
Grand gestionnaire, humaniste et ambassadeur du mouvement coopératif, Alban D’Amours a incarné une vision où la performance économique s’allie à la responsabilité sociale.
— Faculté des sciences sociales
Alban D'Amours, père de la rectrice de l'Université Laval Sophie D'Amours, est décédé le 9 novembre. Bâtisseur d'une société plus solidaire au Québec et au-delà, ce diplômé de l'Université Laval a mené une brillante carrière marquée par son engagement pour le service public, le bien commun et la coopération.
«Il avait une volonté inépuisable de contribuer à sa façon au développement économique, social, communautaire et culturel du Québec. Philanthrope, il souhaitait un Québec fort, visionnaire, solidaire et généreux. Il a toujours été un défenseur de la place des femmes dans l'espace public, en débutant par nous, ses filles et son épouse», a indiqué Sophie D'Amours, en parlant d'elle, de sa sœur Geneviève et de sa mère Denise.
Alban D'Amours est né en 1940 dans le village de Sainte-Françoise, dans le Bas-Saint-Laurent. «Très tôt dans la vie, j'ai senti le poids de la guerre tant en termes de contraintes imposées à mon père, d'abord industriel et marchand général par la suite. Rapidement, j'ai senti l'inscription de la notion de solidarité dans mon ADN. J'ai grandi dans un petit village où le voisinage te façonnait et t'invitait à penser à l'autre», écrit-il dans ses notes biographiques fournies par la famille.
Titulaire d'une maîtrise en économie de l'Université Laval, obtenue en 1965, il a mené des études doctorales à l'Université du Minnesota en finances publiques, théorie fiscale et économétrie.
Une carrière en trois chapitres: université, gouvernement, Mouvement Desjardins
Professeur à l'Université de Sherbrooke pendant 12 ans, Alban D'Amours a notamment été directeur du Département d'économique. Il a présidé à la création de l'Institut de recherche et d'éducation pour les coopératives (IRECUS) à l'origine d'une maîtrise en coopération, une première dans le réseau universitaire du Québec. «Au cœur de ma tâche, l'enseignement m'a comblé. J'ai pu transmettre à mes étudiantes et étudiants le goût d'apprendre», révèle-t-il dans ses notes biographiques.
En 1981, il a quitté le milieu universitaire pour joindre la fonction publique québécoise, comme sous‐ministre au ministère du Revenu, puis sous‐ministre associé au ministère de l'Énergie et des Ressources. Il a d'ailleurs conservé un intérêt pour le débat public et s'est prononcé sur de nombreux enjeux en publiant des lettres ouvertes, comme celle sur les défis de Santé Québec en juin dernier.
D'abord membre du conseil d'administration de la caisse Desjardins des fonctionnaires du Québec, Alban D'Amours a ensuite intégré le Mouvement Desjardins en tant que premier vice-président à la Confédération des caisses Desjardins en 1988. En 1994, il est devenu inspecteur et vérificateur général, avant d'être élu président et chef de la direction en 2000, poste qu'il a occupé jusqu'en 2008. «J'y ai retrouvé le fil conducteur de ma vie professionnelle, celui qui menait vers l'autre et les intérêts collectifs: le modèle coopératif et son impact sur les collectivités», confie-t-il dans ses notes biographiques.
Quelques années plus tard, il a résumé ce chapitre important de sa vie dans son livre Le coopératisme, un antidote aux dérives du capitalisme: réflexions ancrées dans mon parcours chez Desjardins, aux Presses de l'Université Laval.
Durant sa carrière, il a présidé plusieurs commissions gouvernementales et comités d'experts sur la fiscalité et le financement public et l'énergie, et récemment sur l'avenir du système de retraite québécois. Alban D'Amours a également siégé à de nombreux conseils d'administration, notamment ceux de l'Alliance coopérative internationale, du Groupe femme, politique et démocratie (GFPD), de la Fondation Lucie et André Chagnon et de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Il a aussi été président fondateur du Centre hospitalier universitaire de Québec et vice-président de l'Association des hôpitaux du Québec.
De nombreuses distinctions
Reconnu comme un pionnier du développement du modèle d'affaires coopératif au Québec et à l'international, il a reçu de nombreuses distinctions. En 2000, il a été nommé Personnalité de l'année, dans la catégorie affaires, au gala Excellence de La Presse et Personnalité financière de l'année par la revue Finance et Investissement en 2002. Alban D'Amours a également reçu le titre de Grand officier de l'Ordre national du Québec en 2008. Il a été membre de l'Ordre du Canada, de la Légion d'honneur et de l'Ordre du mérite coopératif canadien et québécois. Il a aussi été récipiendaire d'un doctorat honorifique de l'Université du Québec et de l'Université de Sherbrooke, du prix Dimensions décerné par l'Ordre des administrateurs agréés du Québec et médaillé des Gouverneurs.
L'Université Laval a aussi célébré ce diplômé d'exception en lui remettant une médaille Gloire de l'Escolle, décernée aujourd'hui sous le nom de prix Grand diplômé par la Direction de la philanthropie et des relations avec les diplômées et diplômés, et la médaille Georges-Henri Lévesque, une reconnaissance de la Faculté des sciences sociales.
Reconnaissant envers son alma mater, Alban D'Amours a permis la création de la Chaire de leadership en enseignement Alban-D'Amours en sociologie de la coopération, en 2018, grâce à un don important. L'objectif de cette chaire est de contribuer à l'analyse et à la réflexion sociologique sur la coopération et l'apport du modèle coopératif au développement de la société.

Le lancement de la Chaire de leadership en enseignement Alban-D'Amours en sociologie de la coopération a eu lieu le 17 octobre 2018 en présence de Robert Beauregard, alors vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes, d'Alban D'Amours, donateur, de Sophie D'Amours, rectrice de l'Université Laval, de François Gélineau, alors doyen de la Faculté des sciences sociales, et de Dan Furukawa Marques, titulaire de la CLE.
— Louise Leblanc
«Il y a certainement un lien très fort à faire entre la philanthropie et les valeurs du mouvement coopératif. Le don permet de contribuer à un effort collectif qui vise des bénéfices plus larges que les bénéfices individuels que l'on peut chercher à atteindre dans une société», avait-il souligné à ULaval nouvelles lors du lancement de la chaire.
«Homme bon, il a marqué nos vies par son engagement, sa générosité, sa sagesse et son amour inconditionnel envers ses proches. Sa présence restera à jamais gravée dans nos mémoires et dans celles de toutes les personnes qu'il a touchées, particulièrement chez sa deuxième famille, au Mouvement Desjardins», a souligné la rectrice Sophie D'Amours.

























