L’exposé de Tessy Bakary portait sur l’ensemble du continent africain. «Tous les pays d’Afrique étaient caractérisés par des régimes dictatoriaux, civils ou militaires, jusqu’à la fin des années 1980, a-t-il rappelé. À partir des années 1990, on a assisté à un processus de transition vers la démocratie qui s’est traduit par une extension progressive des libertés fondamentales, surtout du droit de vote.» Entre 1990 et 2006, 284 élections ont eu lieu en Afrique. «Cette intense activité, a poursuivi le conférencier, est le signe évident d’une démocratisation. Les élections ont-elles été transparentes? Je dis seulement qu’elles sont organisées et, en démocratie, c’est ça le plus important.» Le dossier des droits de la personne a, lui aussi, avancé. «C’est vrai qu’il continue à y avoir des arrestations arbitraires mais, malgré les rapports des organisations non gouvernementales occidentales (ONG), on peut dire que les choses progressent, et plus rapidement qu’on le pense, a soutenu Tessy Bakary. On a aussi assisté, depuis le début des années 1990, à une recrudescence de la fréquentation des tribunaux. Les gens ont redécouvert le système de justice.»
La Fondation Mo Ibrahim
Le mois dernier, la Fondation Mo Ibrahim, du nom d’un homme d’affaires milliardaire d’origine soudanaise, a remis le Prix Mo Ibrahim à l’ancien président mozambicain, Joaquim Chissano. Ce prix individuel assorti d’une bourse de 5 millions de dollars US récompense chaque année un dirigeant politique africain qui s’est distingué par sa bonne gouvernance. L’organisme a également publié son Index pour la bonne gouvernance en Afrique subsaharienne. Les données ont été fournies par l’ONU et par des ONG comme Transparency International et Freedom House. L’Île Maurice, les Seychelles, le Botswana, le Cap-Vert et l’Afrique du Sud viennent en tête de liste parmi 48 pays. «Sur le plan de la transparence, de la responsabilité, de l’imputabilité, a souligné Tessy Bakary, l’Afrique a fait d’énormes progrès. Beaucoup de choses bougent.»
À Kinshasa, la capitale d’environ 7,5 millions d’habitants de la République démocratique du Congo, on compte actuellement une cinquantaine de chaînes de télévision. Et les stations de radio ainsi que les journaux abondent. «Ce n’est pas toujours du très bon journalisme, a expliqué Tessy Bakary. On voit beaucoup d’attaques personnelles. De nombreux hommes importants ont leur station de radio, de télé ou leur journal. Mais c’est déjà une chose extraordinaire le fait que les citoyens peuvent s’alimenter à plusieurs médias qui leur offrent des manières différentes d’interpréter l’activité politique dans leur pays.»