8 mai 2025
Athlètes par excellence en sport individuel et athlètes de l'année: Philippe Morneau-Cartier et Marie-Frédérique Poulin se racontent
Doublement couronnés au Gala Rouge et Or 2025, le coureur de fond et la sprinteuse parlent de passion, d'endurance, de persévérance et d'avenir

À gauche: le coureur de fond Philippe Morneau-Cartier le 26 octobre 2024 lors des Championnats provinciaux de cross-country à Saint-Lazare. À droite: Marie-Frédérique Poulin lors de la compétition Invitation du Rouge et Or le 7 décembre 2024 au PEPS de l'Université Laval.
— Christian Martin, Louis Charland
Le Gala annuel Rouge et Or s'est tenu le jeudi 1er mai à l'amphithéâtre gymnase Desjardins – Université Laval. Une trentaine d'étudiantes-athlètes et étudiants-athlètes étaient en nomination dans 10 catégories. Le coureur de fond Philippe Morneau-Cartier et la sprinteuse Marie-Frédérique Poulin se sont démarqués en récoltant individuellement 2 trophées, celui d'athlète par excellence en sport individuel et celui d'athlète de l'année. ULaval nouvelles a discuté avec eux de leur parcours et de leurs succès.
Philippe Morneau-Cartier incarne bien la notion d'excellence, autant comme étudiant au doctorat en médecine que comme sportif de haut niveau. Dans le cadre de ses études, il affiche une moyenne pondérée supérieure de 3,94. Comme coureur, il a remporté toutes les courses de cross-country auxquelles il a participé à l'automne 2024, un exploit qui lui a mérité le titre d'athlète par excellence de l'année, tant au Québec qu'au Canada.
Son meilleur temps en cross-country à l'automne 2024 a été de 23 minutes 19 secondes sur un parcours de 8 kilomètres dans le cadre des championnats nationaux.
«À la Faculté de médecine, les professeurs sont très compréhensifs quand vient le temps d'une compétition, dit-il. Je n'ai jamais eu à argumenter avec la Faculté quand j'ai dû m'absenter pour une compétition. Même chose si j'ai un examen.»
En athlétisme, l'année se subdivise en 2 saisons de courses de longue distance sur piste à l'extérieur comme à l'intérieur. Une troisième saison, l'automne, est réservée aux épreuves de cross-country. «Tout le monde fait le cross-country à l'automne, explique l'étudiant-athlète. Les parcours sont gazonnés et accidentés, et sont souvent des boucles de 2 kilomètres, pour des distances entre 8 et 10 kilomètres. Les plaines d'Abraham, à Québec, sont reconnues pour être un parcours assez difficile. Les côtes sont nombreuses et à pic.»
Un athlète avantagé par son cardio
Âgé de 24 ans, Philippe Morneau-Cartier a un passé de sportif polyvalent. «Dans mon village, à La Pocatière, j'étais toujours le meilleur dans les sports d'endurance, raconte-t-il, le cardio m'a toujours avantagé, par exemple quand il fallait faire de longues présences sur la patinoire au hockey. Au cégep, il a fallu choisir un sport en particulier. La suite logique m'a dirigé vers un sport purement d'endurance: la course à pied.»
L'étudiant-athlète fait 1,70 mètre. Selon lui, un athlète peut tirer son épingle du jeu, peu importe sa taille. «Dans les courses de longue distance, explique-t-il, les Nord-Américains et les Européens sont grands. Mais les Africains, qui dominent ce genre de courses, sont plus ou moins de ma taille.»
Ses succès, il les attribue à sa persévérance. «Depuis un bon 6 ans, souligne-t-il, j'accumule les bonnes semaines et les bons mois d'entraînement. Cette grosse base-là m'a permis d'arriver à ne perdre aucune compétition de cross-country en 2024, mais aussi en 2023. La course, c'est une question de talent, mais c'est aussi un peu un sport de travail.»
Son entraînement régulier consiste en 6 jours de course par semaine totalisant 120 kilomètres, en majeure partie du jogging.
L'an prochain, Philippe Morneau-Cartier terminera son parcours universitaire. «Je ne pense pas continuer la compétition sur la piste ni en cross-country, dit-il. Ce sera ma retraite de la compétition. À l'avenir, j'aimerais faire de la course en forêt, ce qu'on appelle “la trail”, de la course en sentiers.»
Franchir 10 haies en moins d'une minute
Marie-Frédérique Poulin a 26 ans. Cette spécialiste du «sprint long», soit 300 mètres et plus, poursuit des études de maîtrise en santé publique. L'automne dernier et cet hiver, elle a signé une saison sportive remarquable. Après avoir récolté 3 médailles d'or au Championnat provincial, elle a décroché 2 médailles de bronze au Championnat canadien au 600 mètres haies et au relais 4 x 200 mètres haies.
«Ce championnat canadien demeure l'un des beaux moments de ma carrière universitaire, peut-être ma plus belle réalisation, affirme-t-elle. Il faut savoir que les finales avaient toutes lieu la dernière journée. J'ai couru 3 courses en 2 h 30. C'était un beau défi que j'ai su relever. Ça a commencé par la finale individuelle où j'ai gagné le bronze. Ensuite, il y a eu 2 courses à relais. Avec mes coéquipières, j'ai gagné à nouveau le bronze dans un des relais. C'était vraiment un travail d'équipe. Ensemble, nous avons mis toutes nos forces dans la course pour accomplir quelque chose de beau.»
Le 400 mètres haies est la discipline favorite de l'étudiante. Dans ce sport particulier, une ou un athlète doit franchir 10 haies en un tour de piste. «Je le fais en bas d'une minute, indique-t-elle. Mon record sur cette distance est de 57 secondes. Mes enjambées entre chaque haie varient entre 16 et 18.»
La passion de courir, Marie-Frédérique Poulin l'a en elle depuis presque toujours. Vers 11 ou 12 ans, elle pratique plusieurs sports tout en participant à des compétitions d'athlétisme. Mais c'est à partir de 14 ou 15 ans, en vue d'une participation aux Jeux du Québec, qu'elle commence à s'entraîner plus sérieusement.
«J'ai découvert la course de haies à ces jeux, raconte-t-elle. C'est en faisant le 200 mètres haies que j'ai eu la piqûre, que s'est produit le déclic. J'ai gagné une médaille d'argent. J'aimais vraiment ça. J'ai aimé l'adrénaline. J'ai continué et j'ai amélioré ma technique. J'ai eu du succès, donc j'ai continué.»
Dire que l'étudiante aime beaucoup franchir les haies serait un euphémisme. Elle s'entraîne 3 jours chaque semaine, et ce, plusieurs heures par jour.
Selon elle, la course de haies est une discipline complexe qui exige beaucoup de coordination et qui peut ressembler à une chorégraphie. C'est un sport de vitesse et d'endurance.
«On reste dans notre corridor, mais il y a quand même de la stratégie durant la course, souligne-t-elle. Il faut s'adapter. Les conditions ne sont jamais les mêmes. Il faut faire beaucoup de calculs. On agit aussi par instinct.»
Deux années aux États-Unis
Ses études de maîtrise, Marie-Frédérique Poulin les a menées dans 2 universités différentes. D'abord aux États-Unis, pendant 2 ans à l'Université du Delaware, ensuite à l'Université Laval.
«Aux États-Unis, rappelle-t-elle, j'ai vécu le rêve de la NCAA, une expérience incroyable, avec mon sport, le 400 mètres haies. J'ai vraiment apprécié de compétitionner avec d'autres universités. Cela m'a forgée. Je suis revenue avec une discipline et de bons outils. J'ai adoré mon expérience là-bas. J'ai eu une super coach. Courir contre des filles à un niveau relevé pour les haies, ce n'est pas toujours possible au Canada. Là-bas, le calibre était relevé à chaque course.»
L'expérience américaine lui a fait prendre conscience de sa grande capacité d'adaptation. «Tout va vite, on compétitionne chaque fin de semaine, explique-t-elle. Il faut vraiment être résilient et être capable de s'adapter.»
L'étudiante-athlète vient de terminer sa dernière année de maîtrise. À l'automne, il ne lui restera que son stage à effectuer avant de quitter le milieu universitaire. Mais son aventure sportive n'est pas terminée pour autant. «Je ne serai plus universitaire, dit-elle, mais je compte continuer à pratiquer mon sport. Dans 2 semaines, je pars en camp de compétition en Europe. Mon but est de me qualifier pour les Championnats du monde, qui auront lieu au mois de septembre.»
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