Fondée en 2017 à l'Université Laval par Michaël St-Gelais, aujourd'hui médecin de famille, et Antoine Mercier-Linteau, médecin de famille et ingénieur en informatique, la plateforme de transfert de connaissances en santé Wikimedica franchit un nouveau cap. Forts d'un partenariat avec l'Université Laval, annoncé ce printemps, les fondateurs de la plateforme voient grand et souhaitent faire de Wikimedica la référence pour les professionnels de la santé du Québec et de toute la francophonie.
Ce partenariat a pour objectif de promouvoir un accès libre et durable aux connaissances en santé, notamment en valorisant les résultats de la recherche et de l'innovation. Par exemple, Wikimedica permet aux professeurs et aux étudiants de l'Université Laval de positionner leur expertise en publiant des articles et de partager leurs travaux de recherche.
Une association gagnante, selon le Dr Mercier-Linteau. «Wikimedica fait rayonner l'Université Laval dans ses interactions avec ses différents partenaires. Parallèlement, l'Université offre à Wikimedica des occasions de croissance et de réseautage.» Pour continuellement enrichir le contenu de Wikimedica, l'équipe cherche activement à collaborer avec les membres de la Faculté de médecine et d'autres facultés en sciences de la santé. Les projets envisagés incluent la publication d'articles de synthèse sur les maladies et les médicaments ainsi que le développement de protocoles hospitaliers et d'outils d'aide à la décision clinique.
Par l'entremise de ce partenariat, les fondateurs espèrent aussi attirer l'attention des professionnels d'autres disciplines comme l'informatique et l'éducation.
Combler un manque
La création de la plateforme, inspirée des pages de type wiki, se voulait d'abord une réponse à certains déficits observés par le Dr Mercier-Linteau alors qu'il étudiait en médecine à l'Université Laval. «La médecine moderne est, depuis longtemps, trop complexe pour que toutes les connaissances qu'implique sa pratique puissent être stockées dans la tête des professionnels de la santé. Conséquemment, ces derniers doivent, dans leur quotidien, mettre à jour leurs connaissances afin de garantir à leurs patients des soins de qualité.»
Auparavant, les professionnels du milieu de la santé devaient puiser leurs informations dans des bases de connaissances ou des plateformes numériques souvent coûteuses, fermées (non éditables par les utilisateurs), en anglais et construites selon des processus éditoriaux dépassés, expose le Dr Mercier-Linteau. Créer Wikimedica, une source d'informations en santé gratuite, accessible à tous, en français et collaborative, était une solution qui répondait à tous les enjeux observés par le diplômé en médecine.
Initialement destinée aux étudiants et aux membres de la Faculté de médecine de l'Université Laval, et alimentée par eux, la plateforme Wikimedica a grandement évolué. Clientèle cible plus vaste, offre bonifiée et amélioration de certaines pratiques font partie des changements apportés. «Notre point de mire a été tourné vers les professionnels plutôt que les étudiants. Ainsi, la qualité des pages s'est grandement améliorée. Nous avons augmenté le nombre de médecins contributeurs et avons commencé la mise en place d'une formation continue sur la plateforme», résume le Dr Mercier-Linteau. Résultat? «Le trafic Web a dépassé le million de visiteurs uniques par année, si bien que nous avons été contraints de déménager de serveur récemment», affirme le cofondateur.
Une équipe complémentaire
Le développement conjoint de Wikimedica par des médecins et des informaticiens a permis d'intégrer rapidement l'intelligence artificielle (IA), qui est désormais présente dans plusieurs domaines et sphères de notre société. «Au tout début de sa création, nous avions entrevu l'avènement des IA en santé et compris l'impératif que ces IA s'alimentent de données en accès libre afin d'éviter l'effet "boîte noire", de garantir la traçabilité et la transparence de l'information médicale et d'empêcher notre système de santé publique de se faire déposséder de cette connaissance essentielle», explique le Dr Mercier-Linteau.
Outre son accessibilité pour l'IA, la plateforme est aussi pensée pour les usagers d'un point de vue ergonomique, poursuit-il. «Nos pages sont construites pour donner les réponses dont les cliniciens ont besoin au chevet de leurs patients.»
Poursuivre l'ascension
Pour réaliser ses ambitions, l'équipe de Wikimedica connaît bien les facteurs de succès. En plus de l'augmentation du nombre de contributeurs à la plateforme, les capitaux et les partenariats sont essentiels. «Nous souhaitons obtenir davantage de financement pour accélérer le déploiement et l'évolution du projet. Le travail sur les fonctions d'IA a déjà débuté, mais ce genre de technologies implique des investissements en recherche et développement. Finalement, nous aspirons à tisser des partenariats avec le système de santé et les hôpitaux. C'est pour eux et pour leurs patients que nous travaillons si fort à bâtir Wikimedica. Ce projet leur appartient et leur est destiné», conclut Antoine Mercier-Linteau.