Philippe Fait est né en Suisse, mais ses parents ont déménagé au Québec alors qu’il était encore enfant. À la fin de ses études secondaires sur la Rive-Sud de Québec, il décide de faire un diplôme d’études collégiales en sciences de la nature. Cette décision ne le mènera pas tout de suite à ce qui deviendra son choix d'études, la réadaptation. «J’ai fait une session en science politique à l’Université Laval, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas ce que je recherchais», admet-il. Il retourne alors au cégep, cette fois pour faire une technique en réadaptation physique au Collège François-Xavier-Garneau. «J’ai vraiment aimé ça. Je me suis orienté vers la réadaptation sportive et je traitais souvent des athlètes. C’est ce qu’il y a de bien à Garneau, tu peux choisir tes patients», explique-t-il.
Travailler avec cette clientèle lui donne la piqûre. Il décide alors d'aller étudier en thérapie sportive à l’Université Concordia. Peu importe si ce programme n’est offert qu'en anglais dans la province. «Quand je suis arrivé, il fallait que je travaille encore plus fort, car je n’étais pas parfaitement bilingue. Les deux premières sessions ont été plus difficiles», reconnaît-il. Sa formation technique lui donne toutefois une longueur d’avance sur certains étudiants. De plus, il a la chance de travailler à temps partiel en tant que thérapeute. «Quand tu travailles dans une clinique de réadaptation et que tu étudies là-dedans, tu peux appliquer directement ce que tu viens d’apprendre. Ça m’aidait dans mes études», explique-t-il.
Cette expérience lui permet d'établir des liens avec les gens dans le domaine et lui ouvre de nombreuses portes: il devient thérapeute sportif de l’équipe masculine de rugby du Québec pour les Jeux d’été du Canada en 1999, thérapeute au Championnat provincial de gymnastique en 2001 et 2002, et thérapeute pour l’équipe masculine de hockey du Québec lors des Jeux d’hiver du Canada en 2003. Il est nommé thérapeute sportif en chef pour Équipe Canada en hockey masculin U-18 en 2005, pour Équipe Canada lors du Championnat du monde de hockey junior de 2006 à 2008 et pour les Huskies de Rouyn-Noranda de 2002 à 2006. Depuis cinq ans, il est le coordonnateur des thérapeutes sportifs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.
Malgré plusieurs offres d’emploi, il poursuit sa formation en réadaptation aux cycles supérieurs. Il obtient une maîtrise en science clinique à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue en 2006 et il vient tout juste de terminer un doctorat en médecine expérimentale à Université Laval. Son sujet de thèse: les effets d'une division d’attention pendant le contournement d’obstacles fixes et mobiles chez des sujets ayant subi un traumatisme craniocérébral. Il poursuit maintenant des études postdoctorales dans le but de devenir professeur à Laval si l’occasion se présente. «Certains chercheurs font des travaux très intéressants, de la belle science, mais pour moi c’est important que ce soit de la recherche appliquée», précise-t-il. C’est pour cette raison qu'il a ouvert en janvier sa clinique privée pour le traitement des traumatismes crâniens légers à Québec.
Même si l’ouverture de la clinique semble coïncider avec le fait que les commotions cérébrales chez les sportifs occupent l'avant-scène de l'actualité, le thérapeute sportif en a eu l’idée lors de sa dernière année de doctorat. «J’en avais discuté avec un médecin de la région de Québec et il avait été tellement emballé qu’il s’est mis à en parler à plein de monde. Il y a eu un effet d’engouement. Des gens voulaient s’associer avec moi alors que l’idée était encore au stade embryonnaire», raconte-t-il.
Philippe Fait est conscient de l’importance qu’il peut avoir dans la vie de ses patients. Ayant toujours été sportif, lui aussi a eu son lot de blessures. «L’athlète a besoin de toi. S’il est blessé, sa vie est bouleversée. Prendre la personne au début de la blessure et faire la réadaptation avec elle pour ensuite la remettre au jeu, c’est super valorisant», lance-t-il.
En plus de l’ouverture de sa clinique, sa plus récente réalisation a été l’ascension en solo du camp de base du mont Everest et du mont Kala Pattar. Activité un peu casse-cou pour un thérapeute sportif? «L’alpinisme ne m’intéresse pas parce que c’est casse-cou! C’est une passion. Je veux constamment dépasser mes limites professionnelles et personnelles», conclut-il.