«La lecture de documents anciens comme des actes notariés, des journaux et des photographies ainsi que la superposition de cartes anciennes laissaient supposer la présence d’un bâtiment sous le stationnement où nous avons fouillé, raconte la professeure Bain. Un des objectifs principaux de la fouille était de localiser ce bâtiment à vocation agricole, de le fouiller et de le documenter. Les documents écrits nous font comprendre qu’il aurait appartenu à la famille Anderson durant tout le 19e siècle.»
Les fouilles ont permis de localiser la maison des Anderson, et ce, malgré l’absence de restes des fondations du bâtiment. Selon Allison Bain, il est possible que les fondations aient été arrachées et retirées du site dans les années 1970, au moment de la destruction de la maison, dans le but d’aménager une aire de stationnement. «Cela, dit-elle, nous laisse face à une grande tranchée, comblée de sable, qui correspond à l’emplacement de la maison. C’est comme si nous avions son négatif.»
Le professeur Thierry Petit connaît bien l’île de Chypre. Depuis des années, ce spécialiste de l’archéologie grecque et de l’archéologie romaine y retourne chaque été afin d’y poursuivre des fouilles dans les ruines du palais royal d’Amathonte, une très ancienne cité-État située en bord de mer. Ce site est géré par l’École française d’archéologie d’Athènes.
«J’ai fouillé l’endroit pendant 12 ans avec mes étudiants, explique le professeur. Nous sommes maintenant en phase d’étude. Juste en céramique, nous avons exhumé un matériel énorme. Il faudra quelques années pour en venir à bout.»
Certains des fragments dont il est question proviennent de pièces importées de Grèce, dont des vases à figures rouges et à vernis noir. Certaines pièces seraient antérieures au 8e siècle avant Jésus-Christ.
La petite équipe de l’Université Laval a séjourné sur l’île du 29 juin au 7 août. Thierry Petit était accompagné de quatre étudiantes, dont une de l’Université de Rennes.
Durant son séjour, le professeur s’est concentré sur l’aspect architectural du palais royal. «Cette construction, dont le dernier état remonte aux 5e et 4e siècles avant Jésus-Christ et dont il reste d’imposants murs de pierre, a été érigée sur les vestiges d’un premier édifice remontant au 11e siècle», dit-il. Thierry Petit a consacré une partie de son temps à des fragments de tuiles du type corinthien peintes de couleur rouge. «Nous avons quelque 250 fragments, un volume exceptionnel pour l’époque, souligne-t-il. Ce type de tuile serait parvenu à Chypre au 6e siècle avant notre ère.»
Le chantier-école international en archéologie historique du fort Saint-Jean, à Saint-Jean-sur-Richelieu, a pris fin cet été après cinq saisons de fouilles. Ce chantier était placé sous la responsabilité du professeur Réginald Auger. Sur place, le chargé de cours Stéphane Noël a encadré une équipe de 7 étudiantes de 1er cycle et d’un étudiant de 2e cycle. Ce dernier ainsi que deux étudiantes sont inscrits à l’Université Laval.
«Cette année, indique Stéphane Noël, nous avons ouvert une tranchée de 7 mètres sur 2 mètres. L’opération se situait à un peu moins de 50 mètres de la rivière. Les objectifs scientifiques consistaient à localiser, à fouiller et à délimiter un dépotoir découvert lors de la fouille de l’an dernier. Ce dépotoir serait associé à un fort britannique assiégé pendant 45 jours par l’armée américaine en 1775. L’année suivante, les Britanniques avaient repris le fort et l’avaient reconstruit et agrandi.»
Du 10 juillet au 11 août, les étudiants ont fouillé près de 15 mètres cubes à l’aide de truelles, de bêches et de pelles. Ils ont trouvé le dépotoir découvert en 2016 et ils l’ont fouillé. La découverte a permis de confirmer ses liens avec la reconstruction du fort en 1776.
«Des artefacts domestiques et militaires du dernier quart du 18e siècle s’y retrouvent en très grande quantité, poursuit-il. Ils permettront de mieux documenter l’alimentation et les habitudes de consommation des soldats qui ont occupé le fort durant cet important épisode de son histoire.»
L’étudiante Raphaelle Lussier-Piette est inscrite à la maîtrise en archéologie. Son mémoire porte sur l’habitation Loyola, un site archéologique colonial français situé en Amérique du Sud, plus précisément en Guyane française. De 1668 à 1763, l’habitation Loyola a servi de lieu de vie à des missionnaires jésuites et de lieu de production de sucre, de cacao, de café et d’indigo.
Du 24 juillet au 25 août, cinq étudiants répartis entre les trois cycles d’enseignement formaient l’équipe de fouille. Le professeur Réginald Auger assurait la codirection du chantier. Cet été, les fouilleurs se sont penchés sur l’angle ouest de la terrasse de la maison des maîtres ainsi que sur la zone au-devant du bâtiment.
«Nous avons découvert de nombreux artefacts très intéressants et assez originaux, soutient Raphaelle Lussier-Piette. Ils témoignent à la fois de la vie des jésuites qui dirigeaient l’habitation et de celle des esclaves qui vivaient sur le site. Nous avons également localisé les niveaux de circulation et mis à jour les murs de soutènement des terrasses.»
En plus de la céramique et du verre, les fouilleurs ont retrouvé des objets en métal plus anodins, comme une poignée de meuble, un robinet servant à actionner une petite fontaine ou encore une série de petits anneaux en cuivre. «La présence des esclaves, ajoute-t-elle, est principalement attestée par la découverte de pipes afro-guyanaises, fabriquées par ceux-ci pour leur usage personnel.»
Le chargé de cours Michel Plourde et quatre étudiants du baccalauréat en archéologie ont passé presque tout le mois d’août, dans un boisé de Saint-Augustin-de-Desmaures, à remuer la terre sur un emplacement occupé il y a plus de 3 000 ans par des Amérindiens. L’endroit est situé près d’un lac, au sommet d’une petite butte. «Le campement a dû être de petite taille, explique l’archéologue. Il a peut-être été occupé une ou deux fois. De plus, il est situé dans un environnement qui n’a pas été perturbé par les labours.»
Le site a été découvert en 2010. Cet été, l’équipe de fouille s’est concentrée sur une parcelle de 20 mètres carrés. Elle a mis au jour plus de 3 000 éclats de pierre taillée. Aux temps préhistoriques, ces fragments une fois amincis servaient à fabriquer des grattoirs ou des perçoirs pour les peaux d’animaux. On s’en servait aussi pour la confection de couteaux et de pointes de flèche. Les fouilleurs ont également exhumé une demi-douzaine de préformes servant à la fabrication de ces couteaux et flèches.
«Nous n’avons trouvé aucun outil de pierre fonctionnel ni aucun ossement provenant d’animaux ayant été consommés sur place, souligne Michel Plourde. C’est assez surprenant. Ma première hypothèse est que les occupants ont fabriqué des préformes qu’ils ont finalisées sur d’autres sites. Mon autre hypothèse, et je m’y attendais, est que les occupants n’ont mangé que du poisson, vu la proximité du lac. Comme les arêtes de poisson se dégradent dans le sol après quelques années seulement, cela expliquerait l’absence d’ossements culinaires.»
La doctorante en archéologie Laurence Ferland a fait flèche de tout bois cet été. Du 15 mai au 3 juin, elle a pris part à un inventaire archéologique, réalisé par une firme privée, le long de la promenade ainsi que sur divers terrains privés adjacents de la municipalité gaspésienne de Percé. Un autre étudiant de l’Université Laval participait au projet. L’équipe de fouille a principalement mis au jour des structures associées aux activités de pêche au 19e siècle, dont des fondations d’un bâtiment. On a aussi découvert un puits ainsi qu’une pointe de projectile en pierre de type Plano. «La culture Plano correspond aux premiers groupes humains qui se sont installés sur le territoire tout juste après la déglaciation, entre 10 000 et 8 000 ans avant aujourd’hui, indique l’étudiante. Cette culture était très présente dans la partie nord de la péninsule gaspésienne.»
Après la Gaspésie, Laurence Ferland a enchaîné avec la Côte-Nord. Du 21 juin au 28 août, avec trois étudiants de l’Université Laval, elle a travaillé au chantier hydroélectrique de la Romaine. Des fouilles archéologiques se tiennent à cet endroit depuis 2004 sous la responsabilité d’une firme privée. Pour cette campagne de fouille, la dernière, l’équipe a fait porter ses efforts sur un important site de portage et sur un site que l’on suppose de campement. «Il est possible de dire que ce dernier site a été visité durant la préhistoire tardive ainsi qu’au 19e siècle, précise l’étudiante. Un atelier de taille de pierre a été découvert à cet endroit.»
Depuis le 5 septembre et jusqu’au 15 octobre, Laurence Ferland poursuit son projet de recherche doctoral en Bulgarie au sein d’une équipe d’archéologues.
L’étudiant Jean-François Guay nettoie les vestiges d’un pot en céramique découvert sur le site de l’habitation Loyola, en Guyane française.
Photo Solène Mallet-Gauthier
À Chypre, Élianne Gravel et Sarah Lambert classent et restaurent la céramique chypriote découverte sur le site du palais d’Amathonte.
Photo Méganne Tremblay
Le professeur Thierry Petit debout sur des vestiges architecturaux du palais d’Amathonte.
Photo Élianne Gravel
L’équipe du chantier-comprenait notamment chantier-école 2017 au fort Saint-Jean, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Celle-ci comprenait notamment trois étudiantes américaines.
Photo Musée du Fort Saint-Jean
À proximité du chantier hydroélectrique de la Romaine, sur la Côte-Nord, les étudiants Laurence Ferland et Olivier Lalonde, au premier plan, ont participé à l’étude du terrain situé en bordure de la rivière Romaine.
Photo Julie Fournier
Les étudiants Serena Hendrickx, Marjolaine Bisson et Dominic Drouin à l’oeuvre sur le site préhistorique du lac Saint-Augustin.
Photo Michel Plourde
Les étudiantes Laurence Ferland et Marie-Ève Morissette mettent au jour les vestiges d’un puits de la fin du 19e siècle à Percé, en Gaspésie.
Photo Roland Tremblay
Les étudiantes Raphaelle Lussier-Piette et Juliette Houde-Therrien à la suite de la découverte d’un objet de verre dans le quartier Limoilou.
Lavés et inventoriés en laboratoire, ces objets représentent presque tous les types d’artefacts découverts lors de la fouille du site de la maison des Anderson, dans le quartier Limoilou.