26 mars 2025
Du coaching universitaire de haut niveau, un bagage pour la vie
Le Rouge et Or a 75 ans. Voilà l'occasion de revenir sur son riche passé, sur les membres de la communauté universitaire qui l'ont bâti et sur les performances de plusieurs étudiantes-athlètes et étudiants-athlètes. Ce dernier article d'une série de 4 met l'accent sur une entraîneuse-cheffe et 5 entraîneurs-chefs ayant donné ses lettres de noblesse au programme d'excellence sportive Rouge et Or.

Au-delà des exploits sportifs, les entraîneuses et entraîneurs de métier, comme Linda Marquis, font du recrutement et de l'enseignement. Sur le terrain, ce sont des leaders et des stratèges. Engagées et dévouées, ces personnes transmettent leur passion et inculquent des valeurs et des leçons de vie qui seront utiles aux étudiantes-athlètes et étudiants-athlètes sur et en dehors du terrain.
— Rémy Gendron
Durant 25 ans et plus, des hommes et des femmes ont consacré leur carrière à bâtir les équipes d'excellence du Rouge et Or. ULaval nouvelles revient sur le parcours de quelques figures de proue du sport universitaire.
Linda Marquis, basketball féminin
À la barre de l'équipe féminine de basketball Rouge et Or de 1985 à 2015, Linda Marquis a cumulé une fiche de 514 victoires et 300 défaites en 30 ans. Nommée entraîneuse de l'année au Canada à deux reprises, cette passionnée a mené le Rouge et Or à 14 titres provinciaux, dont une séquence inégalée de 11 titres en 12 saisons.

La carrière de Linda Marquis aux commandes de l'équipe féminine de basketball Rouge et Or aura duré 30 ans. Entourée de ses joueuses lors d'un temps d'arrêt dans un match en 2009, elle discute ici de la stratégie à adopter pour prolonger la fiche victorieuse de l'équipe.
— Université Laval, Yan Doublet
Selon elle, entraîner de jeunes femmes ne représentait pas de défis particuliers. «Je ne faisais pas de différence de genre, explique-t-elle. Je m'adaptais à chaque personne. J'essayais de trouver le meilleur en chacune, son potentiel selon sa nature et ses objectifs. Cela dit, c'est sûr qu'il y avait des aspects à considérer, ne serait-ce que physiologiques. En fait, je portais différents chapeaux. J'étais la mère par intérim ou bien une grande sœur. Mais je devais garder une certaine distance, parce qu'il fallait dire les vraies choses. Pas nécessairement pour faire plaisir. Plutôt pour faire grandir les joueuses.»
L'ex-entraîneuse-cheffe se dit particulièrement fière de la cohérence de ses actions vis-à-vis de ses valeurs. «Pour moi, souligne-t-elle, c'était important que les filles s'apprécient, qu'elles prennent confiance en elles par le sport. Ce qu'on faisait sur le terrain de basket les préparait pour l'étape suivante, notamment par la gestion des émotions, la prise d'initiatives sur le terrain, démontrer du leadership. On travaillait sur plein de facteurs.»
Son approche avec les joueuses était tout le contraire de la méthode dure. «Je n'étais pas le genre d'entraîneuse qui sort le fouet, soutient-elle. J'avais plus tendance à les faire réfléchir, à les rendre autonomes. Au début, ce n'était pas si simple. Les premières cohortes n'étaient pas habituées à ce type de coaching. Pour elles, ce n'était pas vraiment du coaching parce que je ne les faisais pas courir et parce que je ne criais pas.»
Linda Marquis coachait pour gagner. «J'essayais d'amener l'équipe le plus loin possible, indique-t-elle. Mais pas au détriment du développement global de la personne. Cela a toujours été ma philosophie.»
Durant sa carrière sportive, celle-ci a souvent parlé du «QI basket». Selon elle, ce sport spectacle ne consiste pas uniquement à courir vite et à «donner un show». «Il faut être athlète, mais il faut aussi prendre la bonne décision, affirme-t-elle. Il y a un plan de match, mais il faut lire la situation de jeu et s'ajuster rapidement.»
Pascal Clément, volleyball masculin
Cinq cent trente-huit victoires et 163 défaites. Tel est le dossier de Pascal Clément qui fut l'entraîneur-chef de l'équipe masculine de volleyball de l'Université Laval pendant 28 ans, soit de 1992 à 2020. En 1994 puis en 2013, ce passionné a mené son équipe au titre national. Ses joueurs ont également récolté 5 médailles d'argent et 2 de bronze en championnat canadien.

En 28 ans à la barre de l'équipe masculine de volleyball Rouge et Or, Pascal Clément a mené sa formation à 3 conquêtes du titre national. Sur la photo, il félicite ses joueurs après leur victoire au premier tour du championnat canadien universitaire de 2013. Ce gain allait mener le Rouge et Or aux grands honneurs.
— Université Laval, Yan Doublet
«J'ai eu d'excellentes équipes qui ont offert des performances exceptionnelles, dit-il. D'autres étaient plus en développement. J'ai réussi à faire un groupe performant en 1 ou 2 années. Mes 23 titres en conférence Québec font que presque tous les joueurs ont remporté le titre provincial durant ma carrière. Au total, j'ai fait 7 finales canadiennes. Cela veut dire qu'une année sur 4 mes équipes ont atteint la finale nationale. Ce n'est pas rien.»
Durant toute sa carrière, l'ex-entraîneur-chef a cultivé une mentalité de champion chez ses joueurs. «Je ne me souviens pas de les avoir entraînés sans cette mentalité, de garder cet esprit d'excellence, même si la victoire finale n'était pas cette année, explique-t-il. Même si on ne gagnait pas, il fallait maintenir ces hauts standards de qualité, cette discipline, ce cap.»
Du secondaire jusqu'à l'université et après au niveau senior, Pascal Clément, le joueur, était très compétitif. «Comme entraîneur, ajoute-t-il, j'étais dans le même esprit. J'aimais gagner. C'est une drive. J'aimais ce feeling-là qu'on compare souvent à une drogue, une dose d'adrénaline.»
Accompagner de jeunes adultes dans la poursuite de l'excellence pour atteindre un objectif difficile, et ce, dans un contexte étudiant, «c'est ce qui me manque le plus», dit-il.
En 1999, en Thaïlande, lors du championnat du monde de volleyball, l'équipe canadienne junior dirigée par Pascal Clément a terminé en cinquième place, soit la meilleure performance du Canada à ce jour dans cette catégorie en championnat du monde.
Samir Ghrib, soccer masculin
Samir Ghrib est une figure bien connue du soccer dans la région de Québec. En 2000, il était engagé comme entraîneur-chef de la nouvelle équipe masculine de soccer Rouge et Or. «Chaque fois que je rentre sur le campus de l'Université Laval, explique-t-il, je ressens toujours la même chose. Un sentiment de fierté de faire partie de la famille du Rouge et Or. C'est fantastique. C'est toujours la même magie.»

C'est notamment sous l'initiative de Samir Ghrib que le soccer masculin a fait son retour au sein de la grande famille Rouge et Or en l'an 2000. Dix ans plus tard, l'entraîneur-chef connaît la consécration quand son équipe remporte le premier championnat national de son histoire.
— René Baillargeon
L'entraîneur-chef aux 220 victoires, 128 défaites et 64 matchs nuls carbure à deux passions: celle de transmettre et celle de connaître. «C'est le sport qui m'apprend à me connaître et à mieux connaître l'autre, pour une harmonie, soutient-il. La passion est importante. Elle permet de faire face aux moments difficiles et de durer. Même les moments difficiles sont de beaux moments parce que c'est là où on apprend le plus et où on bâtit.»
Sa motivation est de voir l'épanouissement des joueurs comme de jeunes personnes. Sa mission, il la connaît bien. Elle consiste à développer des jeunes avec les valeurs saines et éducatives du sport. «C'est pour ça que je suis un éducateur dans l'âme», ajoute-t-il. Celui qui met la personne au centre de ses décisions croit qu'un coach doit être comme un père de famille. «J'ai compris cela lorsque j'ai eu des enfants, dit-il. Il faut être rigoureux et empathique, et rigide en même temps. Il faut que ce soit un mélange de tout ça.»
La victoire de ses joueurs au championnat canadien de 2009 est son plus beau souvenir en carrière. Cette année-là, Samir Ghrib avait été nommé entraîneur de soccer de l'année du sport universitaire canadien.
«Je n'aurais jamais pu vivre ma passion de cette façon, non-stop, je n'aurais pas pu avoir cette carrière sans ma conjointe qui me permet de me concentrer sur mon travail, indique-t-il. On appelle ça une équipe.»
Glen Constantin, football, Helder Duarte, soccer féminin et Dany Boulanger, plongeon
Trois autres personnes complètent la liste des entraîneurs-chefs ayant 25 ans de carrière à la tête d'une équipe du Rouge et Or. Il s'agit de Glen Constantin, qui est aux commandes du club de football depuis l'an 2000, Helder Duarte, qui a dirigé le club de soccer féminin de 1995 à 2019, et Dany Boulanger, entraîneur-chef du club de plongeon pendant 33 ans, soit de 1982 à 2015.

Les entraîneurs-chefs Helder Duarte, Glen Constantin et Dany Boulanger sur le terrain ou à la piscine.
— Université Laval, Yan Doublet, Steve Deschesnes et Plongeon Québec
En 25 ans de carrière, Glen Constantin a cumulé une fiche de 209 victoires et 41 défaites. Il est reconnu comme l'un des meilleurs stratèges du football universitaire canadien. Et pour cause. En un quart de siècle, il a conduit ses équipes à 12 reprises à la victoire finale en championnat canadien.
Durant son parcours de 24 ans, Helder Duarte a cumulé un dossier de 347 victoires, 93 défaites et 62 matchs nuls. Il a remporté deux championnats canadiens, en 2014 puis en 2016. Ses joueuses ont aussi remporté 8 titres provinciaux. L'ex-entraîneur-chef a reçu le titre d'entraîneur de l'année au pays en 2002 et 2015. Il est décédé en 2019 à l'âge de 56 ans.
Dany Boulanger a, pour sa part, entraîné nombre d'athlètes de qualité, dont une certaine Sylvie Bernier qui a participé aux Jeux olympiques de 1984.