13 mai 2025
Élisabeth Demers-Potvin obtient une bourse d'études Gates Cambridge
À compter du mois d'octobre, la professionnelle de recherche à l'Observatoire de la qualité de l'offre alimentaire de l'Université Laval entreprendra des études doctorales dans la prestigieuse université anglaise de Cambridge

Élisabeth Demers-Potvin
— Université Laval, Yan Doublet
Les choses se précipitent pour Élisabeth Demers-Potvin. Il y a environ un an, elle déposait son mémoire de maîtrise en nutrition. Peu après, elle entrait à l'Observatoire de la qualité de l'offre alimentaire de l'Université Laval comme professionnelle de recherche. Au mois de janvier dernier, dans une volonté de poursuivre ses études au niveau doctoral, elle posait sa candidature à l'une des 100 bourses Gates Cambridge offertes en 2025 aux étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs du monde entier. Il y a quelques semaines, elle apprenait avoir été sélectionnée pour une bourse d'études d'environ 370 000 dollars canadiens couvrant une période de 4 ans. Son doctorat se déroulera dans la deuxième plus ancienne université du monde anglophone, l'Université de Cambridge, au Royaume-Uni.
«Le processus de sélection est très rigoureux et concurrentiel», explique Élisabeth Demers-Potvin, dont la candidature a été retenue parmi plusieurs milliers de demandes. «Après avoir envoyé ma demande par écrit, qui comprenait la description de mon projet de recherche doctoral, poursuit-elle, j'ai fait une première entrevue en ligne avec des professeurs du département qui me concernait à Cambridge. La deuxième entrevue s'est faite avec le comité de sélection de la bourse Gates Cambridge.»
La candidature de la professionnelle de recherche comprenait plusieurs points forts. Durant sa maîtrise, elle a participé à des projets de recherche en nutrition. Elle a aussi effectué un stage de recherche en santé publique à Cambridge. Son projet de recherche doctoral, qui est axé sur la nutrition en santé publique au Royaume-Uni, a le mérite d'être très actuel. D'autres critères considérés par le comité de sélection sont les aptitudes au leadership et l'engagement social dans la communauté.
«Je me suis impliquée dans mon association étudiante et dans différents comités, rappelle-t-elle. Mon implication coup de cœur est la cuisine collective en nutrition de Mon équilibre ULaval, le programme de promotion de saines habitudes de vie à l'Université. Des étudiants venaient cuisiner et en apprendre plus sur la nutrition.»
Un intérêt qui remonte à l'enfance
Élisabeth Demers-Potvin n'hésite pas à parler de passion lorsqu'il s'agit d'alimentation. «Ce grand intérêt, dit-elle, remonte à mon enfance. Vers 5 ans, j'ai pris goût à cuisiner et à l'aspect humain de l'alimentation avec les repas en famille. Adolescente, j'ai développé un intérêt pour le lien entre alimentation et santé. Au baccalauréat, je me suis tournée vers la nutrition en santé publique. En santé publique, on a un impact à grande échelle sur la population, en particulier à travers des politiques publiques, comme l'instauration de taxes sur les boissons sucrées ou l'instauration de restrictions sur la publicité pour la malbouffe, c'est-à-dire les aliments peu nutritifs comme les croustilles.»
Deux grands défis de santé publique dans le monde sont l'augmentation des cas de diabète de type 2 et l'obésité. La professionnelle de recherche précise que ces problématiques se voient autant dans les pays en développement que dans les pays développés. «Dans les pays en développement, souligne-t-elle, on observe un double phénomène de sous-alimentation et de suralimentation parce que l'industrie alimentaire augmente ses efforts de publicité dans ces pays.»
Un mémoire sur la publicité des boissons sucrées
Dans son mémoire, la future doctorante a étudié l'exposition des enfants à la publicité des boissons sucrées dans 6 pays. Selon elle, et de façon générale, les politiques de la santé publique dans certains de ces pays restreignent ce genre de publicité, mais les limites de ces politiques signifient que les enfants y sont encore largement exposés, car l'industrie peut augmenter les publicités en dehors du champ d'application de la réglementation.
Elle rappelle que les politiques de la santé publique visent l'environnement alimentaire, soit tous les facteurs qui influencent nos choix alimentaires. Ces facteurs sont notamment l'accessibilité des aliments, leur prix ou la publicité. «On sait que ce ne sont pas les personnes qui font les choix individuels de s'alimenter de façon moins saine, c'est l'environnement qui vient vraiment influencer ces choix, affirme-t-elle. Le but visé est que l'environnement soit plus favorable à une saine alimentation.»
Élisabeth Demers-Potvin entreprendra son doctorat au mois d'octobre prochain. Le même mois, le gouvernement britannique donnera le feu vert à l'instauration de nouvelles restrictions à la publicité sur les aliments peu nutritifs, à la télé comme en ligne. «La nouvelle politique publique britannique, soutient-elle, a vraiment un potentiel de restreindre l'exposition de toute la population. Par exemple, les nouvelles restrictions interdiront les publicités à la télé entre 5h30 et 21h. C'est intéressant parce que ce sont les adultes qui ont la responsabilité de faire l'épicerie et qui font les choix alimentaires.»
Durant son doctorat, la chercheuse québécoise étudiera les changements qui ne manqueront pas d'être apportés par les publicitaires aux stratégies commerciales entourant les aliments peu nutritifs dans le pays. Selon elle, les résultats de sa recherche pourront aider à raffiner la politique britannique en la matière, en plus d'informer les décideuses et décideurs politiques d'autres pays sur la façon de mettre au point des restrictions complètes à la publicité sur les aliments peu nutritifs.
Le programme de bourses Gates Cambridge a vu le jour en l'an 2000 grâce à un don de 210 millions de dollars américains de la Fondation Bill et Melinda Gates à l'Université de Cambridge. Depuis 2001, plus de 2000 étudiantes et étudiants en provenance de plus de 100 pays ont bénéficié de ces bourses.