le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ). Le projet-pilote lancé en 2021 a été reconduit l'an dernier et les membres de la ligue universitaire de flag football travaillent fort pour obtenir une reconnaissance officielle du RSEQ.
«Les filles du club sont parties de rien. La première année, elles géraient seules l'équipe et prenaient elles-mêmes les décisions de jeu sur le terrain», raconte-t-il. En quête d'un œil extérieur pour leur stratégie de jeu, elles ont trouvé en Jonathan Côté-Brassard à la fois un conseiller précieux et un sincère admirateur. «Même si j'ai été nommé entraîneur, ce sont vraiment les joueuses qui sont le cœur de l'équipe. Que des athlètes prennent elles-mêmes en charge leur sport au niveau universitaire, c'est du jamais-vu! Moi, je me vois comme quelqu'un qui les accompagne», tient-il à ajouter avec modestie.
D'ailleurs, contrairement aux organisations sportives traditionnelles, le club de flag football est géré de façon collégiale. «Habituellement, l'entraîneur-chef dirige beaucoup de choses. Dans notre club, plusieurs décisions sont prises en groupe. Un comité exécutif formé de trois joueuses actives et de moi-même se réunit plusieurs fois par année. Les joueuses sont impliquées dans la gestion, le financement, les communications et le développement du flag football», explique-t-il.
Pour lui, cette façon de procéder est en adéquation avec ses propres convictions, car selon lui, le sport n'est pas qu'un exercice de santé. «C'est aussi un vecteur d'émancipation. Par exemple, on sait que les sportives ont plus de chances que les autres femmes d'occuper un poste de leadership», indique-t-il.
Le sport et ses retombées sociales
Seulement entraîner des athlètes, ça n'intéresse plus Jonathan Côté-Brassard. «Mon temps est limité, avoue-t-il. Je ne veux pas m'impliquer dans le coaching si cette implication n'a pas aussi une portée sociale. Je m'investis dans le flag football parce que c'est un sport à prédominance féminine et que je contribue ainsi à favoriser l'accès égal pour les femmes à des structures sportives de qualité.»
D'un commun accord, l'entraîneur et ses joueuses se sont donc activement engagés dans le développement du flag football à tous les niveaux scolaires.
Pour les jeunes du primaire, ils offrent des séances d'initiation dans des écoles et ont lancé, en collaboration avec le club de football Rouge et Or, la ligue de mini-flag Rouge et Or.
Pour ceux du secondaire, ils ont participé à la mise sur pied d'une ligue qui a commencé ses activités cette année. «C'est le plus gros départ de l'histoire du RSEQ de Québec et Chaudière-Appalaches pour un nouveau sport: 35 équipes féminines et 9 équipes masculines», dévoile avec fierté Jonathan Côté-Brassard. L'entraîneur et ses joueuses collaborent aussi étroitement avec l'organisme Fillactive. «Ça fait deux ans qu'on participe aux Célébrations Fillactive dans la région de Québec. On est aussi en train de former des ambassadrices pour aller dans les écoles et aplanir les obstacles à la pratique du sport chez les adolescentes», indique Jonathan Côté-Brassard.
Ne s'arrêtant pas là, l'entraîneur et les joueuses ont aussi contribué à la mise en place d'une ligue non officielle de flag football qui regroupe quatre cégeps de la région et ont créé une ligue intra-muros au PEPS.
Avec de tels états de service, il n'est guère étonnant que Jonathan Côté-Brassard ait reçu quelques distinctions. Lauréat du prix Personne alliée du 19e gala Femmes d'influence en sport au Québec, il a aussi remporté les honneurs de la catégorie Personnel engagé du dernier Gala de la vie étudiante. Au début d'octobre, il représentera d'ailleurs l'Université dans la même catégorie au gala Forces AVENIR.
L'éducation morale en éducation physique et sportive
Maintenant inscrit à la Faculté des sciences de l'éducation, Jonathan Côté-Brassard, avait d'abord commencé son doctorat à la Faculté de philosophie, lui qui a aussi étudié au 1er cycle dans cette discipline. «Ce qui m'intéresse surtout dans mes recherches, c'est l'aspect moral de l'acte sportif», explique le doctorant en psychoéducation qui développe, avec son directeur de thèse, Benoît Tremblay, l'approche par l'esprit sportif.
Avec cette approche, les chercheurs placent les jeunes dans des situations où ils doivent faire preuve d'esprit sportif. Par exemple, dans un match inéquitable, les jeunes doivent trouver des solutions pour atteindre l'équité.
Même si son projet de recherche l'emballe, l'étudiant mettra sa thèse sur la glace si une ligue universitaire officielle de flag football voit le jour. «Je me suis laissé prendre au jeu. Maintenant, j'aimerais solidifier ces projets qui me tiennent à cœur, même si je ne veux pas être entraîneur à long terme. Peut-être cinq ans? Ensuite, je laisserai ma place à une femme, parce que je pense que le sport féminin devrait être coaché par des femmes», conclut-il.
Milles mercis à Jonathan Côté-Brassard qui promeut plus d'équité pour les femmes dans le sport!
Pour en savoir plus sur les recherches de Jonathan Côté-Brassard, écoutez cet épisode de podcast et lisez son article.
Témoignage
«Dès l’entrevue pour le poste d’entraîneur, j’ai vu que Jonathan était un homme rigoureux et passionné. On l’a choisi parce qu’il avait des connaissances très élevées en flag football, ce qui est rare dans la région. On a eu raison. Au fil des ans, on a eu une belle progression au classement, grâce à son grand sens de la stratégie.
Au-delà de ses qualités d’entraîneur, il s’est beaucoup investi dans le développement du flag football dans la région. Ça lui a pris beaucoup de persévérance pour mener à bien des projets visant à augmenter l’accès à ce sport et sa popularité.
C’est aussi un homme de principe. Pour lui, l’équité dans le sport, c’est très important. De plus, il recherche toujours l’excellence. Comme il le dit si bien, tant qu’à se donner dans quelque chose, aussi bien se donner à fond.»
Anouk Grenier-Gagnon, étudiante en médecine, membre fondatrice et ancienne joueuse de l’équipe de flag football